LOUIS-MARIE GRIGNION de MONTFORT MEURT IL Y A 300 ANS, LE 28 AVRIL 1716.
Louis Marie Grignion de Montfort naît le 31 janvier 1673 à Montfort-sur-Meu en Ille et Vilaine ; il est baptisé le lendemain 1er février dans l’église du bourg. Ses parents, mariés à l’âge de 24 ans, sont de condition aisée (ni pauvres ni riches), son père est avocat. Louis-Marie est l’aîné des 18 enfants qu’aura le couple. En prévision des futures naissances les parents achètent, le 16 juillet 1675, une grande maison avec terrain au Bois-Marquer dans la commune d’Iffendic, à 7 Km, où ils s’installent.
Lorsqu’il a douze ans ses parents l’envoient au collège saint Thomas Beckett à Rennes ; il est logé par son oncle l’abbé Alain de la Vizeule, prêtre de la paroisse Saint Sauveur. Louis-Marie se révèle comme un élève très pieux.
A l’âge de 19 ans, ses parents l’inscrivent en Sorbonne et au Séminaire de Saint Sulpice (lequel bâtiment n’existe plus ayant été détruit, à la grande fureur de Monsieur Emery, sous Napoléon 1er). Il y restera de 1795 à 1700 - le Supérieur général étant Monsieur Louis Tronson fidèle aux instructions de Monsieur Jean-Jacques Olier, fondateur de la Compagnie, sur Jésus crucifié et sa Sainte Mère – et sera ordonné prêtre en l’église saint Sulpice le 5 juin 1700 par Monseigneur de Flamenville, Evêque de Perpignan. Il célèbre sa première messe le lendemain dimanche 6 juin, à l’autel de la Sainte Vierge.
Il n’a pas vocation à rester dans une cure ; non qu’il se ressente d’un besoin de bougeotte mais par ce qu’il se sent une vocation d’évangélisateur dans un XVIIIème siècle commençant et déjà en proie à une certaine déchristianisation. Il part pour le Duché de Nantes où il a de la famille et pose ses bagages à la Maison saint Clément (actuelle caserne des pompiers près de l’église). Il reste là un an jusqu’en octobre 1701. Il semblerait que l’esprit janséniste de la maison ne lui ait pas plu. Il part alors à Poitiers comme aumônier de l’hôpital qu’il réorganise ; il rencontre là Marie-Louise (Louis-Marie au féminin) et fonde avec elle l’ordre des Sœurs de la Sagesse le 2 février 1703. A Pâques il est à Paris à l’hôpital de La Salpêtrière fondé par saint Vincent de Paul. Il reste là un an. Il vit en quasi ermite rue du Pot de Fer. Le cardinal-Archevêque de Paris, Mgr Louis-Antoine de Noailles, lui donne comme mission de réformer les moines du Mont Valérien.
Il revient à Poitiers où les pauvres l’appellent mais l’Evêque, Mgr de La Poype, le chasse. Il part à Rome où il est reçu par le Pape Clément XI le 6 juin 1706 qui le nomme Missionnaire apostolique : »Vous avez en France un assez grand champ pour exercer votre zèle ; n’allez point ailleurs »
Louis-Marie Grignion de Montfort sillonne l'Ouest de la France, de paroisses en paroisses pour prêcher 72 missions qu’il met sous la protection de la Sainte Vierge, et de l'archange Saint-Michel. Et ce seront Saumur, Fontevrault, Angers, le Mont saint Michel, Rennes, Saint Brieuc, Baulon (35), Merdrignac(22), son pays de Montfort, La Chèze, Plumieux, La Trinité Porhoët, Moncontour (22), puis le pays nantais avec Nantes, Vertou, La Chevrolière, Vertou, Saint Fiacre, Campbon, Crossac, Pont-Château, Sainte Reine de Bretagne, Besné, La Chapelle des Marais, Missillac, Herbignac, Camoël, Assérac, Sion les Mines, Bouguenais.
Son allant, sa foi épatent ses confrères prêtres et montrent sa sainteté aux populations rencontrées ; sur des chansons à boire il installe des paroles pieuse pour les transformer en cantique : « Vive Jésus, Vive sa Croix, Ah ! Que ses grâces sont parfaites, Chrétiens chantons à haute voix Vive Jésus Vive sa croix ». Des thèmes simples, percutants.
Il restaure le temple païen du cimetière saint Donatien de Nantes transformé en chapelle saint Etienne, il y place une statue de la Vierge et y bénit le 21 juin 1710 une cloche (disparue à la révolution). En 1709 il entreprend la construction du célèbre calvaire de Pont-Château lequel sera terminé en 1711 et détruit par ordre de Louis XIV sur les mauvais conseils du duc de Coislin (le calvaire sera reconstruit dans un premier temps en 1747, détruit par la révolution en 1793 reconstruit – sous sa forme actuelle - en 1821 par le Curé de Pont-Château).
