Réflexion:
Destruction d’une église : l’exemple de Gesté (49). Quelle réaction des catholiques ?
A Gesté, le 1 février 1794, l’armée des Révoltés Vendéens commandée par Nicolas Stofflet inflige une lourde défaite aux troupes républicaines qui, le 5 février, commandées par un lieutenant de Turreau, Cordelier, reprennent le bourg, massacrent les habitants et mettent le feu aux maisons ainsi qu’à l’église du XVème siècle. Au Plessis 300 personnes sont fusillées ; essentiellement des enfants, des femmes, des vieillards. Il est utile de préciser que ces victimes n’étaient pas des combattants !
La restauration du bourg va se faire doucement ; l’église est « replâtrée » à partir de 1802, la nef est finalement reconstruite en style néo-roman à partir de 1843 ; un nouveau clocher est inclus dans la construction. La consécration de cette partie a lieu en 1851. L’architecte est Ferdinand Lachèze. Un nouvel architecte agrandit l’édifice une seconde fois en style Néo-gothique. L’église Saint Pierre aux Liens est consacrée par l’évêque du Mans Mgr Charles Fillion et Mgr Guillaume Angebault évêque d’Angers. Huit autres églises portent ce vocable en France.
Le style Néo-gothique, décrié par les ignorants ou par les destructeurs en puissance, est un art architectural à part entière. Il s’inspire du gothique par l’élévation de ses voûtes, l'utilisation de la croisée d’ogives, et la finesse des structures. L’utilisation de la brique creuse permet de diminuer la poussée de la voûte sur les murs, ne demandant ainsi que de fins contreforts et diminuant le coût de construction. Nouveauté: La charpente associe les poutrelles métalliques et le bois : élasticité, résistance aux bourrasques, homogénéité de l’ensemble de la couverture qui culmine à grande hauteur, pression moindre du poids de la charpente sur les murs.
Mais un minimum d’entretien est nécessaire comme pour toute construction !
Rien que dans le Maine et Loire trois églises du XIXème siècle, non classées pour l’instant, sont sur la liste des prochaines euthanasiées avec l’assentiment de l’évêché (qui pourrait devenir ainsi un des principaux actionnaires de l’entreprise de démolition Occamat) : Une dans les Mauges (mais cela m’a été démenti, pour l'instant, par le Secrétaire de Mairie) et deux près de Segré (Sainte Gemmes d’Andigné et La Ferrière de Flée) et une du début XXème : l’église Saint Hilaire de Mortagne-sur-Sèvre en Vendée. D’autres sont visées en d’autres régions de France, celles qui sont classées sont protégées. Pour l’instant.
Toutes les églises du XIXème siècle on été financées par leurs paroissiens. La connaissance de ces divers éléments : construction, style, financement, entretien devraient être connus par les catholiques (et par les municipalités) même si certains clercs veulent les ignorer.
Les catholiques devraient aussi savoir que les églises ne sont pas des édifices ordinaires : Elles ont une âme, elles sont une personne. En latin église se dit ecclesia (genre féminin) et non templum (neutre). C’est pour cela qu’avant leur entrée en fonction elles reçoivent l’onction sacrée du Saint-Chrême, ce qui n’est pas le cas pour une chapelle ordinaire simplement bénite. L’église aurait du être désacralisée puisqu’elle allait être détruite. L’évêque Delmas dit que non car sur le même terrain sera reconstruite une église. L’église qui est consacrée ; le terrain n’est que bénit. De plus ce n’est pas une église qui sera rebâtie mais « un lieu de culte » comme cela me fut précisée par deux adjoints au maire, le lundi 26 août, en mairie.
Ceci montre la méconnaissance des règles canoniques ; que les fidèles de base ne les sachent pas, c’est acceptable. Que le clergé, évêque du Maine et Loire en tête, l’ignore, c’est grave car il participe à des actes sacrilèges de profanation. Ce cas n’est pas isolé.
