LE "PROCES" DE MARIE-ANTOINETTE sur Arte

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LE "PROCES" DE MARIE-ANTOINETTE sur Arte

SUPERBE télé film, hier soir, sur ARTE (chaîne 7) consacré au "Procès" (guillemets de rigueur) de Marie-Antoinette. "Procès" inique et uniquement à charge contre la Reine, à l'issue connue avant son début, encore une pièce qui n'est guère à la gloire des "Valeurs fondatrices" de la république ! Soulignons la performance de Maud Wyler dans le rôle principal.

Cet épisode honteux de l'Histoire de la république avait fait l'objet d'un article de 14 pages dans La Revue  N° 36 de décembre 2013 du Souvenir Chouan de Bretagne : voir extrait.

La vie terrestre de Marie-Antoinette s'est arrêtée ce 16 octobre 1793, 8 mois et 26 jours après son mari, pour entrer dans l'Eternité céleste mais aussi dans l'éternité de l'Histoire après un procès où l'iniquité le dispute à l'ignominie.
Robespierre, devant la Convention, évoque le sort de la Reine en mars 1793 ; il demande qu’elle soit traduite devant le Tribunal révolutionnaire.
Billaud-Varenne, le 3 octobre 1793, de la tribune de la Convention, propose aux députés « une femme, la honte de l’humanité et de son sexe, la veuve Capet doit enfin expier ses forfaits sur l’échafaud ; déjà on publie qu’elle a été blanchie par le tribunal révolutionnaire, comme si une femme, qui a fait couler le sang de milliers de français, pouvait être absoute par un jury français ! Je demande que le tribunal révolutionnaire prononce cette semaine sur son sort ». Proposition immédiatement décrétée (1). (Note SCB : Combien de députés ont pris part au vote et combien sont pour cette proposition ? Mystère)
La Reine a été transférée de la prison du Temple à La Conciergerie dans la nuit du 1 au 2 août.
Le dossier est vide de toute accusation étayée. Une seule volonté préside : exécuter la "veuve Capet". Tous les mensonges, suppositions ordurières, boues révolutionnaires de psychopathes se vêtant d'oripeaux soi-disant populaires, vont être la seule constitution du dossier d'accusation, repris par le Procureur Fouquier-Tinville : "Qu'à l'exemple des Messaline, Brunehaut, Frédégonde et Médicis, connues auparavant comme reines de France, Marie-Antoinette, veuve de Louis Capet, a été, pendant son séjour en France, un fléau et un vampire assoiffé du sang des français".
Un point à souligner : Lorsque la Reine de France est "jugée" (guillemets de rigueur), c'est comme femme de Louis XVI et non en tant que Souveraine régnante. Le Chef de l'exécutif est le Roi. Elle-même le dit bien : "elle n'est pas intervenue dans le Conseil du Roi". Bien sûr elle a exprimé ses pensées dans leur intimité familiale en donnant son avis, comme dans tout couple où l’on s’exprime.
Il s'agit donc d'un assassinat (Il suffit d'ailleurs de lire le site du Ministère de la Justice pour être renseigné par sa grande discrétion) !
Il s'agit bien d'un "procès" inique qui n'est guère à la gloire des valeurs fondatrices de la république.
Le Procès
Du long cortège des quarante et un pseudos témoins des supposées "frasques" de l'ancienne Reine, témoignant à charge - dix-neuf déclareront qu'ils ne connaissaient rien à l'affaire - seul émergeront le comte de La Tour du Pin, le comte d'Estaing et Jean-Sylvain Bailly qui protestera vigoureusement contre les accusations portées à l’encontre de la Reine en ce qui concernait les attouchements sur le Dauphin et le "massacre" du Champ de Mars qui étaient absolument fausses. (Bailly sera guillotiné moins d'un mois plus tard).
Marie-Antoinette est la première reine de France passant devant un "tribunal":
-Juge : Martial-Joseph Armand Herman, Robespierre aurait soutenu sa candidature au poste de Juge du Tribunal Révolutionnaire. Il présidera le Tribunal lors des jugements des Girondins, des Hébertistes puis des Dantonistes. Enlevé à l'affection des siens le 7 mai 1795 à l'âge de 36 ans.
-Juge assistant : Marie-Joseph Emmanuel Lanne, ami de Robespierre, mort prématurément à l'âge de 33 ans par coupure occipitale.
-Juge assistant : Etienne Foucault guillotiné en mai 1795 à l'âge de 55 ans.
-Fouquier-Tinville, Procureur sanguinaire et menteur avéré, guillotiné le 7 mai 1795. 
-Un des deux Substituts de Fouquier-Tinville : Joseph Donzé de Verteuil, prêtre renégat mort en 1818 réconcilié avec l'Eglise.
12 jurés acquis à la condamnation à mort de la Reine et une salle peu flatteuse pour un auditoire de justice, aussi parodique soit-elle. La salle réagira positivement lorsque Marie-Antoinette, accusée une nouvelle fois par Hébert d'inceste sur la personne de son fils, en appellera à elle : "Si je n'ai pas répondu c'est que la nature elle-même refuse de répondre à de telles accusations faites à une mère. J'en appelle à toutes les mères !" Le désordre causé par la foule entraînera une suspension d'une heure. Suspension durant laquelle Hébert se fait reprendre par Herman et Robespierre qui craignent que, par ses accusations, l'avantage ne passe à l'accusée.
Lorsque les débats reprennent, les avocats de la Reine, qui avaient été arrêtés, font valoir une nouvelle fois l'inanité des faits reprochés et leur manque de preuve.
Las ! Fouquier-Tinville reprend son réquisitoire qui ne retient que quatre accusations (malgré les assertions des 38 témoins à charge !):
-Est-il constant qu'il ait existé des manœuvres et des intelligences avec les puissances étrangères et autres ennemis extérieurs de la république, lesdites manœuvres et intelligences tendant à leur fournir des secours en argent, à leur donner l'entrée du territoire français et à leur faciliter le progrès des armes ?
-Marie-Antoinette d'Autriche est-elle convaincue d'avoir coopéré à ces manœuvres et d'avoir entretenu ces intelligences ?
-Est-il constant qu'il ait existé un complot et une conspiration tendant à allumer la guerre civile à l'intérieur de la république ?
-Marie Antoinette est-elle convaincue d'avoir participé à ce complot et à cette conspiration ?
A ces quatre questions la réponse est "oui" à l'unanimité des 12 jurés qui devaient ou être tétanisés ou dormir (ou cuver car l’ivrognerie est souvent dénoncée par différents témoins) pendant l'interrogatoire de la Reine et la plaidoirie de ses défenseurs (Chauveau-Lagarde et Tronson-Ducoudray) qui ont fait la démonstration de l'inanité des faits reprochés.
Le Président Herman annonce alors le verdict à la Reine qui a été ramenée dans la salle d'audience. Elle est condamnée pour haute trahison et l'exécution sera accomplie dans la journée.
Marie-Antoinette parut frappée de stupeur. Il était quatre heures du matin. Le ""procès"" avait commencé exactement le 12 octobre au soir ; la séance, qui s'achevait le 16 octobre à 4 H du matin, avait commencé le 15 octobre à 9 H du matin.
Pendant ces longues dix-neuf heures, une seule fois la Reine dit : "J'ai soif".

ARTE propose une nouvelle diffusion le dimanche 10 novembre à 15 H 50.

Le film est visible en cliquant sur ce lien.

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