DOMINIQUE JEAN LARREY, 25 JUILLET 1842.

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DOMINIQUE JEAN LARREY, 25 JUILLET 1842.

Il n'est pas fréquent, au Souvenir Chouan de Bretagne, d'encenser un républicain ; mais Dominique Jean Larrey compte pour notre Association et pour les Chouans particulièrement pour le souvenir de Georges Cadoudal.

Dominique Jean Larrey naît le 8 juillet 1766 et est baptisé le même jour à Beaudéan, département des Hautes Pyrénées, à 28 Km au sud de Tarbes. Il est le fils de Philippine Péres et de Jean Larrey maître cordonnier. Le couple est de condition modeste mais possède une jolie maison dans le bourg ; elle est maintenant un musée à la gloire du grand' homme.

Il est le deuxième enfant d'une fratrie de trois. Dominique Jean bénéficiera de l'instruction que lui apporte le curé du village, l'abbé Grasset, qui remarque très tôt sa vive intelligence. Malheureusement son père décède brutalement à l'âge de 44 ans le 13 novembre 1770 (et non 1779 ou 1780 !) ; Dominique Jean n'a que 4 ans et 4 mois (et non 13 !).

A 13 ans il est confié à son oncle Alexis Larrey Chirurgien en chef à l'hôpital militaire Saint Joseph de Toulouse qui l'inscrit au collège de L'Esquille des Frères de la doctrine chrétienne tout en suivant les cours de son oncle auprès duquel il acquiert ses premières notions de médecine. A 20 ans, en 1786, il est premier au concours d'aide-Major de l'hôpital ; il est initié en maçonnerie dans la loge Ecossais fidèles.

Il part en 1787, à pied, pour Paris où il arrive en août afin de suivre à l'Hôtel Dieu (près de Notre Dame) un enseignement au lit du malade. Et il repart ensuite, toujours à pied, pour Brest afin de postuler pour un poste de chirurgien-Major dans la prestigieuse Ecole de médecine de la Marine royale ; il est classé premier. En attendant son embarquement sur la frégate La Vigilante il s'initie au traitement des blessures et embarque enfin pour Terre Neuve ; il apprend sur le mal de mer, le scorbut mais la vie à bord ne lui convient pas. De retour à Brest il pose son sac et repart pour Paris en 1789 et est reçu premier au concours d'aide-Major à l'hôpital des Invalides.

Il se mêle aux "fermentations" révolutionnaires, suit Camille Desmoulins et perd son travail. Il donne des cours de médecine et d'obstétrique pour vivre.

Après l'abolition de la royauté, le 21 septembre 1792, le cycle infernal des combats de "la libération des peuples opprimés" s'accélère ; il est nommé chirurgien aide-Major à l'Armée du Rhin. Mais la Convention a interdit aux officiers de santé de s'approcher des combats. Il observe donc, à la lorgnette, le déplacement des canons et caissons d'artillerie et lui vient l'idée de remplacer ces équipages par des roulottes permettant d'aller au plus vite secourir les blessés. C'est la que germe en lui l'idée des ambulances du champ de bataille et la possibilité d'opérer en urgence les blessés. Projet qu'il présentera en 1794 mais qui n'aboutira qu'en 1797 à Marengo.

Entre temps il aura inventé la ligature des vaisseaux sanguins évitant à un grand nombre de blessés de "mourir à bout de sang".

Il suit Bonaparte, auquel le lie une grande admiration,  dans ses campagnes  à Le Caire et Aboukir ; il transforme les chameaux en transporteurs de blessés (deux par animal) installés dans des paniers latéraux en osier. Il ne manque pas d'idées pour compenser les pertes causées par son Bonaparte !

Il est sur tous les champs de bataille.

 

DOMINIQUE JEAN LARREY, 25 JUILLET 1842.

On le retrouve à Eylau, Friedland, en Espagne, au Portugal, en Autriche, à Wagram où il procède à 300 amputations en trois jours. Il "fait" la Campagne de Russie côté bien sûr des victimes de la furie napoléonienne, souffre du passage de la Bérézina où ce sont les soldats, reconnaissants de son travail, qui viennent le sauver du froid en l'entourant de paille et de leurs quelques vêtements.

Il est aussi à Waterloo où il est fait prisonnier car les Prussiens ont cru que c'était Napoléon ; découvrant que ce n'est pas l'Empereur ils décident de le fusiller. Il est sauvé in extremis par  un chirurgien prussien qui avait été son élève (d'après "The London and Edimburgh journal for medical science, février 1842 SHD Vincennes avril 2010) ou, autre source,  par Blücher dont il avait sauvé le fils.

Il survit donc à toute l'épopée napoléonienne, est chassé à la première Restauration et réhabilité à la seconde. Il servira sous Louis-Philipe, ira dans le territoire conquis par le comte de Bourmont sous Charles X, l'Algérie, en rentrera malade et décèdera à Lyon car il avait exprimé le désir de revenir chez lui à Paris rejoindre sa femme, Marie-Elisabeth Laville-Peroult avec laquelle il avait assez peu vécu qui lui aura donné trois enfants, deux filles et un fils qui, comme lui, sera chirurgien militaire. Mais il aura appris son décès la veille de sa propre mort.

Il meurt le 25 juillet 1742 à 5 heures du soir à Lyon ; son décès est déclaré  le 26 juillet. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise à Paris. Ses restes sont exhumés le 15 décembre 1992 et inhumés dans la chapelle des gouverneurs aux Invalides.

Tarbes lui a dressé une belle statue en bronze qui rappelle ses nombreux ouvrages médicaux et ses ambulances volantes salvatrices de milliers de blessés.

DOMINIQUE JEAN LARREY, 25 JUILLET 1842.

Pour les Chouans il restera celui qui aura restitué le squelette de Georges Cadoudal ; en effet après son exécution le 25 juin 1804 sur la place de Grève il récupère le corps et le fait bouillir pour enlever les chairs et ne garder que le squelette qui lui servira pour ses cours à l'Hôtel Dieu.
Le 20 juin 1814 Joseph Cadoudal (plus jeune frère de Georges et pas encore anobli -1818) accompagné de Louis-Charles de Sol de Grisolles (Lieutenant général de Georges)  et de Charles d'Ozier rencontrent Dominique Larrey afin d'accorder au Chef Chouan une digne sépulture. Celui-ci leur restituera les ossements (contre espèces sonnantes et trébuchantes d'après Billard de Vaux) avec certificat à l'appui. C'est ainsi que Georges repose en le mausolée de Kerléano alors que ses onze amis...

Le 20 juin 1814:" Je, soussigné, Dominique Larrey, Inspecteur du Service de Santé des Armées, Premier chirurgien de la ci-devant Garde Impériale, déclare être possesseur du squelette (monté en fil de fer) ayant appartenu à la personne de Georges Cadoudal. Je certifie l'avoir remis à Joseph Cadoudal, frère de Georges, De Sol de Grisolles et Charles d'Hozier ses amis, lesquels me l'ont demandé avec insistance". 

Une question demeure : Est-ce que le crâne de Georges à Kerléano est le vrai ? Il ne semble pas correspondre à la taille du squelette ; en effet Dominique Larrey s'intéressait à la phrénologie,  pseudoscience faisant l'analogie entre le volume du crâne et le comportement, et était en relation avec un chirurgien autrichien. Le vrai crâne est-il ailleurs? Pour le moment mes recherches n'ont rien donné. Le moulage du crâne de Georges tel qu'on peut le voir au musée de l'Ecole de médecine de Rochefort pose question.

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