EGLISE SAINTE GENEVIEVE, PANTHEON, VICTOR HUGO, CNEWS

Publié le par culture

EGLISE SAINTE GENEVIEVE, PANTHEON, VICTOR HUGO, CNEWS

Lundi soir sur CNEWS Marc Menant, l’hygiéniste (ainsi qu’il se dit), marquait le 135ème anniversaire de la panthéonisation du fils du Hérosauregardsidoux le 1er juin 1885 ; il précise que c’est à l’occasion de cette inhumation que le Panthéon revient à sa destination première après que l’on ait enlevé le mobilier religieux et les croix (en réalité cela avait été fait quatre ans auparavant !).

Un trou de mémoire a certainement frappé le chroniqueur. En effet la destination première de l’édifice est d’être un lieu de culte catholique élevé en l’honneur de Saint Geneviève, la sainte patronne de Paris (elle a du boulot !) sous le roi Louis XV avec des fonds privés et grâce à une loterie.

Achevée en 1790 l’église est spoliée une première fois par décision de l’Assemblée nationale constituante qui, le 4 avril 1791 (Louis XVI est toujours roi), la destine à devenir le Panthéon où seront déposés les « grands hommes » de la France. Mirabeau, Marat, Lepeletier de Saint-Fargeau (exécuté par l’ancien garde de Louis XVI Philippe de Pâris) y feront un aller-retour.

Napoléon 1er, dans le cadre du Concordat, rend l’édifice au culte catholique par décret du 20 février 1806 sous le nom d’église Sainte Geneviève. Six chapelains sont nommés desservants ; la crypte reste le lieu d’inhumation « des grands hommes ».

Sous Louis XVIII l’église est consacrée le 12 avril 1816 après en avoir enlevé tous les éléments étrangers au culte. On cache à la vue les tombeaux de Rousseau et Voltaire. Lorsque se posera la question d’évacuer l’anticlérical Voltaire Louis XVIII se contentera de dire : « Laissez-le donc, il est bien assez puni d'avoir à entendre la messe tous les jours » ! Par ordonnance du 12 décembre 1821 elle est confiée à l’archevêque de Paris.

Louis-Philippe le 26 août 1830 fait désacraliser l’église Sainte Geneviève qui redevient Panthéon. Il fait rapporter les Décret du 20 février 1806 et l’Ordonnance du 12 décembre 1821. On change le mobilier et David d’Angers est chargé de refaire le fronton et de remettre l’ancienne appellation en 1837.

Napoléon III (Napoléon le Petit selon Victor Hugo) par Décret du 6 décembre 1851 rend l’église au culte catholique  et par Décret du 22 mars 1852 rétablit le Décret du 20 février 1806 et la constitution d’une communauté de chapelains desservants.

Le Gouvernement Jules Grévy (dans les ministres signataires on note Sadi Carnot le fils du Conventionnel) à son tour laïcise l’église Sainte Geneviève qui redevient le Panthéon, accédant par Décret du 26 mai 1885 accède au vœu exprimé par l’Assemblée nationale en 1881 (Art. 1er : à la suite des obsèques ordonnées par la loi du 21 mai 1885, le corps de Victor Hugo sera déposé au Panthéon).

Les changements de destinées de cette église contrarient donc le raccourci de Marc Menant sur son retour  à sa première destination.

A un autre moment, le même personnage qui parlait de la France née le « Siècle des Lumières » se fait reprendre par Eric Zemmour qui lui assène que la France existait bien avant le « Siècle des Lumières ».

EGLISE SAINTE GENEVIEVE, PANTHEON, VICTOR HUGO, CNEWS

Il y a quelques soirs à propos de la révolution c’est le Quatrevingt -Treize de Victor Hugo qui était mis à l’honneur ; il y a quand même de meilleurs choix !

Ce qui est amusant (façon de parler) c’est que le poète situe son roman, sensé se dérouler en Vendée, à  l’embouchure du Couesnon où il fait débarquer le marquis de Lantenac, aux frontières de la Bretagne et de la Normandie. Rien à voir avec la Vendée.  Ou notre grand homme a été mal inspiré par une de ses références, Jules Michelet, ou ses connaissances géographiques étaient proches du point zéro.

