De bon matin François-Athanase Charette a reçu, dans son cachot, sa sœur Marie-Anne, éperdue. Puis ensuite ce fut la confrontation avec le général Duthil et le capitaine Pierre Perrin qui a rempli le rôle de juge d'Instruction, mais aussi d'Accusateur public et d'Avocat général. C'est un Tribunal militaire qui va juger à charge le Général des Rebelles. Pour défenseur il a Mathieu-Guillaume Villenave, natif de Saint Félix Lauraguais, auquel on doit la chute de Carrier dans le procès des 132 nantais (Revue du SCB N° 38 décembre 2014).
Perrin prend la parole:
Contre François Athanase Charette de La Contrie âgé de 33 ans natif de Couffé, département de Loire inférieure, Lieutenant de vaisseau avant la révolution, en dernier lieu chef de brigands de la Vendée et se qualifiant de lieutenant général des armées du roi Louis XVIII.
Je l'accuse :
- 1/ de n'avoir accédé à la pacification que dans le but de renforcer son parti et d'avoir à cet effet non seulement fait acheter des armes et des munitions de guerre mais encore cherché les moyens de débaucher les troupes républicaines,
- 2/ de s'être ensuite réuni à la tête du parti royaliste malgré son serment de soumission aux lois de la république,
-3 / d'avoir provoqué des rassemblements dans la Vendée et la révolte faite par des insinuations perfides et des rapports mensongers faits par violence et à main armée,
- 4/ d'abord entretenu pendant et après la pacification des intelligences avec les ennemis de la république notamment avec le comte Artois, les Chouans, les Emigrés, les Anglais, et le roi de Vérone dans la vue d'allumer la guerre civile dans les départements de l'Ouest et d’anéantir le gouvernement républicain.
- 5/ d'avoir après sa déclaration de guerre fait égorger des républicains faits prisonniers à la faveur de la pacification parce qu'ils ne voulurent point prendre parti avec lui,
- 6/ d'avoir exercé sur la Vendée pendant et après la pacification un pouvoir absolu et tyrannique et au nom de Louis XVIII,
- 7/ d'avoir dirigé tous les attroupements qui ont eu lieu dans la partie de la Vendée occupée par son armée depuis le moment de la pacification jusqu'à celui de son arrestation,
- 8/ enfin d'avoir été arrêté les armes à la main le trois de ce mois à la tête d'un rassemblement armé décoré de plusieurs signes de la royauté.
Je demande qu'il soit interrogé publiquement sur tous ces faits.
Fait en séance publique, le neuf germinal de la quatrième année républicaine.
Signé : capitaine Perrin rapporteur.
En résumant ce que je viens de vous dire, et vu ce qui résulte des réponses de l’accusé dans son interrogatoire, et des différentes pièces de ses correspondances privées trouvées sur lui, je déclare que tous les faits contenus dans l’acte d'accusation sont constants.
En conséquence, l'article trois de la loi du 30 prairial portant : « les chefs commandant, capitaines, les embaucheurs et les instigateurs des rassemblements armés sans l’autorisation des autorités constituées seront punis de la peine de mort. »
Je conclus à ce que l'accusé soit condamné à mort et à ce que ses biens meubles et immeubles soient confisqués au profit de la république.
Perrin, capitaine rapporteur.
Dans la Revue du Souvenir Chouan de Bretagne de juin, le procès en entier.
Il est cinq heures du soir, ce mardi de Pâques 1796, il y a 220 ans exactement, François-Athanase Charette de La Contrie tombe sous les balles du peloton d'exécution ; il aurait eu 33 ans le 2 mai.
Le peloton était composé de 16 hommes, le Chevalier a été frappé par cinq balles, la porte du jardin qui se trouvait derrière lui montre qu'un grand nombre de soldats a evité de tirer sur le condamné.
L'acte de décès mentionne bien la date du 29 mars 1796 à 5 heures du soir ; il est signé, entr'autres personnes, par Haudaudine.
Le corps de François-Athanase Charette de La Contrie sera mis dans un cercueil qui sera vidé dans la fosse du Chemin de Rennes correspondant à l'actuelle avenue Coste et Le Brix. Une erreur continuelle dit qu'il aurait été mis dans les carrières de Gigant ; celles-ci étaient fermées depuis début janvier 1795, les habitants se plaignant de la puanteur émise par les cadavres en décomposition.