ARMOIRES DE FER & TÊTES DE BOIS !!!
J'ai lu récemment sur le Facebook d'une personne de la noblesse, relayant un article d'un Patrick de K. sur l'armoire de fer, Gamain etc., les mêmes reprises de sottises répétées en boucle. Une confusion est faite entre trois armoires, celle de cette illustration réalisée par Ange-Louis Janet, Janet-Lange de son nom d'artiste, pour l'ouvrage d'Alphonse de Lamartine l'Histoire des Girondins paru en 1847, écrit à la gloire de la révolution. Celle qui a"vomi" quantité de documents sous les recherches du ministre Roland ; enfin celle décrite par le fidèle domestique de Louis XVI, François Hue.
L'erreur propagée est donc ancienne.
L'armoire de fer à laquelle se réfèrent beaucoup d'écrivains, sans grande recherche de vérité historique, est le meuble qui avait été construit en 1790-1791 pour recéler les papiers et actes de l'Assemblée constituante, pour son seul usage, dans la salle des Machines des Tuileries. Son accès était interdit au chef de l'exécutif, le roi Louis XVI. En 1848 cette vaste armoire aux deux portes blindées fut installée dans les locaux de l'Hôtel de Soubise.
Il y a l’armoire de fer du phantasme d'où sort le squelette de Mirabeau, dans laquelle un homme tient facilement debout. Celle-ci est vraiment le fruit de l'imaginaire le plus psychopathe.
Et puis il y a celle, dont nous n'avons pas d'illustration, installée dans une embrasure de porte entre la chambre du roi et celle de leur fils, décrite par le témoin le mieux placé, en dehors du Roi et de Gamain, François Hue qui par ses descriptions semble avoir été un témoin oculaire :
"Des motifs de prudence avaient engagé le Roi à pratiquer dans son palais un dépôt secret. Sa demeure, déjà violée plus d'une fois pouvait l'être encore ; il voulait du moins mettre en sûreté ses papiers les plus importants. L'emplacement du dépôt avait été choisi dans l'embrasure d'une porte qui communiquait de la chambre à coucher du Roi dans celle de Monsieur le Dauphin. A l'aide d'une vrille, seul instrument que l'on pût employer sans bruit, le Roi était parvenu à faire dans le lambris de cette porte une ouverture de 22 pouces de haut sur 16 de large. Il avait creusé dans le mur et fait sur les mêmes dimensions un trou de huit à neuf pouces de profondeur. Chaque jour le Roi levait le morceau qu'il avait détaché du lambris et le travail du jour achevé, il rattachait ce morceau par quatre vis. Lui-même scella en plâtre quatre tasseaux, sur lesquels il posa un double rang de tablettes en bois: là il rangea ses papiers. Le serrurier fut appelé pour doubler d'une feuille de tôle le morceau de lambris qui recouvrait cette ouverture."
Soit une armoire de 56 x 40 x 22 Cm ! Une grande clef USB, des temps anciens, vu le nombre de documents que Roland déposera sur le bureau de la Convention lors du "procès" à charge du premier Roi des Français. Ce qui explique que, lorsqu'il sera "jugé" Louis XVI ne reconnaîtra pas un grand nombre des pièces qui lui seront montrées.
Lorsque Louis XVI sera renversé et la royauté abolie, François Gamain serrurier du palais des Tuileries après l'avoir été de celui de Versailles, se retrouvera sans emploi. C'est lui qui mouchardera l’existence de cette armoire à Roland, le 20 novembre 1792, et accusera Louis XVI d'avoir voulu l'empoisonner en lui servant un verre de vin, à la fin des travaux, le 22 mai 1792. Le fourbe obtiendra une rente de la Convention en avril 1794.
Ayant sans aucun doute pâti d'un poison à libération prolongée, il mourra en mai 1795.