BILAN DU MOIS D’AOÛT 1798 SOUS LE DIRECTOIRE QUI TUE ;
Les faits ont 220 ans ; c’est vieux, certes comme beaucoup d’évènements. La Guerre de 1914-1918, la Saint Barthélémy, l’Inquisition, les Guerres de Religion et ses destructions, Les Croisades, Clovis etc.
Il y a pourtant des thèmes de prédilection régulièrement objets de discussions dans des émissions : la Saint Barthélémy, les Parpaillots dans les Cévennes, les Croisades et la célèbre Inquisition. Sujets sur lesquels débattent différents intervenants jusqu’à plus soif. Rarement sont présents ou invités des défenseurs. Ce sont des émissions à charge.
Lorsque l’on évoque les exactions de la révolution et ses succédanés comme le Directoire il s’agit toujours d’évènements voulus par des « fous » jamais par le système politique. Les meurtres à Nantes, c’est Carrier, à Lyon c’est à cause des Fédéralistes et de Collot d’Herbois (on oublie Fouché), à Toulon c’est à cause des Anglais (on oublie Maignet et Fréron entr’autres), à Bordeaux c’est à cause des Girondins (on oublie Tallien) etc. Les exemples ne manquent pas.
La Convention thermidorienne a entendu Fréron faire, le 17 Germinal An III (6 avril 1795) une proposition de loi :
Article 1er : la peine de mort est abolie pour tous les crimes révolutionnaires, excepté pour les crimes d’émigration, d'intelligence criminelle prouvée avec l'étranger, la fabrication de faux assignats, trahison militaire et provocation à la royauté.
La déportation y est substituée.
Le tribunal révolutionnaire, aussitôt que le procès qui s'instruit contre Fouquier-Tinville sera terminé ne connaîtra plus que les délits portés en article premier.
C’est donc la raison pour laquelle les individus suspects de royalisme – le 10 mars 1796 « ils » ont ajouté le serment de haine à la royauté et à l’anarchie – sont passibles de déportation. Bien entendu ils ne seront pas déportés vers les cieux idylliques de Guadeloupe ou de Martinique, françaises depuis Louis XIII ; ils seront envoyés vers la Guyane et dans ses marais les plus infects pour une mort à petit feu pour le plus grand nombre.
La Décade commandée par le capitaine Villeneau a quitté Rochefort le 25 avril 1798 débarquant, le 15 juin, son lot de 241 déportés (L‘abbé Saintray, du diocèse de Paris est mort en mer et son corps immergé) composés de :
- 191 prêtres ou religieux, et 50 divers :
- 7 politiques, 1 avocat, 1 boutonnier, 2 cordonniers, 2 cochers, 1 cultivateur, 1 ancien député des 500, 3 domestiques, 1 droguiste, 1 graveur, 2 journalistes,1 marchand, 1 ancien Mousquetaire, 1 musicien, 2 nobles, 1 ouvrier, 1 ancien parlementaire de Bretagne, 2 perruquiers, 6 officiers (marine, infanterie, gendarmerie), 10 sans précision, 1 suspect d’espionnage, 1 vigneron, 1 tailleur.
Dans un précédent article nous avons vu que la Bayonnaise commandée par Richer avait débarqué 132 déportés, 4 étant morts en mer.
- 6 août mort de l’abbé Matthieu Picard curé de Rupéreux, diocèse de Sens. Il avait rétracté le serment. Arrivé le 15 juin sur La Décade, il meurt dans les marais de Sinnamary à l’âge de 59 ans.
- 14 août mort de l’abbé Jean Sourzac, né le 17 février 1745, curé de Salignac dans le diocèse de Tulle. Il a été mis à Konamama, sur une île après son débarquement du 15 juin. Il devient subitement fou et se noie ; il avait 53 ans.
- 17 août, l’abbé Guillaume Kerckhofs natif de Bruxelles, oratorien à Malines, arrivé sur
La Décade meurt à Cayenne ; il avait 40 ans.
- 18 août, l’abbé Calixte Caillac (ou Caillat) né en 1768 à Cahors, curé de Lauzerte dans le Tarn et Garonne, également professeur à Cahors n’avait prêté aucun serment ; débarque le 15 juin il meurt à Approuage d’épuisement et de malnutrition ; il avait 36 ans.
- Jour indéfini d’août, l’abbé Delestre, natif de Neufchâtel en Bray en Seine Inférieure, principal du collège de Rouen, débarqué de La Décade le 15 juin, décède à Makouria à l’âge de 37 ans.
- 22 août, L’abbé Jean-Joseph Reyphins délégué épiscopal de Stalège (Alveringem) dans le diocèse d’Ypres, meurt en mer sur La Bayonnaise et comme les autres victimes est jeté par dessus bord. Il avait 39 ans.
- 23 août, l’abbé Charles Marcé (ou Macé) curé de Saint Privat d’Allier dans le diocèse du Puy meurt en mer sur La Bayonnaise. Son âge n’est pas connu. Il est jeté par dessus bord.
- 26 août, le chanoine Pierre-Alexandre Traynier, curé de Saint Sornin, du Chapitre de La Rochelle, meurt en mer sur La Bayonnaise. Son corps est jeté par dessus bord.
- 27 août, l’abbé Ignace Moutiès (ou Moutils) curé de Thoux dans le diocèse d’Auch, mort en mer sur La Bayonnaise. Passé par dessus bord.
- 29 août, l’abbé Louis-Bernard Rossignol né à Coucy le château (Aisne), débarqué de La Décade, décède à Approuage à l’âge de 54 ans. Il était curé de Bassoles-Aulers dans le diocèse de Soissons où il avait reçu des mains du dernier Abbé des Prémontrés, le Père André Batteux, les reliques du fondateur le bienheureux Hugues de Fosses ; il les avait inhumées dans le chœur de l’église en 1794. Une autre source le donne comme diacre à Saint-Paul-Saint Louis à Paris ce qui semble peu vraisemblable.
Sur ces 310 prêtres et religieux 160 vont mourir dans le dénuement le plus total jusqu’en juillet 1801. La majorité est de l’Est, du Centre, du Sud de la France, de Bretagne et de Normandie ou de Belgique. 1 de Luçon.