Dans le Larousse 1989, le terme ramasser une pelle est français et s'utilise en langage familier dans le sens de chuter lourdement, tomber durement.
Ce terme peut donc être considéré comme faisant partie du vocabulaire révolutionnaire.
Il s'applique, en ce 18 juin 1815, à l'empereur Napoléon qui signe là sa plus grande défaite, dans le sang des SEPT MILLE morts et des dix huit mille blessés 8 mille prisonniers de cette monstrueuse boucherie, qui opposa 86.000 Impériaux à 113.000 Alliés (anglo-prussiens) selon le site de Waterloo. Certes cette boucherie fut moins importante qu’à Eylau (plus de DIX Mille morts) ou la redoutable retraite de Russie (Ils partirent plus de SIX cent mille et revinrent VINGT mille !!!).
Selon d’autres sources, proches des bonapartistes, 5.000 morts, 18.000 blessés, 10.000 prisonniers impériaux sont cités
Avant la défaite et la déroute, comme lors de la retraite de Russie, l’Empereur aura quitté le champ de bataille et regagné Paris.
Rappelons quand même qu’au milieu de ce massacre le remarquable Dominique Larrey, chirurgien du champ de bataille et créateur des ambulances chirurgicales mobiles a sauvé un très grand nombre de blessés qui seraient morts sans ses interventions. Il évitera de peu d'être fusillé par les Prussiens et devra la vie sauve à Blücher dont il avait soigné le fils.
QUEL BILAN ?
Cet empereur républicain aura parachevé l'œuvre mortifère de la révolution. Il est encensé pour le "Code Napoléon" en réalité œuvre des Rois et de la Convention qu'il a perfectionnée et que seul un dictateur pouvait faire appliquer.
On lui doit le rétablissement de la torture, abolie sous Louis XVI, particulièrement par "serrage de pouce": cela consiste à mettre la phalange du pouce du coupable (ou présumé coupable) entre le chien et le bassinet d'un pistolet à silex et à appuyer sur la détente. Moyen infaillible pour convaincre de parler. Méthode infaillible qui rendit bavard le taciturne Picot à la prison de l’abbaye en 1804. (Cadoudal sera, sur ordre de Réal cornaqué par le 1er Consul, préservé de toute torture lors de son arrestation en mars 1804).
Napoléon signe sa chute définitive le 22 juin. Il laisse derrière lui plus d'un million de morts et autant d'invalides (le chiffre oscille entre 400 mille et 1.100.000 selon que l’on est ou pas bonapartiste), un pays à moitié envahi par l'ennemi, qui n'était, sous les Rois, qu'un adversaire - ce qui est différent - et, en signant sa chute par son abdication, il mettra fin à 23 années de guerres incessantes et meurtrières.
L'expansion des idéaux de la bienheureuse révolution, généreusement répartis sur l'ensemble de l'Europe, aura causé une multitude de destructions humaines, agricoles, immobilières. Mais l'Empereur garde toujours une popularité certaine. Peut-être que s'il avait été allemand sa popularité eût été différente ? Ah ! Oui vraiment, Liberté-Egalité-Fraternité, que de bonheurs on a fait en votre nom !
Son débarquement sur la côte de Golfe Jouan fin mars aura permis d’assister à un spectacle lamentable de retournements de vestes successifs, du simple soldat jusqu’au maréchal, du fonctionnaire basique au ministre sans état d’âme et sans convictions réelles. Mais notre époque ne peut pas le leur reprocher. Comme le disait avec cynisme l’homme politique Edgar Faure (GOF et abolitionniste du latin en septembre 1968) spécialiste du retournement de veste : ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent qui change !
Waterloo termine cet épisode étrange de la fin de carrière d’un habile politicien-militaire qui n’aura jamais l’occasion, faisant mentir le dicton, de signer une troisième abdication.
Waterloo ne fut pas une défaite pour tout le monde : Nathan Rothschild a fait de bonnes affaires financières en spéculant sur la défaite de Napoléon à Waterloo mais aussi en annonçant auparavant la défaite de Wellington ce qui entraîna un marasme pour la Livre Sterling qui atteint son cours le plus bas et qu’il racheta alors par énormes quantités. Trader avant l’heure ! De cela on est sûr. Mais beaucoup de légendes ont été propagées sur les moyens. Il n’était pas à Waterloo, il n’a pas traversé la Mer du Nord en pleine tempête après avoir soudoyé un pêcheur, il n’a pas envoyé de pigeon voyageur. Si le volume d’enrichissement n’est pas formellement établi il est quand même très important, entre plusieurs dizaines et un million de Livres (1815 !).
Une note en bas d’un courrier à lui envoyé par un nommé John Roworth (son agent présent sur place, proche parent de l'ancien maire de Nottingham) confirme quand même : «J'ai été informé par le Commissaire White que vous avez bien fait par les premières informations que vous aviez de la Victoire acquise à Waterloo ».
Ce qui est certain c’est l’absence de sentiment du financier.
« Vieillard, chapeau bas, ce passant fit sa fortune à l’heure où tu versais ton sang. Il jouait à la baisse et montait à mesure que notre chute était plus profonde et plus sûre. Il fallait un vautour à nos morts, il le fut. Un million joyeux sortit de Waterloo ; Si bien que du désastre il a fait sa victoire, Et que, pour la manger, et la tordre, et la boire, Ce Shaylock, avec le sabre de Blücher, A coupé sur la France une livre de chair. Or, de vous deux, c’est toi qu’on hait, lui qu’on vénère ; Vieillard, tu n’es qu’un gueux, et ce millionnaire, C’est l’honnête homme. Allons, debout, et chapeau bas ! » Victor Hugo
Des charniers contenant les squelettes des soldats de l’armée napoléonienne sont régulièrement découverts et marquent les itinéraires de l’Ogre en Europe de l’Est. Un des plus importants a été celui de Vilnius en 2001 contenant les restes de trois mille personnes qui ont été déposés dans le cimetière de la ville.
Contrairement à ce que prétend un loufoque adepte des déplacements d'ossements humains, les militaires tués sous les guerres napoléoniennes sont toujours là où ils sont tombés.