NOUVEL ASSASSINAT A NANTES....

Publié le par culture

7 mars 1794: Il y a exactement 220 ans, en date et en temps, les Dames de La Biliais montent à l'échafaud dressé place du Bouffay.

Le 6 mars, elles avaient comparu devant le "tribunal" de la Commission Lenoir installée dans l'hôtel Bellisle:

-Anne Cottineau, femme Leloup de La Bilais, 49 ans, native de et domiciliée dans la commune de Missidor, ayant six enfants de 29, 24, 22, 21, 18 et 16 ans.

-Claire-Renée Leloup, âgée de 24 ans,

-Marie-Perrine Leloup, âgée de 22 ans, les deux filles de ladite femme Leloup, natives de Nantes et domiciliées dans ladite commune de Missidor (ci-devant Saint Etienne de Montluic),

Ex nobles, accusées:

1/ d'avoir déclaré à la femme Bernard que son mari et ses enfants avaient tort de suivre les principes d'un prêtre constitutionnel, qu'ils couraient le loup-garou

2/ d'avoir donné un catéchisme incendiaire aux enfants du-dit Bernard,

3/ d'avoir donné avec profusion, dans ladite commune, des morceaux d'étoffe portant un nom de Jésus et autres signes contre-révolutionnaires,

4/ d'avoir attendu les personnes qui revenaient de la procession du prêtre constitutionnel et de leur avoir témoigné du mécontentement de ce qu'elles allaient à de semblables dévotions et de s'être particulièrement adressé à la veuve Thibalot à qui elles auraient reproché, avec beaucoup d'aigreur ces pieux exercices, la menaçant de ne plus lui faire la charité ni de la prendre en journée.

En conséquence et conformément à la loi du 19 mars dernier qui dit: "Les prêtres, les ci-devant nobles, les ci-devant seigneurs, les agents etc., ceux qui auront provoqué ou maintenu quelques uns des attroupements des révoltés, les chefs, les instigateurs subiront la peine de mort", le tribunal condamne lesdites Leloup mère et filles à la peine de mort, leurs biens confisqués au profit de la République ; ordonne que le présent jugement sera exécuté dans les vingt quatre heures et de jour.

Signé: Lenoir (président), Castrie, Carrail, Pierre Prieur, Quicque jeune (assistants).

On reconduisit les condamnées à leur prison (le Bon Pasteur qui se tenait à l'emplacement de l'actuel presbytère de Saint Nicolas) "toutes les trois montrant une physionomie pleine de douceur et de majesté mais voulant qu'on ne pût s'y méprendre et qu'on ne les crût pas pressées par la tristesse, quand leurs coeurs étaient inondés d'une joie pure, elles eurent soin d'ôter leur voile, afin que l'on jugeât du bonheur qu'elles goûtaient à mourir pour Jésus-Christ".

Sur le chemin on proposa aux jeunes filles de se déclarer enceintes, propositions qu'elles repoussèrent avec horreur. Une émeute s'élevant sur leur passage, leurs quatre gardiens allant la réprimer, elles refusèrent les propositions de fuir qui leur étaient faites par la foule. Elles attendirent le retour de leurs gardiens ; elles étaient résignées à mourir pour leur Foi (Mellinet).

En ce Vendredi 7 mars, elles ont marché vers l'échafaud en récitant la prière des agonisants. Un officier de la Garde nationale s'approcha de Marie-Caroline et lui dit: "Epouse-moi, je te sauverai et toute ta famille"; Marie-Caroline répondit : "J'aime mieux mourir pour mon Dieu que de vous appartenir".

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Le 28 novembre 1793, la famille de La Bilais avait quitté sa maison, ignorant qu'ils ne la reverraient jamais ; une dénonciation était à l'origine de leur arrestation : ils cachaient un prêtre.

Monsieur de La Bilais fut enfermé dans la prison des Saintes Claires, son épouse et ses filles, au Bon Pasteur. Le plus jeune fils avait eu le temps de se dissimuler dans la cache qui servait au prêtre réfractaire (l'abbé Camaret).

Monsieur de La Biliais eut la malchance que Carrier, en soupant avec le geôlier, consulta, le 29,  la liste des prisonniers et vit le nom de l'ancien magistrat, noble de surcroît ;  dès le 30 il était mis en jugement et condamné à mort lors de son procès du 16 janvier.Il fut guillotiné, place du Bouffay, le vendredi 17 janvier 1794. Il avait 61 ans.

Ce vendredi, les Dames de La Biliais rejoignaient dans l’Éternité leur mari et père.

Cette famille avait une grande dévotion envers le Sacré-Cœur et en avait propagé les "insignes du fanatisme" (selon le verbiage révolutionnaire) ; ces "insignes" furent trouvés au sein de la Famille Royale et ils figurèrent, comme Emblème, sur les poitrines des Révoltés.

Est-ce un signe divin que les membres de cette famille soient morts un vendredi, jour consacré au Sacré-Cœur ? (vendredi 17 janvier, vendredi 7 mars).

(Un article plus complet sera consacré à cette malheureuse famille dans La Revue de juin ; notre ancien Membre d'honneur, Monsieur Armel de Wismes, lui était apparenté).

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