SAMEDI 16 DECEMBRE, JOURNEE DU SOUVENIR DE LA BATAILLE DE SAVENAY.

Publié le par culture

SAMEDI 16 DECEMBRE, JOURNEE DU SOUVENIR DE LA BATAILLE DE SAVENAY.

Samedi 16 décembre 2023, nous avons mis nos pas dans les derniers de ceux de l'Armée Catholique et Royale allant vers son funeste destin à Savenay le lundi 23 décembre 1793.

Ils sont encore une douzaine de mille, combattants et non combattants.

Le 19 décembre à 9 heures du matin ils sont arrivés à Blain, éreintés par un long périple de 62 jours depuis la traversée de La Loire à Saint Florent Le Vieil le 18 octobre. Depuis le 16 décembre ils n'ont plus de généralissime. Monsieur Henri, accompagné de Stofflet, de Pierre-Louis de La Ville Baugé (29 ans) et d'autres officiers, ont traversé  le fleuve à Ancenis pour essayer d'aller chercher des embarcations sur la rive gauche de La Loire. Si eux réussissent, leur projet avortera en raison de la présence de canonnières républicaines.

Ceux qui restent sur la rive droite se dirigent donc vers Blain ; ils subiront la perte de 200 personnes au village de Les Touches sous les coups de Westermann, puis à Nort sur Erdre. A Blain ils sont réconfortés par la population et logés ; Fleuriot de La Freulière (BMS 1738 3E 3/6) et Philippe de La Trémoïlle dans la maison de Madame Blanchard de La Brosse, Madame de Lescure et sa mère dans la maison Varsavaux (actuelle pharmacie), Mademoiselle Guerry de Beauregard dans la maison Bizeul (en bas à droite de l'actuelle rue du château). Les autres se répartissent chez l'habitant, dans l'église ou le château des Rohan, où l'on dépose aussi les blessés, sur la rive gauche de L'Isac. Le pont qui enjambe la rivière n'est pas, et ne sera pas, détruit contrairement à ce qui est parfois écrit (il le sera seulement en 1830).

Nous sommes là, afin de débuter notre périple mémoriel, dans cette maison La Brosse ( XVIIIème siècle) dans des conditions d'éclairage presqu'identiques (faute d'électricité nous nous éclairons avec deux lampe-torches) où se sont réunis, le 20 décembre, les derniers officiers, dont Lyrot, pour élire le généralissime. Jacques-Nicolas Fleuriot (55 ans) est élu à la grande déception d'Antoine-Philippe, prince de Talmont (28 ans), qui frappe le sol d'un violent coup de talon.

Peut-être aurait-il mené les survivants de l'Armée Catholique et royale vers Redon plutôt que vers Savenay ? Certains l'ont fait, passé le gué de Sainte Anne (sur Brivet) puis passé La Vilaine en face de Rieux. Nous quittons cette pièce, restée dans son état originel pendant 200 ans, malgré les différents occupants dont la Wehrmacht, la Gendarmerie puis un petit laboratoire pharmaceutique.

Outre cette pièce il y a aussi l'émouvant et bel escalier en bois avec sa rampe ouvragée témoin de cette Histoire.

SAMEDI 16 DECEMBRE, JOURNEE DU SOUVENIR DE LA BATAILLE DE SAVENAY.

Nous avons quitté Blain pour rejoindre notre lieu de restauration, le moulin de Chaugenêts à Saint Etienne de Montluc. Pourquoi cet endroit ? Ce moulin a été bâti en 1544 ; pendant la révolution il fut une maison amie et relais pour les Chouans de la région. Une chouette gravée dans le granite était leur repère. Nous avons passé dans cette crêperie un moment agréable avec des galette et crêpes délicieuses arrosées de bon cidre.

