Par un arrêté municipal monsieur François Espivent de Perran, maire de Prinquiau qui, dès 1814, avait fait
recenser les fosses dans lesquelles avaient été jetés, fin décembre 1793, les corps de ceux qui avaient été fusillés sur leurs bords - comme à Katyn - a pris la décision de leur exhumation
et de leur translation dans le cimetière.
Ceux qui ont été fusillés au bord de ces fosses sont ceux qui, lors des combats de la Butte de Sem, à la fin de la Bataille
de Savenay, avaient obtenu la promesse de vie sauve contre leur reddition. La reddition ayant été accomplie, la vie sauve ne le fut que brièvement ; ils furent tous fusillés, combattants et
non combattants, femmes et enfants.
"Le 12 de ce mois, un homme au moins par section devra se rendre, dès le soleil levant, avec pelle et pioche, dans les endroits
où se trouvent les fosses ; messieurs les Commissaires leur indiqueront les lieux où chacun doit travailler".
39 emplacements de fosses avaient été repérés, dont sept à proximité de la ferme de la Butte de Sem.
"Une seule fosse a demandé dix heures de travail à 10 hommes pour extraire les squelettes rangés sur 4 à 6 couches. On a trouvé dans ces fosses beaucoup de morceaux de
vêtements dont on reconnaissait l'usage et même la couleur, des bas, des cordons, des pipes, des peignes, un chapelet encore très bien conservé, des sabots mollement pourris, des cuillers en
étain, des ciseaux ; aucune odeur fétide, seulement doucereuse, et l'exhumation s'est faite sans accident mais a exigé un travail très pénible et très long inspirant un sentiment de tristesse et
d'horreur".
Les victimes étaient au nombre de Six cents.
Tous les ossements furent mis dans des tombereaux, au nombre de ONZE, recouverts de linceul ; un cercueil de 6 mètres de long,
70 cm de large et 60 cm de hauteur avait été prévu mais il ne put même pas contenir la moitié des ossements. Les tombereaux avec leur lugubre chargement furent conduits au cimetière où ils furent
déchargés dans une fosse de 7 mètres cube.
Le 13, les autorités civiles et militaires se joignirent au clergé pour aller chercher le cercueil qui avait été déposé à la
Croix de la Foliette, veillé par les Gardes Nationales Royales sous les ordres du capitaine Bourdic, lui-même ancien chouan. Porté par dix huit hommes, le cercueil fut déposé dans
l'église (pas l'actuelle qui est de 1875) et le recteur M. Desmars célébra une messe solennelle de Requiem.
Puis le cortège se reforma pour accompagner les restes au cimetière, suivi par plus de deux mille personnes.Le cercueil fut vidé
dans la fosse, à l'exception des restes du Chevalier des Touches * (transcrit Destouches) restés sur le bord de la fosse le temps des dernières prières et de
l'hommage rendu par le capitaine des Gardes Bourdic dont il convient de lire quelques propos:" Dans les fastes les plus reculés du monde, dans toutes les pages de l'histoire,
même des siècles barbares, à peine trouve-t-on quelques traits qui puissent se rapprocher des atrocités commises par les républicains français de 1793. Néron fut moins sanguinaire,
moins barbare, Siphane ( Epiphane plutôt, Antiochus Epiphane fut célèbre pour sa cruauté) moins cruel . Ces révolutionnaires
farouches ont surpassé tous ces monstres en cruauté et mille crimes nouveaux. Ils ont ajouté celui inconnu de tous les peuples, le mépris des morts ! Ravalés par leurs principes et irreligieux à
la condition des animaux, ces hommes de sang ne traitaient pas différemment après la mort, ceux mêmes qui prodiguaient leur vie pour eux..." " Puissent les parents, les
amis de ces illustres victimes apprendre que les habitants de Prinquiau, si connus pour leur entier dévouement à la famille Royale des Bourbons se sont empressés, sitôt qu'il leur a été possible,
de recueillir les dépouilles mortelles de ceux qu'ils pleurent pour les déposer solennellement dans le dernier asile destiné aux chrétiens, puisse cet acte religieux diminuer l'amertume de la
rentrée."
lI est possible de se recueillir au cimetière de Prinquiau sur une tombe. Mais ce n'est pas celle de 1816. Une collecte avait
été faite en 1890 pour ériger un nouveau monument sur le premier lieu d'inhumation dont il ne subsiste aucune trace.
Cette tombe qui se trouve dans la première rangée à gauche date de 1921. Si, pour la première translation il existe un long comte-rendu dans le registre communal, grâce auquel ce texte a
été rendu possible, il ne subsiste,hélas!, aucun texte relatant la seconde trans- lation.
La plaque qui est fixée sur la croix était encore en bronze à l'hiver 1993. Le profit par le vol abolissant les
scupules, elle est maintenant en plastique.
A peu de distance des étables dans lesquelles furent enfermés ces malheureux, Vendée Militaire a érigé, pour commémorer cet acte
criminel, un monument à une centaine de mètres des fosses au bord desquelles ils furent fusillés.
Pour la réunion des Chouanneries, le 2 juillet,
nous ne pourrons nous rendre sur ces lieux....
Un ball-trap y est organisé !!!!!!!!!
* Charles-Dominique Sochet, seigneur des Touches, ancien chef d'escadre de La Royale, vrai héros de la guerre"aux
Amériques".Le Chevalier des Touches fut identifié à cause de sa légendaire grande taille.