28 AVRIL 1794, L'ABBE JACQUES PERBET EST ASSASSINE.

Publié le par culture

28 AVRIL 1794, L'ABBE JACQUES PERBET EST ASSASSINE.

Il y a 230 ans, un double assassinat est commis à l'endroit que marque ce petit monument.

L'abbé Jacques Perbet est né le 28 juin 1732, baptisé le 30, à Recharinges paroisse d’Araules dans le diocèse  du Puy en Velay. Il est ordonné prêtre par Monseigneur Jean-Georges Lefranc de Pompignan. La révolution arrivée il refuse de prêter serment à la Constitution Civile du clergé. Il doit quitter le presbytère de Queyrières dont il est le chapelain mais reste dans les environs et continue son apostolat dans cette région du Puy, son Velay natal. Il se cache depuis des mois ; pour son malheur, arrive au début 1794 un nouveau représentant en mission, un nommé Guyardin.

Ce sinistre individu, 36 ans, a été Lieutenant au baillage de Langres puis a embrassé le sacerdoce. Il deviendra Vicaire général de Monseigneur de La Luzerne évêque de Langres. Suppléant de son évêque sur les bancs du clergé aux Etats généraux il succèdera à Monseigneur de La Luzerne lors de sa démission pour raison de santé le 7 décembre 1789. Le 4 septembre 1792 il est élu à la Convention comme député de la Haute Marne et siège dans les rangs des Montagnards. Lors du « procès » de Louis XVI  il clame « Louis est déclaré convaincu de haute trahison et d’attentats contre la sûreté de l’Etat ; je demande que Louis soit condamné à mort et que le jugement soit exécuté dans les vingt-quatre heures ». Il reniera sa prêtrise avant de se marier. Il est d’abord envoyé en mission à l’Armée de Rhin & Moselle où il prend un arrêté de saisie de tous les ornements et de toute l’orfèvrerie des églises et chapelles pour qu’ils soient envoyés à la fonte. Il est ensuite envoyé en mission dans l’Ardèche et en Haute-Loire.

Son premier travail, en Haute Loire est de lancer des battues aux prêtres : "La chasse aux loups est bien combinée" proclamera-t-il en guise de "Credo". Sans oublier la destruction des croix de chemin, la vandalisation des lieux de culte pourtant fermés.

L'abbé Jacques Perbet, réfugié dans une ferme qu'il quitta en hâte pour ne pas compromettre ses hôtes, tombe dans ses griffes le 25 avril ainsi que l'ancien Procureur d'Yssingeaux M. Aulanier, près du village de Veyrac.

Une trentaine de personnes raflée  est destinée à la prison du Puy. Emmenées d'abord au village du Pertuis elles  y passent la nuit, l'abbé attaché debout à un lit. L'aubergiste lui a préparé de quoi souper. Ce sera refusé par le garde-chiourme: "On fait bien jeûner les cochons gras avant de les tuer !"

28 AVRIL 1794, L'ABBE JACQUES PERBET EST ASSASSINE.

L'abbé et son codétenu ont compris qu'ils n'arriveraient jamais vivants au Puy, lieu prévu pour leur "jugement". Ils passent par Saint Hostien, devant sa petite église dont le clocher existe encore et dont l’abbé avait été le vicaire et descendent la route. Des habitants sont là, les regardant passer. L'abbé Perbet reconnaît des visages qui se détournent, gênés. Il cherche à parler mais un homme, sorti de la foule, lui assène un violent coup de massue sur la tête. Ils remontent dans leur fourgon qui est placé en queue de cortège et arrivés au lieu-dit Lachemp, on les fait descendre, dans le virage, en bas du chemin qui était la route en 1794 allant de Blavozy au Puy en Velay.

28 AVRIL 1794, L'ABBE JACQUES PERBET EST ASSASSINE.

Les huit gardiens laissent s'éloigner le reste du convoi et, là, massacrent les deux prisonniers entravés qui sont achevés à coups de fusil. L’abbé Jacques Perbet avait 61 ans et 10 mois.

Il y a 230 ans exactement de pieuses (et courageuses) mains viennent ensevelir ces deux victimes.

La population ayant "canonisé" son martyr, Confesseur de la Foi, un pèlerinage va se développer sur le lieu du massacre du prêtre à tel point que le Directoire départemental ordonnera la présence de troupes dans les villages aux alentours afin d'empêcher tout rassemblement. Sans grande efficacité.

28 AVRIL 1794, L'ABBE JACQUES PERBET EST ASSASSINE.

Le 13 novembre 1802 les restes des deux victimes sont exhumées ; les ossements de l'abbé Jacques Perbet formellement identifiés ont été inhumés dans l'église de Saint Pierre Eynac. Ceux de M. Aulanier l’ont été dans le cimetière. Le lieu de l'assassinat est toujours généreusement fleuri ; même un ex-voto remercie « saint Perbet ».

De lointains descendants de la centaine de victimes religieuses du Velay ont introduit leurs causes en canonisation auprès de l’évêque du Puy Monseigneur Crépy, après avis favorable de son prédécesseur Monseigneur Henri Brincard ; 24 noms ont été retenus : 10 prêtres, 2 religieuses et 12 laïcs qui les avaient cachés. La cause est maintenant introduite auprès du Vatican.

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