15 MARS 1793. PONTIVY IL Y A 225 ANS.

Publié le par culture

15 MARS 1793. PONTIVY IL Y A 225 ANS.

En mars 1793 ça bougeait dans le Morbihan.

Le 15 c’est l’attaque de Pontivy qui termine trois journées de soulèvement des Chouans sous les ordres de Jean Jan, de Jugon en Baud, assisté de Claude Lorcy, de Penhoet en Saint Barthélemy et de Roho, de Kerhervé en Pluméliau.

L'affaire a commencé le 13 au matin lorsque les recruteurs de la république naissante, qui a besoin de chair à canons pour tous les conflits qu'elle a déclenchés, viennent chercher leurs lots à Pluméliau. Selon le diktat établi on recrute les paysans, cultivateurs, savetiers, artisans, mais pas chez les patauds bourgeois. D'où une flambée de colère chez des gens des campagnes qui vivent en paix sur leurs lopins de terre et n'envisagent pas d'aller se faire trouer la peau loin de chez eux par des gens dont ils n'ont rien à faire et dont ils ignorent l'existence.

Le 12 déjà, à Pluméliau, des mécontents avaient semé le désordre empêchant le commissaire-recruteur Beauché de faire son travail et de désigner 33 conscrits.

Le 13 au matin sous la présidence du maire Pierre Guillouzo, 30 ans, marié à Elisabeth Le Tuaut et père de trois enfants (Méliau, Pierre, Jeanne) les officiers municipaux se réunissent à la mairie pour organiser le recrutement qui a échoué la veille. Ils se font insulter et "secouer" par des plumélois et Guillouzo se fait même arracher sa belle cocarde qui est foulée aux pieds.

Les administrateurs de Pontivy Ruinet (Jean-Marie Ruinet du Tailly) et François-Marie Le Bare, avertis par un mouchard, prennent la tête d'une expédition composée de la brigade de gendarmerie (une dizaine d'hommes commandés par le lieutenant Christophe Picard), 100 Gardes nationales et 9 canonniers pourvus d'un canon. Il faut que le recrutement soit fait ! Ils arrivent à Pluméliau vers 8 Heures du soir et campent dans et autour du presbytère Saint Thomas (actuellement en travaux de restauration).

Le 14 vers 6 heures et demi les frères Le Tellier soupçonnés par Le Bare d'être les meneurs de la veille sont amenés devant le lieutenant Picard ; ils nient mais ils sont mis en état d'arrestation. A 11 heures les Gardes nationales sont devant l'église afin de commencer le recrutement lorsque Les Révoltés envahissent le bourg ; ils sont venus des alentours : Bieuzy, Guern, Melrand,Quistinic, Bubry au nombre de deux mille armés de faux, de haches, de fourches et divers ustensiles agricoles. Une délégation venue parlementer est refusée ses membres étant jugés trop excités.

Vers 2 heures Le Bare ordonne à Picard de mener ses hommes du presbytère à l'église; Guillouzo ne semblant pas inquiet Picard laisse au presbytère le canon et la majorité des soldats.  A l'église les commissaires, quelques gendarmes et gardes nationales, les notables municipaux et quelques uns des jeunes requis. Il pleut; il est décidé de se mettre à l'abri dans le lieu de culte. Les autorités montent à l'étage au dessus de la sacristie pour préparer les listes des requis.

Le Bare descend pour annoncer les noms de la liste et demande à l'assemblée un volontaire pour participer au tirage du nom des absents. Refus. Le Bare annonce qu'il va y procéder lui-même ; alors l'assemblée devient houleuse et une partie des requis s'éclipse. Ordre est donné à Picard d'aller chercher les gendarmes, les autres soldats et le canon.

Vers 3 heures et demi, le dépouillement avançant bien, des bruits extérieurs se font entendre. Un des plumélois regarde par la porte et annonce qu'il n'y a rien. Il propose de monter dans le clocher pour en être plus sûr ; ce qu'il fait. Arrivé à son poste de guet il fait un signe de la main au rassemblement des Révoltés un peu éloignés.

Picard revenu du presbytère lance "Aux armes!". Trop tard : l'église et les environs sont cernés ; il essaie de résister dans le cimetière : peine perdue. C'est le sauve-qui-peut chez les Bleus et les patauds ; ce qui aurait voulu être une retraite se termine en débandade. Picard est tué, Ruynet de Tailly est abattu d'un coup de fusil, de ces fusils que Les Révoltés ont récupéré sur les fuyards. C'est ensuite au tour de 3 gendarmes, 14 Gardes nationales et 3 patauds soit 22 tués chez les républicains.

Les Révoltés brûlent les registres de recrutement, chassent les officiers municipaux, s'emparent des fusils et du canon, des munitions et des chevaux. Ils n'ont pas eu de pertes et décident, dans la soirée, d'aller "casser" du Bleu à Pontivy le lendemain.

Quelques Bleus rescapés fuient vers Pontivy prévenir les autorités de l'attaque annoncée. Ils racontent les événements de Pluméliau ; le Chef-lieu de canton est immédiatement mis en alerte et des défenses sont dressées, les portes de la ville gardées des gardes envoyés sur toutes les routes afférentes, des estafettes envoyées aux garnisons de Lorient, Guéméné sur Scorff, Loudéac et Josselin pour demander des secours urgents. Des détachements sont aussitôt envoyés pendant la nuit qui reste calme.

Le 15, 12.000 Révoltés sont autour de la ville sur le coup des onze heures avançant en chantant "Vexilla Regis prodeunt" et "Salve Regina" marquant bien ainsi leur combat plus religieux que politique. La défense républicaine n'a que 180 fusils. Certains Révoltés sont munis de sacs sans aucun doute pour la récolte d'un butin facile dans cette ville de Bleus.

En tête on reconnaît Jean Jan et Louis Calan ; Claude Lorcy et Roho sont sur des endroits différents à l'Ouest. Les combats vont durer jusqu'à 7 H du soir. En position de force les Bleus ont peu de pertes mais les Révoltés en ont beaucoup : 300 ou 400 morts (à relativiser car ils ont perdu!) et 53 prisonniers.

Les Révoltés rentrent chez eux.

Le 16, on dresse le bilan des deux côtés. Il faut s'attendre à la répression.

A suivre.

 

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