La responsabilité de Pierre Pouplard, curé est grande ; il a fait miroiter le fait d’une église « sympa », conviviale, bien chauffée. A sa suite certains « catholiques » dont un ancien Conseiller municipal (ayant lui-même détruit son château du XIXème, celui de ses ancêtres) qui avait monté un dossier pour la destruction dès 1995 !
Quand au Premier magistrat de la commune, Léger, sa responsabilité est totale ; de plus, il s’est carrément assis sur les décisions des organismes représentatifs et de celles de la Justice !
Que faire ? Le laxisme et l’anesthésie sont généralisés dans notre pays. Dans le cas de municipalités décidées à détruire une église, l’opposition n’est pas de tout repos. Gesté est emblématique du climat pourri – avec hélas ! l’aide du prêtre affectataire - créé par l’existence d’un climat diffamatoire contre les opposants à la destruction (voir article de Presse ci-dessous) Je l’ai constaté ayant moi-même entendu, hier, un : « qu’est ce que ça peut vous faire, vous n’êtes pas de Gesté !» balancé par une responsable de l’Equipe d’Animation Paroissiale ; et une autre : « avec les piliers on ne voyait rien » ! (avec cette dernière saillie, c'est l'ensemble des églises nationales qui est visé!).
Mémoire Vivante du Patrimoine Gestois, s’est bien battue sur le plan légal pour défendre l’église ; elle avait même proposé de participer aux frais de restauration : elle en avait amplement les moyens. Elle est pour moi une référence. Mais ce n’est pas suffisant.
Avant toute chose, lorsque l’Association de défense du patrimoine est constituée, il faut exiger du maire un référendum comme à Plounerin ou à Plouagat, dans les Côtes d’Armor ; dans le secret de l’isoloir les gens retrouvent, souvent, le courage de leurs opinions. Lorsque l'on a un maire intelligent, non obsédé de destructions, soucieux du patrimoine de sa commune, tout s'arrange. Et lorsqu’il faut payer la note on s’aperçoit, comme à Plounerin, que le devis de réparation avait été sérieusement gonflé. Qui triche ? Les Destructeurs, les architectes reconstructeurs ?
A Gesté, la démolition de l’église a été faite, sur un coup de force, dans l’illégalité la plus totale dans la désobéissance à l’interdiction de démolir (DRAC, Conseil d’Etat, Tribunal administratif de Nantes, Juge des Référés). Un gendarme auprès duquel j’évoquais ce fait me répondit que j’avais raison mais : « je me voyais mal emmener le maire les menottes aux poignets ».
Il faut constituer des Associations de défense, voire engager des Associations dont ce n’est pas la destination à s’en occuper. Ce qu’a fait le Souvenir Chouan de Bretagne au nom de ses statuts culturel et historique.
Ensuite il ne faut pas hésiter à exiger des mairies l’entretien des églises au titre de leurs obligations à l’égard d’édifices volés en 1905, exiger des devis de réparation par plusieurs entreprises, comme cela n’a pas été le cas à Gesté, « tourmenter » l’évêque du lieu et le curé concerné, tous deux affectataires, et dont l’avis est important dans la décision finale.
Enfin rappeler, comme je l’ai fait à Gesté, que l’édifice reconstruit ne peut pas être une église : c’est interdit par la Loi de 1905. Ce sera un lieu de culte. Alors pour quel culte ? Pour la Scientologie, les Témoins de Jéhovah, les protestants, les musulmans, les Catholiques ?
L’église de Gesté n’est plus maintenant qu’un souvenir, il en reste de nombreux documents visuels ; il faut maintenant éviter que son sort ne devienne celui d’autres églises. Ces édifices sont l’âme d’une ville ou d’un village, un repère dans le paysage, une page de l’Histoire de lieux, ils sont installés dans des communes mais ils appartiennent au département, à la région, au pays tout entier, au patrimoine.
Au patrimoine mondial même: le trésorier de MVPG m'a confirmé qu'un organisme des U.S.A pouvait donner 500 mille dollars pour réparer l'église de Gesté. Le Maire, Turreau-Léger, a refusé.