IL Y A 220 ANS... UN MENSONGE GLORIEUX ET ENTRETENU
Jeudi 26 avril 1792, le capitaine du génie Claude Joseph Rouget dit de l'Isle (il ne faut pas oublier que la révolution abolissant les vrais titres nobiliaires fut souvent un "accélérateur de particules") crée une chanson. Il sera, à la demande d'un nommé Derby (qui n'est pas d'Epsom !) inscrit au procès verbal de la Convention le 14 juillet 1795 comme auteur de l'hymne des Marseillais.
Nous ne sommes pas encore arrivés à cette date et restons au 26 avril 1792.
Au cours d'une soirée, sans aucun doute très arrosée, l'Alsace a toujours eu d'excellents vins depuis l'Antiquité, dans l'euphorie de la guerre contre l'Autriche et conséquemment contre la Prusse et ensuite tous leurs alliés (ce qui fait beaucoup de monde), chez le maire de Strasbourg, de Diétrich (dont les descendants se spécialiseront dans les cuisinières, oh! paradoxe cette chanson ne fera pas un four!) le dit Rouget entonne un chant. Les mauvaises langues disent que c'est de Diétrich qui chantonna, ce qui fut appelé "l'Hymne de guerre dédié au Maréchal Luckner" puis "Le Chant de Guerre de l'Armée du Rhin" avant de s'appeler plus simplement "La Marseillaise" car chantée officiellement loin du front de l'Est.
Les paroles auraient été "empruntées" à une affiche sur les murs de Strasbourg, disant ceci:
"Aux armes, citoyens ! L'étendard de la guerre est déployé: le signal est donné. Il faut combattre, vaincre ou mourir. Vous vous montrerez dignes enfants de la liberté. Immolez sans remords les traîtres qui, armés contre la patrie, ne veulent y entrer que pour faire couler le sang de nos compatriotes. Marchons ! Soyons libres jusqu'au dernier soupir et que nos voeux soient constamment pour la félicité de la patrie et le bonheur de tout le genre humain".
Mais on peut être révolutionnaire et néanmoins instruit. Alors, "on"aurait aussi un peu emprunté à un prêche de l'abbé Boileau:"Et leurs corps pourris dans la plaine n'ont fait qu'engraisser nos sillons". Et à d'autres ?
Rouget était chef du bataillon "Les enfants de la Patrie", ce qui explique le début de la chanson.
Mais la musique ?
Elle serait dûe, non pas à Rouget, violoneux médiocre, mais à Jean-Baptiste Grisons, maître de chapelle de la cathédrale de Saint Omer qui a écrit plusieurs musiques dont une nous intéresse: L'oratorio d'Esther. Comme l'on dit maintenant, à part la rythmique, c'est un vrai copier/coller.
Le brave Jean-Baptiste Grisons n'avait pas déposé sa musique qui aurait été reprise par Pleyel. Mais il presque certain que Rouget a entendu l'original à Saint Omer où il était en 1791. Le Gewurztraminer aidant il a fait une chanson, devenue un chant puis l'Hymne national de la République, revisité par Berlioz sous le septennat de Giscard, dit d'Estaing.
Ce mois d'avril finissant il y a 220 ans est aussi celui qui a vu promulguer une loi interdisantle port du costume ecclésiastique ( la soutane).
Honnêtement, qu'est-ce-que cela pouvait faire aux anti-cléricaux primaires de l'époque ? A part fournir des arguments pour les anti - cléricaux de 1801, 1905 et années succédentes ?