A la fin du déjeuner le Président du Souvenir Chouan de Bretagne a pris la parole pour remercier les participants, dont certains venus de loin, de leur présence mais qui ne représentaient quand même que 0,5% des victimes. Remerciements aussi au Souvenir Vendéen, qui par l'action de son administrateur Charles Coyac, s'est rapproché du Souvenir Chouan de Bretagne dont c'était le souhait depuis des années ce qui n'avait pu se faire à cause de certains. Le Souvenir Vendéen avait prêté sa sonorisation (qui fera défaut à Rohars). Cette commémoration du massacre de Savenay est la deuxième réalisée ensemble, après les Noyades de Nantes. Remerciements aussi à Sainte Claire qui, par l'intercession de ses Sœurs Clarisses de Nantes, nous avait donné, une fois de plus, du beau temps. Que l'on pouvait en sourire mais que c'était la 31ème fois. Les consignes de trajet furent données.

Malgré les directives données beaucoup des participants sont partis pour Savenay alors que je devais mener le convoi. Ce qui fait que personne n'a vu la fameuse chouette ! Dur, dur !

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Ceux qui m'avaient attendu sont arrivés au bon endroit de Savenay, la croix dite des Vendéens. Il a fallu attendre que ceux qui étaient partis en avance, devenus retardataires, soient présents pour entendre un exposé sur ce monument et le caveau qui, depuis 1881, recouvre les ossements des victimes du 23 décembre. (Ce monument a été rétrocédé au Souvenir Vendéen il y a de nombreuses années). Le Salve Regina a été chanté avec ferveur. La vraie déclaration de Westermann, selon son rapport à la Convention,  a été lue ; totalement différente de celle inventée par Crétineau-Joly. Les archives sont les archives. Puis nous sommes partis pour la butte de Sem.

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Dans les granges que l'ont voit encore furent enfermées 600 à 700 personnes : des femmes, des enfants, des vieillards et des combattants qui s'étaient rendu contre promesse de vie sauve et qui furent tous fusillés, ou plutôt abattus au bord de fosses ouvertes dans une prairie proche et comblées. Exhumés en 1814 (ou 1816 autre source) ils furent inhumés dans le cimetière de l'église. Lorsque l'église fut reconstruite et le cimetière supprimé les restes des victimes furent déposés dans un caveau dans le nouveau cimetière. Il y eut pendant un temps un chapelet récupéré dans les mains d'une femme ; mis, à l'église, dans les mains de Saint Joseph il a disparu.

SAMEDI 16 DECEMBRE, JOURNEE DU SOUVENIR DE LA BATAILLE DE SAVENAY.

Nous sommes ensuite allés voir la maison ou Madame de Lescure, ses deux filles et sa mère Madame de Donnissan furent accueilles et cachées par un homme généreux, Cyprien Lesage, jusqu'en avril 1794 avant de partir se réfugier au Dréneuc en Fégréac.

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Nous avons repris nos montures afin de terminer au port de Rohars sur La Loire, en dessous de Bouée, où le passeur courageux Jean Legland fit passer le fleuve, à ses risques et périls, en plusieurs voyages répartis sur des semaines, 1258 personnes, au minimum comme il le précise dans ses mémoires dictées à son fils en 1834. De là les rescapés de la boucherie de Savenay ont pu reprendre espoir en voyant, à plus d'un kilomètre, le rivage les rapprochant de leur pays. Le mémoire de Jean Legland, qui avait 31 ans en 1793, a été lu aux derniers présents de cette balade ; tous ont été émus par l'abnégation de ce jeune homme "qui n'a pas reçu un sous" et qui "a même donné à manger et à boire et pour rien". Il a rapatrié l'abbé Bernier auquel il rapporta, en 1796, le calice, la patène et les chandeliers qu'il lui avait confiés en garde. "Il me fit dîner avec lui pour toutes récompenses".

"Il n'y a donc que Dieu qui pourra me récompenser de mon grand courage et de ma bonne action".  Jean Legland est décédé le 8 juillet 1848 à l'âge de 86 ans.

Nous avons terminé notre journée du souvenir sur ce beau témoignage d'abnégation et de charité chrétienne.

Je regrette simplement que certains se soient esquivés sans dire ni merci ni au-revoir ! Par contre je remercie tous les participants et particulièrement ceux qui sont restés jusqu'au bout.

Merci aux Chouans fidèles par leur présence habituelle : Jean-Pierre et Isabelle, Baudouin et Roselyne, Marie-France, Charles.

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