ANTOINE-PHILIPPE DE LA TREMOÏLLE, IL Y A 230 ANS.
Antoine-Philippe de La Trémoïlle, prince de Talmont, né le 27 décembre 1765, prisonnier des Bleus, en mai 1793, pour ses menées contre-révolutionnaires, échappa à ses gardiens et rejoignit l'Armée Catholique et Royale lorsqu'elle s'empara de Saumur le 9 juin 1793.
Il fut alors nommé commandant de la cavalerie de l'Armée Catholique et Royale.
Il participa à la Virée d'Outre Loire après la défaite de Cholet le 17 octobre 1793, ses troupes, ainsi que celles du Vicomte de Scépeaux - sous lequel servait Georges Cadoudal - sécurisant la rive droite de la Loire du côté de Varades, afin que les Vendéens puissent traverser le fleuve royal.
Il semble que ce soit lui qui ait su convaincre les chefs de l'Armée Catholique et Royale de passer La Loire pour aller chercher le soutien des Révoltés du Nord-Loire.
Après l'échec de Grandville, il aurait tenté de s'enfuir, avec d'autres (Solérac, Beauvollier, l'abbé Bernier) dont des femmes en s'emparant d'une barque de pêche ; Stofflet l'aurait accusé d'avoir voulu déserter. Antoine-Philippe se défendit d'une telle accusation en disant qu'il voulait aller à Jersey chercher le secours des Emigrés qui s'y trouvaient.
Pourquoi ne pas le croire. Il a, en effet, toujours montré une grande pugnacité et une grande bravoure lors des combats, à Entrammes en particulier. Il aurait pu avoir un mouvement de découragement ; pourquoi pas puisque ce même sentiment atteignait les combattants, dont les Vendéens qui voulaient rentrer chez eux ?
Il reprit son rang et se distingua à Dol, Pontorson, à la bataille du Mans où il couvrit l'évacuation de la ville.
Il fut de tous les errements de la Grande Armée catholique, du moins ce qu'il en restait, du Mans à Ancenis - où il traversa la Loire le 18 décembre avec Henri de La Rochejaquelein avant de retraverser pour rejoindre ses combattants qui n'avaient pu passer.
Ce fut, le 20 décembre, l'arrivée à Blain où, dans la maison La Brosse, se réunirent les principaux chefs afin d'élire un généralissime puisque Monsieur Henri était dans les Mauges. Fleuriot de La Freulière, qui avait mené l'Armée depuis Ancenis, est élu. Ce fut une immense déception pour le prince qui donna un violent coup de pied sur le plancher du salon où se tenait la réunion. Lors de notre réunion de remémoration du samedi 18 décembre dernier, j'ai fait retentir le même coup de talon sur le même plancher.
Accompagné de son fidèle domestique Matelein et de son non moins fidèle Jean-Charles Hippolyte Bougon-Longrais (ancien Procureur-général syndic du Calvados) Antoine-Philippe de La Trémoïlle (prononcer Trémouille) quitta là Blain et l'Armée Catholique et Royale afin de retourner dans son Maine.
Ils partirent pour la forêt du Gavre puis Derval, La Guerche, la forêt du Pertre et allèrent se réfugier dans le moulin à papier de Malagra à La Bazouge du Désert (entre Fougères et Vitré) fin décembre 1793. Talmond envoya une servante acheter du pain en lui donnant un Louis d'or (rare chez les républicains au temps des assignats !).
C'est à cause de cela que la Garde nationale vint les cerner le 31 décembre 1793 ; ils furent emmenés à Fougères pour un premier interrogatoire par le général Beaufort. Il fut découvert lorsque, dans la rue, une servante d'auberge le reconnut et fauta malencontreusement.
Peut-être est-ce lors de ce premier interrogatoire qu'il fit cette réponse restée fameuse : "Depuis quand es-tu avec les brigands ?" "Depuis que je suis en votre compagnie".
Il est ensuite emmené à Rennes, le 2 janvier, où il est interrogé par l'inflexible et régicide Esnue-Lavallée. En prison il est atteint, dans un dénuement le plus total, par le typhus.
A suivre.