L'AMIRAL DU CHAFFAULT EST GUILLOTINE, IL Y A 230 ANS !

Publié le par culture

L'AMIRAL DU CHAFFAULT EST GUILLOTINE, IL Y A 230 ANS !

Vendredi 20 décembre 1793, l'Amiral-Comte Louis-Charles du Chaffault est guillotiné à Nantes, sur la place du Bouffay où se tient l'instrument de mort depuis des mois.

L'Amiral a été pris par les Bleus dans son château de Melay, près de Montaigu, conduit à Nantes où il est emprisonné puis exécuté à l'âge de 87 ans. Il fut un très grand officier de la Marine royale de Louis XV puis de Louis XVI. Son tort ? Avoir pris le parti, malgré son grand âge (pour l'époque) des Révoltés contre la révolution et la Convention jacobine.

C'est une note en bas de la page 665 de la réimpression en 1994, par l'excellente maison d’Éditions Pays et Terroirs à Cholet, de l'ouvrage Histoire de la Vendée militaire, tome IV écrite par Jacques Crétineau-Joly.

Je gardais cette information sous le coude, car c'est un Scoop !

Lorsque,  en fin de la journée consacrée à la remémoration des Noyades de Nantes le 18 novembre, j'évoquais au manoir de Luzançais la mémoire de l'amiral du Chaffault qui y était décédé je ne faisais pas d'erreur.

L'AMIRAL DU CHAFFAULT EST GUILLOTINE, IL Y A 230 ANS !

De même qu'à Savenay ce 16 décembre j'évoquais le texte rabâché par tout le monde, "historiens" compris, de la fameuse phrase de Westermann déclamée à la Convention en 1794 "Il n'y a plus de Vendée, citoyens républicains, elle est morte sous notre sabre libre avec ses femmes et ses enfants [...] je n'ai pas un prisonnier à me reprocher, j'ai tout exterminé [...] Nous ne faisons pas de prisonniers ; il faudrait leur donner le pain de la liberté et la pitié n'est pas révolutionnaire".

Surnommé "le boucher de la Vendée" Westermann a été guillotiné le 5 avril 1794 ; non à cause de ses crimes (cela importait peu à la Convention) mais avec les dantonistes qui auraient peut-être eu des pensées contre révolutionnaires, comme cela sera aussi reproché à Carrier en novembre 1794.

Westermann n'a jamais écrit (et non déclamé à la tribune) dans son rapport d'activité à la Convention ce texte ; le vrai a été lu, samedi 16, devant le monument contenant les restes des combattants et non-combattants de l'Armée Catholique et royale. Westermann  l'écrit "Nous y fîmes une boucherie horrible...tout tomba en notre pouvoir [...] partout on ne voyait que des monceaux de morts. Je me suis attaché à quelques pelotons de cavalerie et d'infanterie qui s'étaient sauvés sur la gauche ; tous furent noyés ou taillés en pièces. [...] Dans la banlieue de Savenay seul, plus de six mille ont été enterrés. [...] détruite dans douze jours par le génie et le courage des soldats républicains qui ont amassé des trésors des dépouilles des ennemis de la république.

Ce n'est pas un écrit de tendresse ; c'est le récit d'un combat sans pitié mais très éloigné de celui qu'en fait Jacques Crétineau-Joly dont l'historien (vrai) La Gournerie met en (fort) doute la véracité des écrits. Ce récit se trouve dans les archives, Vendée et Nationales.

Alors l'Amiral du Chaffault ? Il est mort dans une misère extrême le 29 juin 1794 comme en fait foi son acte de décès aux Archives départementales de Loire-Atlantique. Qu'il ait été guillotiné est encore une invention de Crétineau-Joly, comme pour Westermann.

Le onze messidor an deux de la république une et indivisible à cinq heures du soir, devant moi Mathurin Gaignard, officier public, pour constater l’état-civil des citoyens, ont comparu en la maison commune Marie-Françoise Louis, gardienne de la maison d’arrêt dite Luzancé, âgée de  quarante cinq ans et Jeanne Guibert, garde-malade, âgée de cinquante trois ans, demeurant section de la concorde rue de la commune, lesquelles m’ont déclaré que Louis-Charles Duchafaud, né à ci-devant Saint Léonard de cette commune, veuf de Pélagie La Roche Saint-andré, ci-devant Chef d’escadre, est décédé ce jour à midi en ladite maison d’arrêt où il était détenu âgé de quatre-vingt sept ans. D’après cette déclaration le procès-verbal de Charles Pierre Richard, commissaire de police qui s’est assuré du décès dudit Louis-Charles Duchafaud j’ai rédigé le présent acte lesdits jour et an sous le seing de la première comparante et témoin, la seconde a déclaré ne savoir signer

 

Les écrits de Crétineau-Joly sont repris par des écrivains pas trop scrupuleux ; plus récemment, il y a une dizaine d'années, dans son ouvrage, l'écrivain "spécialiste" des Guerre de Vendée mettait bien dans la bouche de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) " ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d'en élire un autre" alors que ce texte est de Bertolt Brecht 1898-1956, (in Solution, 1953).

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