A PROPOS DES SOTTISES DE CLEMENTINE PORTIER-KALTENBACH...

Publié le par culture

A la suite du mini-film mis hier soir sur le Blog quelques lecteurs me demandent des éclaircissements que j'apporte avec plaisir.

Dès le démarrage de l'émission Stéphane Bern commence avec une inexactitude en parlant de Cadoudal "le grand chef vendéen".

Et Clémentine continue avec Cadoudal, dont le nom veut dire (en français et non en breton) "Guerrier retournant au combat",  "Grand héros pendant les Guerres de Vendée", fils de riches laboureurs né à Kerléano en Breche. Un cou de taureau, une armoire à glace, enthousiasmé par  la révolution au début comme l'ont été certains aristocrates mais c'est un royaliste avant tout. Chef des troupes vendéennes en Morbihan.

Cadoudal, dont le nom en français veut dire "Vaillant au combat" est un grand héros de la Chouannerie et non de la Vendée. Il est fils de laboureurs aisés, ce qui ne veut pas dire riches. Il est né à Kerléano village du bourg d'Auray et non de Brec'h (ou Brech). Enthousiasmé est quelque peu excessif disons plutôt que cela ne l'a pas dérangé, quelques mois, car le sentiment de révolte s'est réveillé lorsqu'"ils" ont touché à la religion et aux prêtres. Le terme de vendéen pour le qualifier est totalement inadapté ; Chouan est plus adéquat même si le mot n'est pas encore usité au début du soulèvement. Il a appartenu à la cavalerie des Compagnies bretonnes de Bonchamps mais plutôt dans la région d'Ancenis, territoire de René Palierne de La Hussaudais (qui aurait appartenu à la Coalition du marquis de La Rouërie) responsable du secteur relevant du général de Bonchamps, à la mi-octobre d'après Tanneguy Lehideux (je pense pour ma part au début octobre) afin de sécuriser la rive droite de La Loire.

Clémentine nous dit que c'est une "armoire à glace, nanti d'un cou de taureau". Il est grand, 1,80 m, a le cou un peu fort mais pas de taureau ; Clémentine doit se fier aux croquis réalisés par le dessinateur (et ex-Montagnard) David lors du "procès" de Georges (un cou de taureau ne serait pas passé dans la lunette de la guillotine le 25 juin 1804). Il "mène dans le Morbihan des combats d'escarmouches et de guérilla" qui sont moins mortels pour les Chouans que les combats classiques. Il ne faut pas oublier que ce seront les tactiques de Nicolas Stofflet et de François-Athanase Charette après la sanglante bataille de Cholet (17 octobre 1793).

Elle nous apprend que Georges (comme nous l'appelons) est fait Lieutenant général par le comte d'Artois alors que cela ne sera qu'en mai 1800.

Elle nous parle encore de l'attentat de la rue Saint Nicaise (24 décembre 1800) après lequel Cadoudal se cache "près du Panthéon". Il est à l'époque dans le Morbihan ; il a envoyé Carbon, Limoëlan et Saint Régeant pour envisager une action mais en aucun cas un acte terroriste (il pense plutôt à un enlèvement pour le remettre aux Anglais). Ce sont eux les responsables de la "machine infernale". D’ailleurs dans son"procès"en juin 1804, l'accusation n'apparaît pas.

Il se cache, après être revenu d'Angleterre et avoir débarqué à Biville (à côté de Fécamp), dans le quartier du Panthéon, chez le parfumeur Caron. Il n'est pas dénoncé par un traître ; sous la torture, rétablie par Bonaparte, un de ses amis a parlé. Traqué il essaie de fuir et est stoppé, le 9 mars 1804, par la police, tue le policier Buffet. Quant on lui reproche, lors de son interrogatoire et non lors de son procès, d'avoir tué un père de famille il réplique "Vous n'aviez qu'à envoyer un célibataire". Clémentine nous apprend que l'expression "recevoir une balle dans le buffet" vient de là ; ce qui semble une extrapolation clémentienne du terme buffet, meuble dans lequel on mettait les provisions, et du fait de se nourrir "s'en mettre plein le buffet" donc le corps dans sa partie haute.

