SAINT URCIZE (Cantal) HISTOIRE DE CALICE

Publié le par culture

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A Saint-Urcize, très joli village de l’Aubrac dans le département du Cantal, de belles maisons des siècles passés entourent l’église avec son clocher à peigne et ses quatre cloches dont la plus petite, seule survivante des quatre fondues à la révolution, date de 1583. Elle a été entendue par toute la population mais surtout par les oreilles de deux victimes de la fureur révolutionnaire dont deux rues portent le nom : M. l'abbé Joseph Delbès, curé de Saint-Urcize, exécuté le 31 décembre 1793 à un mois de ses 39 ans et Maître Jean- Amans Vaissier, Maire de Saint-Urcize, notaire, ancien avocat au Parlement, exécuté le  7 juillet 1794 à l’âge de 45 ans,  tous les deux à Aurillac. L’abbé Joseph Delbès fut la première victime sacerdotale guillotinée d’Aurillac.

Une confusion existe avec un autre abbé Delbès, Pierre, qui fut guillotiné à Bordeaux le 3 avril 1794 à l’âge de 54 ans, natif de Saint Geniès (Dordogne), et prêtre à Saint Rémy dans l’Aveyron ; il  ne semble pas apparenté. Le crime de ces deux victimes ? L’abbé Joseph Delbès, prêtre réfractaire, est venu célébrer la messe de Noël interdite chez son ami et maire de Saint Urcize, Jean-Amans Vaissier pour sa famille et quelques paroissiens. C’est à l’issue de cette messe que l’abbé et son hôte sont arrêtés.

 

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Jean-Amans Vaissier est marié avec Catherine Ipcher ; ils auront 7 enfants. Catherine née en 1749, âgée de 45 ans à la mort de son mari qu’elle avait épousé à l’âge de 26 ans ; elle lui restera fidèle jusqu’à sa mort, en 1829 à l’âge de 80 ans.

Catherine Ipcher est la sœur aînée de l’abbé Pierre-Jean Ipcher (8 juillet 1761- 5 janvier 1846) et de Jean-Pierre Ipcher (1759 – 1838) qui, en première noce, épouse Marie-Françoise Saint-Pée d’Amon (née en 1774, décédée à Saint-Urcize le 18 novembre 1809 à l’âge de 35 ans). Il se remariera en 1817. Marie-Françoise a un frère prêtre aux environs de Nancy.

Pourquoi cette visite généalogique ? Parce que dans cette église un élément nous ramène à 223 ans en arrière, au matin du 21 janvier 1793 exactement.

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En effet, en dehors du Trésor qu’est la Présence réelle, quelques beautés (dont une belle Mise au tombeau), il y a une pièce d’orfèvrerie soigneusement conservée dans une vitrine blindée, dans la belle église du XIème siècle, là où se sont unis Catherine Ipcher et Jean-Amans Vaissier, mais aussi Jean-Pierre Ipcher et Marie-Françoise Saint-Pée d’Amon : un calice au revers duquel figurent les armes de la famille de Randon (Randon de Pully et non Châteauneuf-Randon) en argent et vermeil portant les poinçons d’un orfèvre parisien de 1713-1715 ; il aurait  été utilisé, selon la tradition, pour la célébration, par l’abbé Edgeworth de Firmont, de la dernière messe sur terre de Louis XVI au Temple.

Il aurait été donné à Pierre-Jean Ipcher, Curé de Saint-Urcize par l'abbé Saint-Pée d'Amon ; il proviendrait du confesseur du roi, l’abbé Henry Essex Edgeworth de Firmont, prêtre d’origine irlandaise, qui accompagna le souverain à l'échafaud le 21 janvier 1793.

Comment ce calice est-il arrivé chez l’abbé Saint Pée d’Amon ? Mystère.

En quelle circonstance  l’abbé Saint-Pée d’Armon en a fait don à l’abbé Pierre-Jean Ipcher ? Une théorie, affichée dans l’église,  qui ne semble pas être la bonne, évoque un cadeau pour la première messe de l’abbé Ipcher. Or celui-ci, né en 1761, a du être ordonné prêtre à moins de trente ans, peut-être en 1786, 1787 (l’âge moyen d’ordination étant de 25, 26 ans). Donc bien avant la messe matinale du 21 janvier 1793.

Ce cadeau n’aurait-il pas pu être fait par l’abbé Saint-Pée d’Armon,  à l’occasion de la messe de funérailles de sa sœur, Marie-Françoise Ipcher,  le 18 novembre 1809 et qui aurait pu être célébrée par l’abbé Ipcher devenu curé de l’église Saint Pierre - Saint Michel de Saint-Urcize ?

Pourquoi pas puisqu’il est dit que ce calice est arrivé à Saint-Urcize au début du XIXème siècle ?

Mais….. car il y a un MAIS :

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A Paris 2ème, dans le trésor de l’église Notre Dame des Victoires, il y a aussi un calice certifié (et non présenté au conditionnel) et classé comme étant LE calice utilisé par l’abbé Henry Essex Edgeworth le 21 janvier 1793 à 6 H du matin (horaire impératif pour que la messe soit terminée à 7 H afin que le condamné (le Roi) puisse être emmené à 8 H pour son exécution).

Il semble plus logique que, dommage pour les érudits de Saint Urcize, ce soit celui de Notre Dame des Victoires qui soit le vrai. Rappelons les faits :

Le 20 janvier pour le Roi tout s’est précipité ; il a appris sa condamnation (illégale) à mort, le rejet de sa demande d’un délai de trois jours et lorsque Garat, Ministre de la Justice, lui avait annoncé sa condamnation sa demande d’être assisté par un prêtre réfractaire avait, inexplicablement, été acceptée. Louis XVI avait demandé à son avocat Monsieur de Malesherbes, de solliciter l’abbé Edgeworth qui avait donné son accord. Et Garat l’avait fait convoquer aux Tuileries pour lui annoncer la demande de Louis XVI et l’emmener au Temple auprès de l’auguste prisonnier. A sa demande de revêtir une soutane, le Roi n’étant pas habitué à un habit civil pour les prêtres, le Ministre avait opposé son refus.

Au Temple, pendant que Garat, accompagné de geôliers, va prévenir le Roi, l’abbé Edgeworth est soumis à une fouille en règle qu’il décrit en ces termes réservés « la fouille se fit avec assez de rigueur » puisque même sa tabatière fut ouverte et palpée ! Admis enfin auprès de Louis XVI, l’abbé l’entend et lui explique qu’il n’a pu lui apporter la communion car la custode aurait été certainement profanée. Là lui vient l’inspiration de dire la messe, idée que récuse le souverain à cause du danger pour l’abbé qui, finalement obtient l’accord de son pénitent.

L’abbé se fait accompagner auprès des commissaires qui, oh ! surprise, donnent leur accord à condition que l’abbé fasse une demande écrite qui est transmise aux ministres réunis aux Tuileries. L’accord revient aussitôt. Il faut un prêtre : « je le suis », des ornements (il faut signaler quelques restes religieux chez ces canailles !) : « vous les trouverez dans l’église la plus proche ». D’après Jean-Baptiste Cléry c’est dans l’église des Capucins (rasée entre 1802 et 1804) que furent pris les ornements, nappes d’autel et vases sacrés ainsi que les hosties et le vin de messe fournis par le prêtre constitutionnel du lieu (l’abbé Magnin ?).

Après la messe tous les objets restent sur place puisque l’abbé accompagne Louis XVI jusqu’à l’échafaud et ne peut donc logiquement pas les emmener. Après l’exécution l’abbé Edgeworth va se cacher et n’est donc pas allé au Temple récupérer le calice. Il n’est donc pas stupide de penser que le prêtre qui les avait prêtés soit venu les reprendre.

A la désaffectation des Capucins tout le matériel liturgique a été, sans aucun doute, dispersé. C’est ainsi que le calice serait arrivé à la basilique Notre Dame des Victoires et la chasuble (avec l’étole et le manipule) à l’église Saint-François. Cette dernière lors de son affectation au culte de Rite arménien est devenue l’église Saint-Jean Saint-François et la chasuble a été remise à l’église Notre Dame de Bonne Nouvelle également dans le 2ème arrondissement.

Voilà pourquoi il est plus logique de penser que le vrai calice de la dernière messe de Louis XVI est à Paris, où il est aussi accompagné de la mention « objet historique ».

A moins d’informations contraires.

Si vous allez vous promener dans cette belle région de l'Aubrac vous découvrirez de beaux paysages, des vaches paisibles, de beaux et nombreux calvaires et des nourritures de qualité. Je vous conseille le Relais de l'Aubrac, entre Nasbinals en Lozère et Saint Urcize. C'est l'hôtelier qui aime l'Histoire et m'a mis, en partant de Marc-Antoine Charrier,  sur la piste de l'abbé Delbès, ce qui m'a permis de rédiger cette page.

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