ORIGINE DE LA LEGENDE DES NOIRS NOYES EN LOIRE....
"La Loire est un lieu symbolique d’où l’on débarquait les esclaves et ou certains étaient jetés par dessus bord. La Loire représente donc aussi un tombeau. Quand je la vois je me dis que les esprits de nos ancêtres sont là" déclarait à la presse nantaise, en mai 2006, Octave Cestor conseiller municipal de la ville de Nantes.
Il faut déduire de cette déclaration totalement mensongère et anachronique par rapport aux faits qui se sont déroulés dans ce fleuve, que les informations propagées par le conseiller municipal de Jean-Marc Ayrault viennent de la lecture de cet article de Ouest-Matin, daté de janvier 1952:
Dans une gesticulation rédactionnelle relevant d'un grand écart qui pourrait être fatal à certaines parties anatomiques non protégées, le journaliste écrit:" Les ossements humains mis à jour la semaine passée par la suceuse qui opère près de l'île Cheviré , n'ont pas fini de faire couler de l'encre, et jusqu'à ce que, avec certitude, on puisse les identifier, les hypothèses les plus diverses sont avancées. A priori, la plus vraisemblable est celle que nous émettions l'autre jour en disant qu'il se pourrait fort bien que l'on se trouvât en présence de royalistes exécutés sous la Révolution"
Voir article sur la page du 28 janvier de ce Blog.
L'artiste journaleux poursuit:"Pourtant rien n'est moins sûr et dans l'état actuel des recherches, toutes les présomptions sont des plus fragiles. Il est en effet troublant que l'on ne reconnaît parmi ces restes, que des ossements du sexe masculin, alors qu'en 1793-1794, hommes et femmes indifféremment périrent. Monsieur Niort, directeur du Museum d'Histoire Naturelle, montre, en ce qui concerne les crânes, que les détails morphologiques sont assez curieux et que certains caractères raciaux ne se représentent pas parmi les contemporains. Avec notre faible science, nous ne pensons pas qu'en l'espace d'un peu plus d'un siècle et demi (1794-1952) les caractères extérieurs des corps aient pu aussi sensiblement se modifier.
C'est ce qui nous incite à penser que l'on a peut-être devant soi les restes de noirs venus à Nantes quand la traite était florissante. La Présence de chaînes n'est pas pour nous démentir.
Il appartiendra à des gens plus qualifiés que nous, et en particulier à M. Niort dont l'autorité est grande en la matière si, à la seconde hypothèse que nous formulons aujourd'hui, on peut faire quelque crédit.
Nous savons très bien que la plupart des esclaves noirs livrés aux négriers par les chefs de tribus africaines étaient directement transportés en Amérique, mais il se pourrait fort bien que quelques uns d'entre eux aient été conservés comme hommes d'équipage et aient péri en Loire pour une raison que nous ignorons."
Les passages soulignés ou en gras l'ont été par le rédacteur de cette page
Si monsieur Cestor n' a pas d'autre lecture que cet article de 1952, on comprend mieux son recueillement devant la Loire en pensant à ses ancêtres.
Plus sérieusement, il est d'une parfaite absurdité de penser que l'on ait enchaîné des hommes d'équipage - même galériens - dont on retrouve les ossements à quelques centaines de mètres du port de Nantes.
Si effectivement la majorité des noyades a mélangé hommes et femmes de tous âges et conditions, on peut penser que ces ossements sont ceux des prêtres de la première noyade, dans la nuit du 16 novembre 1793, ou de ceux des prêtres angevins du début décembre.
La présence de restes de chaînes confirme bien les différents témoignages selon lesquels on enchaînait les victimes.
Le directeur de ce journal terminera sa carrière, après la faillite du titre, professeur de droit à la Sorbonne !