Il « chouanne » depuis l’âge de ses quinze ans ; il n’a jamais été intercepté. C’est en pleine pacification qu’il a été odieusement fait prisonnier.
Il n’entretenait plus aucune action contrerévolutionnaire respectant sa parole donnée. Mais cette interpellation illégale va, une nouvelle fois, lui montrer le peu de crédibilité à apporter aux promesses de la république. Cependant il lui faudra attendre plusieurs mois avant de manifester son désenchantement
Il est devenu, le 7 septembre 1796, le beau-frère de Toussaint du Breil de Pontbriand qui, âgé de 20 ans, a épousé sa sœur Colette Apolline Picquet du Boisguy (21 ans). Toussaint est son compagnon d’armes depuis des années. Ce dernier intercèdera en faveur de son beau-frère auprès du général Gabriel de Hédouville, chef d’Etat-major de Hoche, sans aucun succès : les ordres d’arrestation et d’incarcération venaient directement du Directoire. Il sera seulement autorisé à sortir dans Saumur.
En janvier 1799 il sera enfermé de nouveau dans la tour Grénetière ; c’est seulement en septembre 1799 qu’il parviendra à s’en échapper en sautant, se causant une luxure du ménisque droit après une chute d’une quinzaine de mètres.
Son grand oncle Toussaint-Guillaume Picquet de La Motte (1720-1791), dit La Motte-Picquet, Lieutenant général des Armées navales, de la branche aînée des Picquet, les La Motte, voulait qu’il fasse une carrière navale, l’y trouvant prédisposé, lui le benjamin de la branche cadette. C’est la révolution qui l’en empêchera.
Son ascendant en fera le supérieur de ses deux frères plus âgés, Guy qui sera tué à 23 ans lors du premier combat de La Piochais, le 24 juillet 1795, alors qu’il poursuivait à cheval les Bleus fuyant et Louis âgé de 23 ans au moment de l’arrestation de son frère. Louis mourra en 1804 des suites d’un emprisonnement ayant aggravé l’état de l’amputation du bras droit qu’il avait subie suite à une grave blessure reçue lors du combat du Châtellier le 12 juillet 1794.
Le 12 août 1815 il écrit au comte d’Artois :
« Monseigneur,
J'ai 39 ans et depuis l'âge de 15, je sers sa Majesté, toujours sous les armes, en prison ou en surveillance. J'ai moi-même formé et organisé les légions royales de Fougères et Vitré, fortes de 7 000 hommes, je les ai commandées dans près de 300 combats. J'aurais encore commandé dans cette dernière campagnes les forces royales d'Ille-et-Vilaine, mais, étant tombé malade au départ du Roi, je fus arrêté en cet état et conduis, par ordre de M. Réal, dans les prisons de Paris, où je fus détenu jusqu'au retour de Sa Majesté. Je brûle du désir de servir mon maître. Je demande à être employé dans sa garde suivant mon grade. Je puis répondre qu'aucun Français ne servira sa Majesté avec plus de zèle et de dévouement.
Picquet du Boisguy, Maréchal de camps »
Ce héros chouan fut un combattant redoutable. Il eut l’idée d’entraîner ses Chouans aux manœuvres militaires lui qui n’avait pas de formation militaire stricte à part celle d’être, très jeune, un excellent chasseur. Il a à son actif, avec ses frères : la Crois Bataille près de Laval où ils mirent en déroute Westermann, la bataille d’Entrammes, la bataille de Dol, Angers le 3 décembre 1793, