IL Y A 230 ANS : Fatal jour pour l'ancien maire de Strasbourg, l'industriel et chimiste de talent mais aussi, funeste présage, le chantre avec Rouget dit de Lisle du chant de l'Armée du Rhin qui exporté à Marseille reviendra à Paris puis dans la future république, le 10 août 1792, sous le nom de Marseillaise.
Cet hymne a été baptisé dans des torrents de sang ; en ce 29 décembre Philippe-Frédéric de Diétrich y mêle le sien. Ce qu'il était loin d'imaginer lors de son interprétation musicale dans la nuit du 24 avril 1792. Il ne pouvait pas imaginer, comme beaucoup de soutiens de la révolution, la barbarie accompagnant cette musique guerrière.
Que lui reproche le Tribunal révolutionnaire ? D'avoir protesté contre la tentative d'attaque du château des Tuileries le 20 juin 1792 et la mise à sac de la même demeure royale, siège de l'exécutif, le 10 août, et les atteintes à la personne du Roi. On lui reproche aussi, à lui le Protestant, d'avoir pris la défense des prêtres réfractaires persécutés. Robespierre lui reproche d'être un dangereux conspirateur.
Il sera réhabilité le 23 août 1795, treize mois après la chute de l'Incorruptible qui fut aussi son persécuteur.
Sont aussi guillotinés sur la même place de la révolution:
- Michel Bourg, 55 ans, couvreur; Pierre Vétrel, 52 ans, tisserand ; Bernard Hourter, 55 ans, couvreur ; Michel Kartz, 48 ans, tisserand ; Etienne Teyssier, négociant ; natifs de Moselle, convaincus d'avoir entretenu des correspondances avec les ennemis de la république et conspiré contre la sûreté et la liberté du peuple français.
- Claude-Auguste Prévost-Lacroix, capitaine de Division, de Rochefort, accusé d'avoir foulé la cocarde tricolore et arboré la cocarde blanche ; Jean-Marie Allard, 57 ans, curé de Saumur, convaincu par ses propos d'avoir provoqué le rétablissement de la royauté ; Nicolas Gomot, 41 ans, boulanger, de Paris, convaincu d'avoir accaparé du pain pour son propre usage, d'avoir fourni du pain fait avec de la farine inférieure et d'avoir tenu des propos tendant à provoquer la dissolution de la république ; Alexandre Laroque, 42 ans et son frère Hyacinte-Victor Laroque, 32 ans, capitaine de vaisseau, de Quimper-Corentin, convaincus d'avoir entretenu des correspondances contre-révolutionnaires avec les ennemis intérieurs et extérieurs de la république ; Daniel-Félix Burois, 49 ans, convaincu d'être le complice d'un complot et conspiration qui a existé de la part de la Cour dont Lafayette, Bailly, de faire massacrer les patriotes au Champ de Mars le 17 juillet 1791 ; idem pour Auguste-Amable Clément, 33 ans, horloger.
A Savenay, à la Butte de Sem, on fusille ceux qui se sont rendus sous promesse de vie sauve.
Le 26 décembre du haut de La Tribune de la Convention Merlin lit la lettre que lui a envoyée, de Savenay, le général Beaupuy :"Mon cher Merlin elle n'est plus cette armée royale, ou catholique, comme tu voudras ! J'en ai vu avec tes collègues Prieur et Thureau les débris consistant en 150 cavaliers battant l'eau dans les marais de Montoir ; et comme tu connais ma véracité tu peux dire avec assurance que les deux combats de Savenay ont mis fin à la guerre de la nouvelle Vendée et aux chimériques espérances des royalistes.
L'Histoire ne nous présente pas de combats dont les suites ont été plus décisives. Ah! mon brave, comme tu aurais joui ! Quelle attaque, mais quelle déroute. Il fallait les voir ces soldats de Jésus et de Louis XVIIse jetant dans les marais ou obligés de se rendre des 5 à 600 à la fois, et Laugrenière et les autres généraux dispersés ou aux abois !
Cette armée dont tu avais vu les restes de la terrasse de Saint Florent, était redevenue formidable par son recrutement dans les départements envahis. Je les ai bien vus, bien examinés; et à leur convenance et à leur mine je t'assure qu'il ne leur manquait du soldat. que l'habit. Des troupes qui ont battu de tels Français peuvent se flatter aussi de vaincre des Peuples assez lâches pour se tenir contre un seul, et encore pour la cause des rois. Enfin je ne sais si je me trompe mais cette guerre de brigands, de paysans sur laquelle on a jeté tant de ridicule, que l(on dédaignait, que l'on affectait de regarder comme si méprisable, m'a toujours paru, pour la république, la plus grande partie et il me semble à présent qu'avec nos autres ennemis nous ne ferons plus que pelotter.
Adieu, brave Montagnard, Adieu. Le général de brigade Beaupuy".
Relevons le bel hommage à cette armée catholique et royale vaincue
Dominique Jaudonnet de Laugrenière fait prisonnier à Savenay arguera de révélations importantes à faire, sera emprisonné à Nantes et tentera de sauver sa vie en "racontant" tout sur l'armée Catholique et Royale. Sa "confession" ne le sauvera pas ; il sera guillotiné place du Bouffay le 14 janvier 1794. .