10 AVRIL 1917 dans la Somme, JEAN-PIERRE CALLOC'H MORT AU CHAMP D'HONNEUR POUR LA FRANCE....

Publié le par culture

10 AVRIL 1917 dans la Somme,             JEAN-PIERRE CALLOC'H MORT AU CHAMP D'HONNEUR POUR LA FRANCE....

"Songez que nous serons tombés, non pas pour la Justice ou la Liberté dont la République Française s'est moquée tout autant que l'Empire Allemand, mais pour le rachat de notre terre et puis pour la beauté du monde" avait écrit dans sa "Prière du Guetteur" le poète Breton, Bleimor (Loup de mer), Jean-Pierre Calloc'h.

Notre Blog lui a déjà rendu hommage le 26 février 2016.

Né le 21 juillet 1888 dans l'île de Groix, de bonnes études l'amènent à passer et obtenir son Baccalauréat à moins de 17 ans ! D'une foi profonde il se destina au sacerdoce et, après le Petit-séminaire de Sainte Anne d'Auray, il entra au Grand-séminaire de Vannes. Dans les entretiens préliminaires à la réception des Ordres Majeurs où le candidat au sacerdoce est interrogé sur son milieu, il dût dire que deux de ses soeurs et son frère cadets étaient sujets à des troubles nerveux (de genre épileptique). Or le Droit Canon n'autorisait pas l'accès à la prêtrise d'un impétrant dont la proche parenté souffrait de troubles nerveux de ce genre.

En octobre 1907, c'est avec déchirement qu'il quitta le Grand Séminaire et se fit, avec son bagage intellectuel, répétiteur et devint journaliste pour divers journaux bretons. Il "monta" à Paris mais ne put se faire à la vie païenne de la capitale et revint en Bretagne.

Il se présente aux services de la Marine à Lorient mais fut refusé. Il n'est pas mobilisé comme tant d'autres lors de la déclaration de guerre à l'Allemagne - suite à l'assassinat de l'Archiduc d'Autriche à Sarajévo et la mise en route du jeu des alliances - le 3 août 1914. Jean-Pierre Calloc'h sera mobilisé à Lorient au 62ème R.I. en janvier 1915, partira en formation de Sous-officier à Saint-Maixent.

Sorti sergent il part, fin août, pour le Front dans le 219ème Régiment d'Infanterie qui sera transféré dans la région de Saint Quentin en septembre 1916 ; il sera alors promu Sous-lieutenant. Il est fort apprécié de ses hommes.

Mardi de Pâques 10 avril 1917, il est tué par des éclats d'obus l'atteignant en pleine tête à l'entrée du refuge où sa compagnie cherchait à se protéger de la mitraille allemande. Son acte de décès rédigé par l'autorité militaire, le 11 avril 1918, mentionne Courbat de Cerisy dans la Somme, d'autres textes citent Urvillers, dans l'Aisne, distant de plus de 60 Km. Ce même acte porte la mention "Tué à l'ennemi".

Il sera inhumé dans un cimetière de  militaires à Cerisy. Son corps sera exhumé puis inhumé dans son île de Groix le 8 juillet 1923.

Son nom figure parmi ceux des 560 écrivains et poètes, morts pour la France ou au Champ d'honneur, gravés à l'intérieur de l'église Sainte Geneviève de Paris, communément appelée Panthéon.

Une quarantaine de rues portent son nom en Bretagne ainsi qu'un collège à Locminé ;il y eut, durant une vingtaine d'année, un transport de passagers et de véhicules entre le continent et l'île de Groix ou entre le continent et Belle Île en mer. En arrière toute le navire vibrait de toutes ses entrailles et était vraiment un bateau dans la forte houle !

Nous devons à Jean-Pierre Calloc'h de magnifiques poèmes tous marqués de sa Foi, qu'il exprime sans honte, et de son attachement à sa Terre Bretonne, dont ce superbe texte mis en musique par Jef Le Penven (1919-1967) et interprété par Gilles Servat et Jean-François Kemener : Me zo ganet e kreiz ar mor, Je suis né au milieu de la mer.

 

En pleine mer où je suis né
Trois lieues au large.
J'ai ma fruste et blanche maison
L'alentour est couvert d'ajonc
Sur le seuil pousse le genet
En pleine mer où je suis né,
Un fils d'Armor.

Mon père, comme ses aïeux,
Etait marin;
Une vie sans gloire et obscure
-La gloire, un pauvre n'en a cure-
Nuit et jour sur l'océan bleu
Père fut comme ses aïeux
Traîne-filets.

Ma mère travaille elle aussi
-Malgré son âge-
D'elle, à la sueur de nos fronts
J'ai appris, tout petit garçon,
A glaner et tirer les fruits.
Ma mère travaille elle aussi
Pour se nourrir.

O, jours bénis de mon enfance
Où sans entrave
De ma mère dans les sillons
De mon père près du poisson
Je goûtais la chère présence,
O, jours bénis de mon enfance,
Pleins de douceur!

Nous étions six, Sainte Marie,
Assis à table:
Tous nous étions sains et heureux.
Te portant respect, comme à Dieu.
La table a changé, aujourd'hui.
Nous étions six, Sainte Marie.
Nous sommes trois...

A la porte a frappé la mort
Elle est entrée;
Notre bonheur dans un cercueil
Partit dormir au champ du deuil...
0ù un barde chantait encor
A la porte a frappé la mort...
Assez de pleurs!

Assez de pleurs! Ils étaient vains
Alors, déjà:
Et je voudrais faire une place
Au chagrin autour de mon âtre?
Il faut être fort pour demain.
Assez pleuré! Ces pleurs sont vains:
Du temps perdu!

Les pleurs d'immense désespoir
Que j'ai versés
Au cours des épreuves amères
Qu'ils soient bénis, bien au contraire:
Car sans eux je ne pourrais voir!
Ces pleurs d'immense désespoir.
C'était avant!...

Et maintenant que vous dirai-je?
Vous savez tout!
Mon bonheur terrestre effacé.
Le séminaire, puis l'armée,
J'ai marché sous Votre soleil
Et maintenant que vous dirai-je,
A Vous, mon Dieu?

Que Vous dirai-je, Dieu sévère,
Mer de bonté?
Qu'il est aigre le lait du pauvre;
Que sans rosée sèche la rose;
Que sa folie salit la terre.
Que dire d'autre, Dieu sévère?
Que je suis las!

Je viens vers Vous prendre serein.
A votre autel
Je veux réciter mon pater.
Je verrai, si mon Dieu m'éclaire.
Parlez, Votre douceur m'étreint.
Je suis venu prendre serein
M'agenouiller...

Jean Pierre Calloc'h
Traduit par Christian Souchon (c) 2007

 

Me Zo ganet E kreiz ar mor

Je suis né au milieu de la mer

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