L’ineffable Clémentine parle de l'exécution de Georges et déraille dans un étrange commentaire (minute 4) en disant que "Cadoudal demande à être exécuté le dernier, alors que les chefs de bandes (Bravo les bandes !) passaient en premier,  pour que ses compagnons ne puissent pas penser, en mourant, qu'il accepterait pour lui une grâce honteuse". Bonaparte, devenu Napoléon depuis le 18 mai 1804, avait envoyé Réal, son ministre de la police, auprès de Georges pour qu'il demande sa grâce qui lui serait accordée, mais seulement pour lui seul et non pour ses compagnons ; ce que Georges refuse. Prévu pour être le dernier exécuté il demande par contre la grâce d'être exécuté le premier, pour que ses compagnons n'aient pas un ultime doute, ce qui est refusé par Réal. Georges sera exécuté le dernier en criant "Mes amis, je vous rejoins, Vive le Roi". S'il avait été le premier il n'aurait pas crié cela !

Le corps du supplicié est en attente d'un linceul (il n'y en avait que onze de prévus) ; Dominique Larrey, Inspecteur Général du Service de Santé, s’intéressant à la phrénologie (pseudo-science associant la morphologie du visage au comportement psychique) récupère le cadavre et en conserve le squelette pour ses cours de médecine à l'Hôtel Dieu (sur le parvis de Notre-Dame) et non à l'université.

Clémentine nous raconte de belles histoires sur la récupération du squelette de Cadoudal ; ce ne sont pas les Bretons qui réclament Georges pour le mettre à Kernéalo (Kerléano !!!) mausolée qui n'existe pas et dont la construction commencera en 1825 pour se terminer en 1852. Larrey ne rend pas les ossement : Le 20 juin 1814, Joseph Cadoudal, ayant appris où se trouvaient les restes de son frère va les demander à Larrey, accompagné de Louis-Charles de Sol de Grisolles, fidèle Second de Georges qui vient de sortir de 10 ans de geôle, et de Charles d'Hozier. Larrey leur remet le squelette de Georges avec un certificat d'authenticité et la demande d'une forte somme. Les amis demanderont une aide à Louis XVIII qui a élevé Georges à la dignité de Maréchal de camp (Général de Brigade) ; nous ne savons pas si le roi a versé une aide.

Cadoudal, après une messe de funérailles, est inhumé dans un caveau de la chapelle Saint Joseph de l'église Saint Paul Saint Louis. C'est aux alentours de 1825, sous Charles X, que Georges est ramené à Auray. Le mausolée est en construction et Cadoudal est mis, en attendant, dans la chapelle de l'hôpital d'Auray (dont il reste la chapelle dans l'actuelle rue Clémenceau). C'est seulement en 1853, après l'épisode de l'anti-Chouans Louis-Philippe, que Georges reposera dans le mausolée de Kerléano, proche de la maison où il est né et qui n'avait rien à voir avec  le manoir actuel.

Contrairement à ce qu'affirme Clémentine ce n'est pas une descendante mais un descendant collatéral de Georges, 1er adjoint au maire d'Auray en charge de la culture,  qui constate, en entrant, le 2 décembre 1991, dans le caveau avec un journaliste de Ouest-France, que le squelette fildeferré est bien là mais que le crâne ne correspond pas au squelette.

Je me suis renseigné sur ce qu'est devenu le crâne et attend les réponses. Il y en a un moulage dans le musée de l'ancienne école de médecine de Rochefort.

En attendant Clémentine devrait mieux travailler ses dossiers comme elle aurait du le faire lors de ses émissions de Frank Ferrant.

 

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