GEORGES CADOUDAL, 25 JUIN 1804, C NEWS, MARC MENANT, PONT DU LOC'H

Publié le par culture

GEORGES CADOUDAL, 25 JUIN 1804, C NEWS, MARC MENANT, PONT DU LOC'H

Nous rappellerons samedi 27 juin cette belle Bataille du Pont du Loc’h qui vit la victoire des Chouans sur les troupes du général Harty le 25 janvier 1800. Ce 27 juin nous serons accueillis par un bébé chouette qui loge dans la chapelle Notre Dame de Burgo dont les ruines romantiques trônent dans la forêt, en zone militaire (Champ de tir). Cette chapelle fut un des points clé de cette bataille. Ce 25 juin marquait aussi le jour où Georges Cadoudal fut exécuté place de Grève à Paris.

Ce 25 juin Georges Cadoudal était invité sur le plateau de télévision de C News, ce qui est excellent car il n'est pas fréquent de voir honorer la mémoire des Chouans.

Mais pourtant l’intervention de Marc Menant sur Georges, appelle quelques remarques. Le journaliste a des difficultés à dissimuler un certain esprit critique vis à vis de la religion catholique, de l’Eglise en général et du clergé en particulier. Il manifeste aussi une certaine méfiance vis à vis de la royauté qui n’a pas démontré qu’elle soit un système politique plus malfaisant que le système politique dit république.

Pour parler des prêtres il dit toujours  « les curés » ; se prétendant fin lettré, ce qui est son droit, il devrait  savoir qu’en utilisant ce terme il se ridiculise et se donne des allures d’Emile Combes et d’anti-calotin. Curé est le titre du prêtre responsable d’une paroisse. Le nom porte une majuscule ; sans majuscule c’est l’apanage des « bouffeurs de curés ». Prétendre qu’être « curé » assurait une réussite sociale c’est insulter l’immense majorité des prêtres qui ont rempli dans la pauvreté les charges du sacerdoce. Il y a eu des arrivistes, certes, mais comme chez d’autres personnes ou professions. Et puis dans la majorité des cas il y avait la notion d'appel à la vocation.

Georges Cadoudal est un des seuls à posséder un cheval ; d’abord il sait monter ce qui n’est pas le cas des Chouans plutôt « hommes de marche » de plus les combats contre les Bleus se font dans un pays de bocage impropre à un combat de cavalerie. Au Pont du Loc’h (et non de Loc’h, prononcer lorrre) il est à cheval car l’endroit s’y prête et il peut aller plus vite d’un endroit à un autre pour donner ses ordres.

L’anecdote de Georges, à Quiberon, dans l’eau jusqu’à la taille et soulevant un canot à bout de bras est fausse. L’épisode se passe sur la plage de Pen Lan, à la sortie de l’embouchure de la Vilaine, à la pointe de Billiers ; Georges est bien dans l’eau au dessus de la taille et déhale un canot chargé d’armes (peut-être le  15 janvier 1800 car le 15 novembre 1799 il n’était pas là) mais il ne le porte  pas à bout de bras.

Le Pont du Loc’h est une grande bataille qui fera aux alentours d’un millier de morts. C’est cette bataille, la première de ce nom pour les Chouans de Georges, organisés militairement. La victoire des Chouans amènera Bonaparte à engager le général Brune, commandant des Troupes de l’Ouest , à entamer avec Cadoudal des pourparlers de paix qui se tiendront le 14 février à Saint Avé. Georges sera ensuite invité à poursuivre ces pourparlers aux Tuileries ce qui n’est pas fréquent pour des chefs de révoltés (et montre le prestige de Georges) ; l’entretien avec Bonaparte ne se passera pas bien et effectivement Georges racontera à Hyde de Neuville « quelle envie j’avais de l’étouffer dans ces deux bras » (en montrant ses bras).

Marc Menant fait une grossière erreur en impliquant Georges dans l’attentat de la rue Saint Nicaise ; les émissaires qu’il avait envoyés prirent l’initiative de l’explosion. D’autre part cela ne figure pas dans le dossier d’accusation contre Georges lors de son procès ; on lui reproche qu’il voulait enlever le Consul pour le livrer aux Anglais (déjà ceux-ci voulaient l’isoler à l’Ile d’Elbe). Le journaliste fait aussi une erreur en prêtant à Fouché l’intention d’orienter les recherches vers les Jacobins et Bonaparte vers les royalistes ; c’est exactement l’inverse. Fouché visait les royalistes, par vieille haine et avec justesse ; Bonaparte visait les Jacobins pour faire le ménage chez ses ennemis politiques.

Enfin dans les poursuites et enquêtes engagées contre les Chouans elles sont le fait de Pierre-François Réal qui remplace Fouché alors en disgrâce ; c’est le même Réal qui fera les allers-retours entre Les Tuileries et La Conciergerie pour apporter la proposition de demande de grâce que Cadoudal refusera avec dédain. Et c’est Réal qui transmettra au nouvel empereur la demande de Georges d’être exécuté le premier afin que ses compagnons d’infortune, qui ont suivi les tractations de demande de grâce, ne doutent pas de son exécution. C’est Réal qui viendra dire à Georges que sa demande est refusée.

Cette exécution en dernier explique le fait que Dominique Larrey pourra récupérer le corps de Cadoudal qui était en attente de linceul (il n’y en avait que onze pour douze condamnés). L’explication de Menant est imprécise sur l’utilisation du cadavre ; Dominique Larrey est aussi phrénologue, théorie fumeuse du rapport entre le volume de la tête et le caractère. Il a l’occasion de vérifier sa théorie avec un médecin viennois Franz Joseph Gall qui préfère le terme de crânologie) et Georges arrive à propos.

Ce serait la dernière « vacherie » de Napoléon à son ennemi que ceux qui vont être exécutés meurent avec le doute que Georges aurait pu les tromper.

Quant au « traître » qui aurait parlé, Quérel, il faudrait un peu d’indulgence en se souvenant que Bonaparte avait rétabli la torture d’une manière ignoble qui rendait l’individu totalement incapable d’utiliser ses doigts après son application : on serrait les phalanges des doigts entre le chien et la platine puis on appuyait sur la détente ce qui broyait les articulations. Cette torture avait été formellement interdite par Louis XVI au tout début de son règne.

Ces erreurs n’empêchent pas Marc Menant d’être un excellent conteur.

Nous sommes heureux que la mémoire du héros Chouan ait été honorée malgré ces quelques erreurs.

GEORGES CADOUDAL, 25 JUIN 1804, C NEWS, MARC MENANT, PONT DU LOC'H
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