LECTURES FRANCAISES ET HISTOIRE DE CALICE

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LECTURES FRANCAISES ET HISTOIRE DE CALICE

 

Dans sa dernière livraison (N° 757 mai 2020) Lectures françaises, dans la rubrique courrier, annonce la publication d’une lettre trimestrielle gratuite « Lettre légitimiste de fidélité à la descendance de Louis XVII ». D’après L.F il est question "des dernières heures de Louis XVI d’après Edgeworth de Firmont". Entre parenthèses l’auteur de cette Lettre aurait pu écrire l’abbé Edgeworth de Firmont évitant une irrespectueuse familiarité. Les rédacteurs de Lectures Françaises écrivent " Nous y apprenons que le calice avec lequel l’abbé de Firmont célébra la messe à laquelle assista le roi est exposé dans le trésor de l’église de Saint-Urcize (Cantal)".

Depuis des années Lectures Françaises reçoit les revues du Souvenir Chouan de Bretagne au titre d’échanges ; lorsque je vois le commentaire des deux rédacteurs sur le calice de Saint –Urcize je me demande si, outre les recevoir, ils ouvrent La Revue.

En effet L’Histoire du calice de Saint Urcize a fait l’objet d’un article étayé dans La Revue du Souvenir Chouan de Bretagne N°43 de juin 2017.

D’abord, d’après ce qu’il y a comme document sur les deux vases sacrés utilisés par l’abbé pour célébrer la dernière messe pour Louis XVI, ils seraient arrivés là par l’abbé Saint-Pée d’Amon ; mais comment sont-ils arrivés chez ce prêtre ? Mystère.

Le prêtre en aurait fait cadeau à l’abbé Pierre-Jean Ipcher lors de sa première messe. L’arrivée des vases sacrés serait du début XIXème siècle ; l’abbé Ipcher, né en 1761 a du être ordonné prêtre vers 1786, 1787, l’âge d’ordination des prêtres tournant, à cette époque pieuse, aux alentours de 25 ans. Bien avant le 21 janvier 1793.

A moins qu’il ait eu une vocation tardive, fait peu fréquent à cette époque, on conçoit mal qu’il ait été ordonné et dit sa première messe à plus de 30 ans !

Peut-être ce calice et sa patène ont été offerts par l’abbé Saint Pée à l’abbé Ipcher, curé de Saint-Urcize, lors des obsèques de sa sœur, épouse Ipcher, le 18 novembre 1809 ? Ce qui correspondrait avec leur apparition au début du XIXème siècle ?

 Cette histoire est sympathique mais peu vraisemblable.

DERNIERE MESSE DE LOUIS XVI A LA PRISON DU TEMPLE

Lorsque le roi a appris sa condamnation à la peine capitale il n’a de cesse de se préoccuper de la vie de son âme. Il demande à son avocat Monsieur de Malesherbes de solliciter l’aumônier de sa sœur Elisabeth, l ‘abbé Edgeworth de Firmont. C’est ainsi que ce dernier se présente au Temple et est admis à rencontrer le roi après fouille à corps. L’idée lui vient de célébrer la messe avant le départ matinal pour l’exécution.

A sa surprise sa demande est acceptée par les gardes et par les ministres réunis aux Tuileries. On va lui trouver le nécessaire pour célébrer : nappes, vases sacrés, Hosties, vin de messe, vêtements liturgiques fournis par le prêtre constitutionnel de la paroisse des Capucins (selon les Mémoires du fidèle Cléry) dont relève le Temple.

A 6 H du matin le 21 janvier l’abbé célèbre la messe pour le Roi ; elle est servie par Cléry.

A 8 H c’est le départ pour la place de la révolution et tout le matériel liturgique reste sur place y compris le calice, la patène, et les ornements. Il est bien évident qu’il est impossible à l’abbé d’emmener  quoi que ce soit !

Après l’exécution à 10 h 22 l’abbé n’a pas d’autre solution que de fuir et il est bien sûr hors de question de repasser au Temple récupérer le calice et la patène. C’est le prêtre (l'abbé Magnin ?) qui avait prêté tous ces objets qui est revenu les chercher.

L’abbé Edgeworth va franchir les différentes haies de soldats entourant la guillotine, se réfugie pendant un temps dans la Maison des Missions Etrangères (avec l’abbé Pierre Grayo de Kéravenan qui va marier bientôt Danton et Louise Gelly), ira ensuite se réfugier à Marly chez Monsieur Robert de Lézardière (dont un fils a été assassiné en la prison des Carmes le 2 septembre 1792) puis ensuite à Montigny Le Bretonneux chez le comte de Rochechouart. Puis ce sera Bayeux et enfin Londres.

Il est donc totalement impossible que le calice et la patène exposés à Saint Urcize soient ceux de la messe du 21 janvier.

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