18 FEVRIER 1800 - LOUIS de FROTTE 18 FEVRIER 2020

Publié le par culture

18 FEVRIER 1800 - LOUIS de FROTTE    18 FEVRIER 2020

Louis de Frotté, né le 5 août 1766 à Alençon, est un grand de la Chouannerie ; il est le fils du comte

Pierre Henri de Frotté, écuyer du Roi. La famille est de tradition protestante mais il a reçu le Baptême sur insistance de sa mère. Après la mort de sa maman alors qu’il avait sept ans, vivant dans une famille protestante il en pratiqua la religion.  C’est par solidarité avec les nouveaux persécutés royalistes et catholiques que Louis de Frotté, resté monarchiste comme bien d'autres protestants, a pris la tête du mouvement royaliste en Normandie.

 

Il émigre à Bruxelles en 1791, pour rejoindre l'armée de Condé puis sert en Italie et enfin à Londres en 1794 où il rencontre Joseph de Puisaye, qui se présente comme général en chef de l'Armée catholique de Bretagne. Puisaye l'introduit auprès du comte d'Artois.

Le Prince le nomme Lieutenant-colonel en charge du soulèvement de la Normandie. Ce sont les prémices des entretiens entre les Bleus et les Chefs des Révoltés en vue des futurs « Accords de La Jaunaye » qui seront signés le 17 février 1795. Le comte de Frotté assiste aux négociations mais ne signera pas et repart à Londres.

En juin 1795, il débarque près de Saint-Malo, recrute et avec sa petite armée il s'empare de Mayenne. A la tête de milliers d’hommes (le chiffre de 11 mille est avancé) qu'il entraînait ou faisait entraîner tous les jours, marche, tir, initiation au combat et  à l'embuscade, leur apprenant à tout savoir d'une guerre ordinaire ou de guérilla. Cette dernière façon de se battre est aussi adoptée par les Révoltés de Vendée depuis début 1794. Fini le temps des grandes batailles à l’ancienne et meurtrières.

Embuscades et escarmouches sanglantes entre royalistes et républicains se multiplient dans les bois et les chemins creux. Le 31 mars 1796, il est mis en échec devant Tinchebray (Orne) et en juin, les meneurs royalistes des autres régions révoltées se soumettent. Le 6 juillet, le traité de Fontenai-les-Louvets met un terme à la première guerre chouanne.

Mais Louis de Frotté n’a pas signé ; réfractaire il est obligé de repartir à Londres où il monte un projet d’insurrection avec William Pitt et le comte d’Artois.

En avril 1797 Frotté revient en France, s’introduit à Paris ; mais le Coup d’État du 18 fructidor (4 septembre 1797), organisé par trois Directeurs en vue d’annuler les élections que les Royalistes ont remportées, l’oblige à repartir à Londres.

Il prépare un nouveau soulèvement et  débarque près de Bayeux le 23 septembre 1799. À la tête de 11 000 hommes, il déploie une activité énergique et infatigable. Les Vendéens ont signé la paix  avec celui qui est devenu 1er Consul après avoir renversé le Directoire (18 brumaire An VIII-8 novembre 1799) le 18 janvier 1800 et Georges, dans le Morbihan après sa victoire du Pont du Loc’h pense aussi à répondre favorablement aux offres de paix de Buonaparte. Ce qui sera fait le 14 février. 

Alors, esseulé,  malgré son mépris pour Bonaparte qui fait de Frotté  son ennemi personnel, il envoie, le 8 février, sa proposition de soumission au général Brune. Un de ses courriers, intercepté par les Bleus, montre que c’est un pis-aller et non une soumission sincère. Est-ce Bonaparte qui en a donné l’ordre à Brune ? Celui-ci donne l’ordre à Maximin-Joseph Guidal, Adjudant-général (Général de brigade actuel) du département de l’Orne de le convoquer à son quartier général.

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Le Chef de l’Armée Royaliste de Normandie fut convoqué pour le 15 février à l’hôtel que Guidal occupait avec son Etat-major à Alençon à l'actuel n° 33 de la rue des Grandes-Poteries où il se rendit avec six de ses officiers (Isaac Dumont de Lamberville, baron du Hum, baron d’Hugon, baron de Commarque, Florent-Martin d’Hauricourt et  Pascal Sechiordi) qui reçurent tous un sauf-conduit expirant le jour même à minuit.

Ils arrivent vers 22 heures. on les fait lanterner ; Guidal n’est pas là. Peu après minuit, des grenadiers vinrent s’emparer des sept officiers Chouans. A Frotté qui s’insurgeait devant cette façon d’agir il fut répondu que les sauf-conduits avaient expiré à minuit et qu’ils allaient être conduits à Paris. Un courrier est envoyé à Bonaparte aux Tuileries.

Sous très forte escorte, les prisonniers prirent la route le 16. Le 17 ils arrivèrent à Verneuil sur Avre vers la mi-journée. Au moment de repartir un ordre arrive de Paris ordonnant d’organiser une Commission militaire pour juger les 7 Royalistes.

Ce qui est fait le 18, sans avocat, sans Appel, sans Cassation, comme au "bon vieux temps" de Fouquier-Tinville ! Un seul verdict : la mort.

Le comte de Frotté demande une bouteille de vin et des verres. Les sept Officiers Chouans trinquent clament un " Vive le Roi ", brisent leurs verres et la bouteille. A cinq heures de l’après-midi, ils sont emmenés sur le lieu de la mise à mort, (marqué maintenant par un menhir du Souvenir de la Chouannerie Normande inauguré en octobre 1973).

Louis de Frotté et ses compagnons font face aux treize hommes du peloton (treize balles pour six hommes !) ; le coup de grâce est donné aux victimes dont les souffrances cessent enfin. Leurs corps seront "balancés" par dessus le mur du cimetière et inhumés tardivement.

Une autre version de leur exécution est aussi plausible, c’est celle que j’ai entendue lors du 200ème anniversaire : ils auraient été exécutés le long du mur du cimetière et leurs corps balancés par dessus et inhumés tardivement. Ce qui expliquerait mieux "les corps jetés par dessus le mur du cimetière" malgré l’emplacement de la stèle qui ne pouvait pas être mise ailleurs.

 

Leurs restes exhumés de la fosse commune sont déposés dans la crypte de l’église de la Madeleine en 1814. En mars 1826  David d’Angers livre un cénotaphe,  une plaque mémorial en marbre de Carrare sculptée, faisant le rapprochement avec les frères Macchabées de l’Ancien Testament.

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Le 19 février 2000 une remarquable journée du Souvenir, organisée par de nombreuses Associations, put être organisée, grâce à l’appui de l’Adjoint en charge de la culture, communiste, contre la volonté du maire (Pétiet) qui n’en voulait pas. Lui demandant comment cela se faisait qu'un communiste commémore un noble l’adjoint me répondit : « Monsieur, Louis de Frotté s'est levé contre la dictature et  pour défendre le peuple opprimé par la bourgeoisie parisienne ».  Allez comprendre !

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