BALADE EN PAYS DE RETZ.

Publié le par culture

BALADE EN PAYS DE RETZ.

A l'occasion d'un rendez-vous j'ai franchi la Loire le 26 juillet. Je suis allé ensuite découvrir une œuvre d'art que je désirai voir depuis longtemps : le maître-autel présent dans l'église Saint Louis de style néo-byzantin de Paimbœuf, superbe pièce, en marbres italiens de différentes teintes (blanc, violet, brun, vert)  du XVIIIèm,e siècle, autel réalisé pour l'abbatiale Notre Dame de Buzay. Il est acheté par la municipalité de Paimboeuf et installé en 1792, après la fermeture et le renvoi des moines de ladite abbaye cistercienne en 1790. dans l'ancienne église avant d'être conservé (Dieu Merci !) dans la nouvelle consacrée en 1913. Cet autel est surmonté d'un magnifique tabernacle en marbre de Carrare d'une hauteur d'1,17 mètre.

BALADE EN PAYS DE RETZ.

Ayant habité près de quatre ans à 20 Km de là je découvrais hier pour la première fois, à Vue, le château, du moins ce qu'il en reste, de La Blanchardais, ou Blanchardaye, du XVIème-XVIIIème siècle. Il ne semble pas avoir été incendié à la révolution contrairement au bourg voisin de Vue. Il sera un temps dans la famille de Dion-Bouton, génial inventeur automobile , il arrivera dans d'autres mains par la suite. C'est l'incurie humaine, la bêtise et le lucre qui l'ont mis en cet état ; il ne reste que la partie droite le pavillon central et l'aile gauche ont totalement disparu et il ne reste qu'un élément tronqué de la tour de gauche (pour la photo j'ai fait disparaître une maison!). Il ne reste d'à peu près intacte que la fuie de 1585...et encore ; une menuiserie est greffée sur elle. Cette fuie pouvait recevoir 2600 pigeons.

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BALADE EN PAYS DE RETZ.

Le dernier propriétaire à la révolution est Charles-François Danguy seigneur de la Blanchardaye, domaine arrivé dans sa famille en 1758. Charles-François, né en 1730, est un ancien militaire qui fut capitaine d'Infanterie du Soissonnais puis de Bassigny ; il est chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint Louis, ce qui n'est pas rien !  c'est un vrai noble avec blason.

BALADE EN PAYS DE RETZ.

1793. Il vit tranquille, peinard dirions-nous maintenant, s'occupant de gérer ses 300 hectares de terres ; il exècre la révolution parisienne mais semble, comme beaucoup de hobereaux, dépassé par les évènements et le climat délétère qui s'est installé en France. La révolution a fait main basse sur tout ce qui était militaire et lui, l'ancien militaire, ne croit qu'à une opposition militaire ; hors les officiers ont émigré. Pour son malheur les paysans, qui se sont soulevés dans le Pays de Retz (qui n'est pas encore appelé La Vendée) au nom de leurs libertés y compris la Liberté religieuse à Vue, Chauvé, Rouans, Saint Père en Retz et autres paroisses, viennent le sommer de se mettre à leur tête pour les mener au combat contre la municipalité de Paimboeuf,  siège de tous leurs maux, le 12 mars 1793.

Agé de 63 ans, mal voyant, affaibli par une vie militaire bien remplie il essaie de les raisonner ; rien à faire et menacé il accepte de se mettre à la tête de ces braves gens plus aptes à braconner et à défier les gardes forestiers du Roi qu'à se comporter en soldats. Il avait prévenu qu'il rentrerait chez lui avant le coucher du soleil à cause de sa mauvaise vision ce qu'il fera après l'échec de l'attaque non à cause du nombre mais par le fait de la désorganisation des troupes paysannes qu'il a bien essayé d'organiser mais sans succès. Il rentre chez lui  tout en essuyant un coup de sabre et un coup de pistolet de gendarmes à sa poursuite.

Le 30 mars il envoie un courrier à son frère pour régler quelques affaires.

Le 31 mars il est arrêté à son domicile et emmené à Paimboeuf où il se justifie ; il est remis en liberté. Mais le lendemain 31 mars le procureur-syndic de Paimboeuf fait appel de la décision par la loi du 19 mars (POSTERIEURE AUX FAITS!) lui étant applicable. Il est arrêté de nouveau et envoyé  à la prison du Bouffay à Nantes. Il passe devant le "tribunal" de Phélippes Tronjolly  (François- Louis Phelippes de Coatgoureden de Tronjolly, de son vrai nom d'antique noblesse ! le sanguinaire que l'on retrouvera à charge contre Carrier en novembre 1794 !) le 6 avril 1793. Il n'a pas d'avocat, cela n'existe plus. Il expose les faits, en toute confiance. Le "tribunal" ne peut excuser sa démarche en fonction de ses infirmités et qu'il a été contraint de le faire ; il a concouru à maintenir les révoltes et émeutes. Il est condamné à mort et guillotiné (et non fusillé comme on le lit sur certains sites dits d'Histoire) le même jour 6 avril 1793 sur la place du Bouffay.. Il est le premier noble guillotiné en ce lieu. Il avait 63 ans. Son épouse Marie Balzamie de Foyal de Donnery décède à Blois en juin 1797 âgée de 60 ans ; de leurs deux filles, seule Balzamie Danguy de Vue survivra à la révolution et décèdera en 1842. Leur autre fille Marie, qui aura épousé le 20 avril 1789  Claude Louis Marie de Bruc de Cléray, auquel elle donnera deux garçons, sera massacrée le 14 février 1794 près de Beaupreau âgée de 29 ans.

BALADE EN PAYS DE RETZ.

Mon périple s'est poursuivi par La Sicaudais où derrière le maître autel une pierre tombale signale l'existence d'un tombeau dans lequel reposent 20 révoltés tués lors de la répression révolutionnaire après mars 1793. Détour par Chauvé ; dans une chapelle sur la gauche une liste de 217 noms des personnes que l'on a pu identifier sur les 600 du bourg et hameaux alentours disparues lors de la répression par les hordes révolutionnaires. Le bourg sera incendié et même son nom détruit puisque Chauvé deviendra Haxo les Landes (Vue deviendra Ile tortue, Rouans ensanglanté par des massacres deviendra Barra les Marais, Frossay Mont Vineux, Saint Père en Retz sera Fraternité etc.). Il n'y a pas eu que Les Lucs sur Boulogne !

Oui, vraiment, Gloire à la républque sanglante !

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