SAMEDI 29 JUIN 1793: ATTAQUE DE NANTES 1/
C'est la période faste de l'Armée Catholique et Royale: Parthenay, Thouars, Saumur et Angers sont tombées aux mains de l'Armée en sabots.
Un dilemme se pose: vers où continuer cette guerre de conquête ; c'est la question que se pose l'Etat-Major des Blancs en ce 20 juin 1793. Monsieur Henri et Stofflet verraient bien une attaque de Paris, siège de la Révolution. Jacques Cathelineau, Bonchamps, Maurice Gigost d'Elbée, Antoine Philippe de La Trémoïlle prince de Talmont pensent que Nantes serait une meilleure destination: un port ouvert sur l'Atlantique, en liaison avec l'Angleterre et les Emigrés qui y résident et font de la résistance sans risques, une ville de commerce, les forges d'Indret et sa fabrique de canons sont les arguments qui décident le choix de cette ville comme cible de leur prochaine attaque.
L'Etat-Major envoie donc un ultimatum à Nantes et à son maire, René-Gaston Baco de La Chapelle:"Aussi disposés à la paix que préparés à la guerre, nous tenons d'une main le fer vengeur et de l'autre le rameau d'olivier. Après en avoir délibéré en notre Conseil réuni au Quartier Général à Angers, nous avons arrêté à l'unanimité de vous présenter un projet de capitulation. En conséquence nous vous invitons à délibérer et statuer que le drapeau blanc sera de suite et six heures après la réception de notre lettre, arboré sur les murs de la ville. Que la garnison mette bas les armes, que toutes les caisses publiques seront pareillement apportées, que toutes les armes nous seront remises ainsi que routes les munitions de guerre et de bouche. Qu'il nous soit remis comme otages les députés de la Convention Nationale. A ces conditions, la garnison sortira de la ville après avoir fait serment de fidélité à la religion et au roi. Alors la ville sera préservée de toute invasion et de tout dommage. En cas de refus, la ville de Nantes, lorsqu'elle tombera en notre pouvoir, sera livrée à une exécution militaire et la garnison passée au fil de l'épée".
Cet ultimatum parvient au maire de Nantes, commandant de la Garde nationale le dimanche 23. Beysser, Général en chef de l'Armée des Côtes de Brest mobilise aussitôt la population, sanctions à la clé:"Tout citoyen nantais est et demeurera soldat tant que durera le siège. Tout citoyen, soldat ou officier qui ayra aba,donné son poste pour songer à sa propre sûreté sera puni de mort. tout soldat trouvé endormi dans les postes les plus près de l'ennemi sera puni de mort. Il est expressément interdit à toute femme ou à toute fille de paraître à la fenêtre dans les moments d'alarme et de troubler les citoyens par ses cris ; si, à la troisième injoction elle n'obéit pas, il est ordonné de faire feu sur elle !"
Ces injonctions motivent la résistance des Nantais. D'autre part l'ultimatum des Blancs est maladroit. Il ne laisse aux responsables nantais que peu de choix pour de fidèles républicains (contrairement à certaines assertions Nantes n'est pas du tout une ville royaliste, elle a été des premières grandes villes à accueillir dès le début la Révolution) il faut se battre et la mise en marche de l'Armée Catholique va laisser le temps de se préparer au siège. Baco répond aux Chefs vendéens:"Les Nantais périront ou la liberté triomphera".
Charette et ses "Paydrets" arrivent au Pont Rousseau le 28 au soir et ouvrent le feu vers les 2 H du matin. Pas de canonnade du côté Nord. A l'est Bonchamps et Stofflet sont bien sur leur objectif, la route de Paris, dans les temps.
Mais au Nord Cathelineau, Généralissime depuis le 12 juin, et Maurice d'Elbée sont bloqués au pont de Nort sur Erdre par les 500 hommes du commandant Aimable Joseph Meuris, commandant de la garde locale.Huit heures durant il va bloquer l'accès à la rive droite de l'Erdre, chemin obligé pour l'Armée Catholique si elle veut atteindre les faubourgs de Nantes. Huit heures d'échanges de coups de feu, de tirs de canons ; des blessés, des morts et surtout un grand retard pour le rendez-vous avec la bataille !