En 1711 départ pour La Rochelle où l’Evêque – Monseigneur de Champflour ancien de Saint Sulpice lui aussi - l’appelle ; puis retour vers Nantes suivie du bas Poitou La Garnache, Luçon, l’île d’Yeu, Nantes à nouveau pour veiller sur ses bonnes œuvres. Puis à nouveau les chemins pour se rendre à Sallertaine, Saint Christophe du Ligneron en juin 1712, retour à La Rochelle où il compose son Traité de la Vraie dévotion à la Sainte Vierge (diffusé dans 40 pays bien plus tard Karol Woytila en aura un exemplaire dans sa poche lors de la tyrannie communiste). Départ à nouveau pour Thairé (17), Saint Vivien, Esnandes, Courçon, Beugnon, Argenton-Château, La Séguinière.
En 1713, il rédige la " Règle des missionnaires de la Compagnie de Marie", un engagement par vœu de pauvreté de chasteté et d'obéissance.
En juillet 1713, départ pour Paris pour rencontrer les supérieurs de la communauté du Saint-Esprit. Il veut fonder une société de Missionnaires. A Paris il continue son apostolat prêchant Le Crucifié, la dévotion envers la Sainte Vierge et le Rosaire. Il écrit entre deux Missions un Traité pour la conversion des Protestants. Retour, en 1714, à La Rochelle, Oléron, Saint Christophe du Ligneron (85), Vérines, Saint Médard d’Aunis, le Gué d’Alléré, Saint Sauveur d’Aunis, Nuaillé d’Aunis, La Jarrie, Croix Chapeau, Marennes (17).
Infatigable en mai de la même année il part pour la Normandie en passant par Roussay (49), Rennes, Avranches, Saint Lô, Caen (septembre), quatre mois de pérégrinations dans le bocage normand ! Inusable Louis-Marie ! Retour par Rennes, Nantes Aigrefeuille pour arriver à La Rochelle, Loiré les Marais, Breuil Magné, l’île d’Aix, Saint Laurent de la Prée et Fouras.
En mars 1715 il prêche une mission à Taugon et ouvre un couvent des Sœurs de la Sagesse à La Rochelle ; en avril après un bref détour par Nantes puis encore La Rochelle, il ouvre une mission à Saint Amand sur Sèvre le 19, rédige en juillet la Règle des Filles de la Sagesse.
Le 25 août il est à Fontenay le Comte et séjourne à trois reprises dans une grotte de la forêt de Mervent et prêche des Missions aux alentours. Il apprend à Saint Pompain (79) la mort de son père à l’âge de 69 ans.
Il prêche sa dernière retraite à Saint Laurent sur Sèvre le 5 avril 1716, épuisé ; atteint d’une pleurésie aigüe il rend son âme à Dieu, qu’il a si magnifiquement servi, le 28 avril 1716, âgé de 43 ans et 3 mois, il y a exactement 300 ans.
Il est béatifié par le Pape Léon XIII le 22 janvier 1888 et canonisé par Sa Sainteté le Pape Pie XII le 21 juillet 1947 : « Soyez les bienvenus, chers fils et chères filles, accourus en grand nombre pour assister à la glorification de Louis-Marie Grignion de Montfort, l'humble prêtre breton du siècle de Louis XIV, dont la courte vie, étonnamment laborieuse et féconde, mais singulièrement tourmentée, incomprise des uns, exaltée par les autres, l'a posé devant le monde « en signe de contradiction », « in signum, cui contradicetur » (Lc 2, 34). Réformant, sans y penser, l'appréciation des contemporains, la postérité l'a rendu populaire, mais, par dessus encore le verdict des hommes, l'autorité suprême de l'Église vient de lui décerner les honneurs des saints ».
Son court apostolat sacerdotal – 16 ans seulement – s’est exercé dans le tiers de son temps en Vendée et les deux autres tiers en Bretagne, en Normandie, en Charentes, en région parisienne. Il avait été proposé comme Docteur de l’Eglise ; sa dévotion envers la Sainte Vierge n’a pas coïncidé avec l’œcuménisme !
Il fut aussi celui qui propagea l'image du Sacré-Coeur que l'on retrouvera, 77 ans plus tard sur la poitrine des révoltés, leur insigne de ralliement.
Saint Louis-Marie Grignion de Monfort, veillez sur nous.
Lors d’un pèlerinage Monfortain à Lourdes, il y a quelques années, j’ai entendu chanter : « Saint Louis, Grignion de Monfort, joyeux nous te prions ». C’est une sottise ; ses parents l’avaient placé sous le vocable du Roi de France, canonisé en 1297, et de la Saint Patronne de la France. Lui même n’a jamais renié ce double beau prénom. Il faut donc le respecter y compris pour ceux qui, actuellement, porte ce prénom.