A la lecture de ce Quatrevingt-Treize quelques perles scintillent et il ne faut pas les garder pour nous ! Morceaux choisis :

«La Vendée a avorté. D’autres révoltes ont réussi, la Suisse par exemple. Il y a cette différence entre l’insurgé des montagnes comme le Suisse et l’insurgé des forêts comme le Vendéen ; que, presque toujours, fatale influence du milieu, l’un se bat pour un idéal et l’autre pour des préjugés. L’un plane, l’autre rampe». !!!

«la monarchie ouvre le droit à l’insurrection, la république la ferme. En république toute insurrection est coupable»…/…«La Convention a toujours ployé au vent, mais le vent sortait de la bouche du peuple et c’était le souffle de Dieu».

«Le dix-huitième siècle atteignit quatre-vingt. Encor’treize, le nombre étrange, et le jour vint !»

Là nous sommes entre Jack Lang et Marguerite Duras.

«Pour beaucoup de raisonneurs à froid qui font après coup la théorie de la Terreur, 93 a été une amputation brutale mais nécessaire. Robespierre a été un Dupuytren politique. Ce que nous appelons guillotine n’est qu’un bistouri». !!!  

Horreur.

«la révolution française, c’est le salut, d’horreur mêlé. De la tête de Louis XVI, hélas, la lumière a coulé». 

Lang ou Pol Pot ?

«Le droit a sa colère, monsieur l’évêque, et la colère du droit est un élément du progrès.N’importe et quoi qu’on dise, la révolution française est le plus puissant pas du genre humain depuis l’avènement du Christ».  

 Des millions de gens remercient pour ce pas.

«C’est pour affirmer  ces réalités suprêmes, et non pour les nier, que  89 avait surgi. Renverser les bastilles, c’est délivrer l’humanité ; abolir la féodalité, c’est fonder la famille».

« d’un côté, l’inextricable complication gothique, le serf, le seigneur, l’esclave, le maître, la roture, la noblesse, le code multiple ramifié en coutumes, le juge et le prêtre coalisés, les ligatures innombrables, le fisc, les gabelles, la mainmorte, les capitations, les exceptions, les prérogatives, les préjugés, les fanatismes, le privilège royal de banqueroute, le sceptre, le trône, le bon plaisir, le droit divin. De l’autre cette chose simple, un couperet. D’un côté le nœud, de l’autre la hache. La Tourgue* avait été longtemps seule dans ce désert. Elle était là avec ses mâchicoulis d’où avaient ruisselé l’huile bouillante, la poix enflammée et le plomb fondu, avec ses oubliettes pavées d’ossements, avec sa chambre aux écartèlements, avec la tragédie énorme dont elle était remplie/…/ elle voyait se dresser devant elle quelque chose d’aussi horrible qu’elle, la guillotine».

 

Si Victor Hugo avait eu connaissance de l’histoire telle que nous la connaissons maintenant, n’aurait-il pas rédigé autrement son Quatrevingt-Treize  de façon aussi emphatique, aussi hugolienne ?

* La Tourgue est le château où se termine l’histoire entre Cimourdain, prêtre défroqué et Conventionnel en mission, et le marquis de Lantenac.

Rappelons enfin quelques éléments sur les « origines vendéennes de Victor » né à Besançon de Sophie Trébuchet née à Nantes et  de lointaines origines vendéennes (sur le plan familial et non pas politique) et de Brutus (le hérosauregardsidoux) natif de Nancy. Le seul sang vendéen de la famille est celui versé par Brutus lors de son passage dans l’Ouest entre 1793 et 1796 en particulier sous les ordres de Muscar dans le Sud de la Loire inférieure (qui n’est pas en Vendée) ; on le retrouvera ensuite à Châteaubriant lors de la répression contre les Chouans et ensuite à Quiberon (en 1795). Il ne faut pas oublier non plus que Sophie Trébuchet a fait partie de l'entourage immédiat de Jean-Baptiste Carrier le Représentant en mission de la Convention.

Comme dans son roman 93, Victor a pris aussi pas mal de libertés avec la vie de son père et beaucoup de ses victimes ne doivent pas avoir trouvé doux son regard !

 

 

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