Le 10 août peu avant l'invasion du Palais des Tuileries le Roi Louis XVI avec sa famille et quelques fidèles, sur les "conseils" de Roederer, est venu, pour échapper aux furieux des faubourgs et des Marseillais, se mettre sous la protection de l'Assemblée législative siégeant dans la salle du manège (rasée sous le Consulat pour la création de la rue de Rivoli) à proximité du palais royal. N'étant pas autorisés à être présents dans l'assemblée ils sont installés dans la loge du logographe, où se tient le rédacteur du Moniteur. Ils passeront la journée là, sans nourriture et quasiment sans boisson malgré la chaleur accablante. En fin de soirée ils sont emmenés au couvent des Feuillants, à proximité, où leurs sont servies quelques nourritures et boissons désaltérantes et où ils vont dormir.
11 août, Le Roi et les siens - famille et fidèles - après la nuit passée dans le logis des Feuillants reviennent à l'Assemblée pour une nouvelle journée. Le Roi entend annoncer qu'il est suspendu de ses fonctions. Il faut insister une fois de plus sur l'illégalité de cette décision pour deux motifs: Le roi ne tire pas sa légitimité du peuple, d'autre part la Constitution qu'il a signée assure l'inviolabilité de sa personne. Retour le soir aux Feuillants.
12 août Nouvelle pénible journée dans la loge du logographe où règne une chaleur éprouvante à écouter les logorrhées verbales des députés de l'Assemblée ; on n'y entend pas encore les futurs chantres de la guillotine. Le roi assiste imperturbable aux échanges vociférants (on ne peut les imaginer autrement !).
13 août, La Commune Insurrectionnelle de Paris impose à l'Assemblée un lieu de rétention pour le Roi. Le Palais du Luxembourg est proposé mais il est difficile à garder. Ce sera le Temple où l'on va amener le Roi, sa famille et ses fidèles après une "cavalcade" à pas lents dans Paris.
Le logis du Grand Prieur sera visité, le souper y sera servi. Mais ceux qui sont maintenant devenus prisonniers de la Commune - et non de l'autorité Légale - seront finalement dirigés vers la petite tour du Temple. Première abjection des Communards. Quelle désillusion ce dut être pour le roi et sa famille ; les autres personnes sont relâchées.
Jean-Baptiste Cléry, son fidèle valet de chambre qui le servait aux Tuileries, était parvenu à s'en échapper le 10 août après le départ du roi en sautant par une fenêtre évitant ainsi d'être massacré comme le reste du personnel. Le 26 août il vient demander à Pétion ( de Villeneuve), maire incapable de Paris, de pouvoir aller servir son maître en la tour du Temple, ce qui lui sera accordé ; il va servir fidèlement ce roi qui en a fait son ami jusqu'au bout. Ce fidèle parmi les fidèles ne sera libéré qu'en mars 1793 avant d'être de nouveau emprisonné à La Force et enfin libéré le 9 août 1794 grâce à Robespierre (enfin indirectement!).
LES FEUILLANTS.
C'est le nom porté par un des nombreux clubs formés lors de la révolution dont les membres se réunissaient dans l'ancien monastère des Feuillants fondé le 8 septembre 1587 ; il regroupe des partisans fidèles à la royauté constitutionnelle donc au Roi Louis XVI. Ce club disparaîtra rapidement par les diverses bisbilles qui se transformeront en haines acharnées et deviendra le club des Jacobins, sous la pression des députés bretons, qui s'installe lui dans l'ancien couvent des Dominicains (aussi appelés Jacobins) rue Saint Honoré.
A l'origine les Feuillants sont des Cisterciens revenus à une observance plus stricte de la Règle qui ont créé, en 1144, leur monastère à Labastide dans le diocèse de Rieux (Rieux Volvestre maintenant) diocèse situé au sud de Toulouse fondé par le pape Jean XXII en 1317 et supprimé par la Constitution civile du clergé le 12 juillet 1790 et la création des départements : un département, un diocèse. Le bourg s'appellera alors Labastide Notre Dame de la clarté Dieu, puis Labastide-Feuillants (et deviendra en 1790 Labastide-Clermont). Le monastère donnera à ses moines le nom de ces bois feuillus où il est installé : Feuillants.
Le roi Henri III avait fondé, rue Saint Honoré, l'abbaye royale de Saint Bernard pour les Cisterciens ; elle prendra le nom de "Feuillants" avec l'arrivée de ses nouveaux locataires venus du Sud-ouest en 1587. Louis XVI et les siens y seront logés les nuits du 10, 11, 12 août 1792 avant d'être séquestrés dans la tour du Temple après le souper qui leur aura été servi dans le logis du Prieur, leur dernier repas d'hommes libres.
Il ne reste rien du monastère des Feuillants, rasé sous le Consulat, sauf une partie du chevet dans une cour privée, il ne reste rien du monastère du Temple rasé totalement sous le Consulat. Il ne reste quasiment rien à Labastide-Clermont.