NOIRMOUTIER, NANTES 1794 IL Y A 225 ANS.

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NOIRMOUTIER, NANTES 1794 IL Y A 225 ANS.NOIRMOUTIER, NANTES 1794 IL Y A 225 ANS.

6 janvier 1794 : le général Westermann a été destitué et rappelé à Paris.

 

Angers, 8 janvier 1794 : le marquis de Donnissan, père de Victoire veuve de Louis de Lescure, future épouse de Louis de La Rochejacquelein, avait pu s’échapper et se réfugier dans la forêt du Gâvre au nord de Blain ; pris à Montrelais (entre Varades et Ingrandes) alors qu’il attendait une occasion favorable pour passer le Loire il est pris, emmené à Angers, jugé selon la forme de l’époque et fusillé.

Le même jour l’abbé Guillot de Folleville qui a usurpé le titre d‘évêque d’Agra est guillotiné. Natif de Saint Servan dans le diocèse de Saint Malo il fait son séminaire à Angers où il est ordonné prêtre en juin 1787 puis fait un cursus universitaire à la Sorbonne. Le 2 avril 1790 il est nommé curé de l’église  Notre Dame de Dol et installé par Monseigneur Urbain de Hercé. Il se révèle extravagant ; il va à l’assemblée municipale demander le titre de citoyen de la ville, prête le serment civique. En avril 1791 il prête serment à la constitution. Il se rétracte avant la fin de l’année. Il va à Paris et s’inscrit au club des Jacobins d’où il part assez vite et va se réfugier dans la région de Poitiers. Il va ensuite suivre l’armée vendéenne après la prise de Thouars où il se trouvait. Il se dit évêque d’Agra. Lorsque la supercherie sera découverte grâce à un Bref du pape Pie VI le silence sera gardé pour ne pas démoraliser l’armée. D’après la Gazette de France « au mois de juin précédent (1793 note SCB), il avait fait son entrée triomphante à Angers et y avait joui de toutes les prérogatives du pontificat jusqu’à recourir à la fourberie de l’apparition du St Esprit sous la forme d’un pigeon blanc pendant la célébration solennelle ».

 

Noirmoutier, 8 janvier 1794. Bourbotte et Turreau : « les représentants déclarent traîtres à la patrie les habitants de Barbâtre qui ont secondé de tous leurs efforts l'entrée des brigands dans Noirmoutier et ensuite ont pris les armes contre les patriotes, et arrêtent que toutes les maisons de leur commune seraient rasées à l'exception de celles qui seraient jugées propres aux établissements publics et à la défense des côtes ».

 

A la même date, Turreau et Bourbotte signent un courrier au Comité de Salut Public annonçant l’exécution des chefs pris sur l’ile. Cela élimine la date du 9 janvier parfois proposée comme le jour de la mise à mort de Maurice Gigost d’Elbée (42 ans), Pierre Duhoux d’Hauterive (48 ans) frère de la femme du généralissime, Pierre Prosper Gouffier de Boisy (43 ans) ami du généralissime, qui avait épousé Suzanne Pépin de Belle Isle en l’église Saint Clément de Nantes et qui avait reçu son ami en son château de Landebaudière (La Gaubretière)  pour se refaire une santé après ses premières blessures reçues à Fontenay. Pierre de Boisy est l’ancêtre direct de André-Jean fidèle membre du SCB. On adjoignit à ces trois condamnés Conrad Wieland (40 ans) pour la simple raison qu’il n’avait pas su résister à l’attaque de Charette en novembre 1793. La date de leur assassinat oscille entre le 6 et le 8 janvier. Maurice d’Elbée tenu alité par son état de faiblesse du aux 14 blessures reçues avant et pendant la bataille de Cholet sera interrogé pendant deux jours par Piet l’adjoint de Dutruy le général au langage Fleury (voir supra). Il fera des confidences (voir dans La Revue de juin 2019) car les Bleus étaient quand même intrigués par « l’inexplicable Vendée ». Dans l’incapacité de tenir debout il sera transporté auprès de ses compagnons d’infortune dans son fauteuil et fusillé, le meuble, visible à travers une vitrine du château de Noirmoutier, gardant les traces des impacts de balles.

 

LE DIMANCHE 5 JANVIER 2014 l'abbé Pierre Chatry, curé de Noirmoutier,  après la messe de l’Épiphanie célébrée avec les ornements blancs, revêtit les ornements violets afin de donner l'absoute. Pas de cercueil contenant un corps mais une plaque de bronze, posée sur une console recouverte d'une nappe blanche, contenant dans son écrit le souvenir des victimes de la réoccupation sanglante de l'île par les Bleus :"au début de janvier 1794, pendant la Terreur, plus d'un millier de personnes ont été détenues dans cette église. Plusieurs centaines ont été fusillées sur la grève de Banzeau. Les corps ont été inhumés sur place, puis dans les dunes de La Claire. Que tous les morts reposent en paix".

L'assemblée fut ensuite conviée à venir voir la plaque; laquelle a été fixée sur le mur gauche du baptistère où était, à l'époque, une porte par laquelle les victimes sont passées pour aller se faire fusiller.

C'est la plus évocatrice bénédiction de plaque à laquelle j'ai assisté en plus de trente ans.

 

NOIRMOUTIER, NANTES 1794 IL Y A 225 ANS.

Nantes 14 janvier 1794, Dominique-Alexandre Jaudonnet de Laugrenière est guillotiné, vers 14 heures, place du Bouffay ; il avait 49 ans. Il aurait, paraît-il, fait auparavant un bon dîner ce qui semble extravagant lui qui se plaignait de ne pas avoir un sol, dans une ville quasi sinistrée où l’alimentation dans les prisons était bien la dernière des préoccupations de la municipalité qui avait des problèmes avec sa pompe à feu pour faire tourner les meules pour moudre le blé et faire du pain !

 

Dans son article du Salon beige en date du 6 janvier le rédacteur fait habiter le marquis d’Elbée à la « Loge de Vaugirard » (au lieu de Vaugiraud), place l’attaque de Nantes le « 23 juin 1793 » (29 juin) où Cathelineau est « mortellement blessé » alors que ce fut grièvement même s’il meurt 16 jours plus tard (14 juillet). Parlant de la Bataille de Torfou il évoque « le massacre de Torfou ». « Il n’y aura pas de prisonniers des deux côtés, c’est un massacre ».

Il  n’y eut pas de prisonniers vendéens à Torfou car ce fut une victoire éclatante et les Bleus n’eurent pas le temps d’en faire ! Lors de la Bataille de Cholet « Bonchamps est mortellement blessé, d’Elbée l’est à 14 reprises ». « Le 3 novembre 1793, 7 000 bleus avancent vers l’île (de Noirmoutier), qui se rend en faisant promettre à Haxo de laisser la vie sauve aux vendéens. La promesse ne sera pas tenue : 1 200 paysans seront massacrés par les bleus… D’Elbée, trop blessé, ne peut se lever de son fauteuil. Qu’importe ! Les Bleus le fusillent dans son fauteuil le 6 Janvier 1794 ». « Dans l’île de Noirmoutier, est encore visible, dans le musée, un vieux fauteuil Louis XV taché de marques noires, du sang vieilli, et percé de balles. C’est celui dans lequel est exécuté le malheureux d’Elbée ».

Banzeau, terre ensanglantée.

Banzeau, terre ensanglantée.

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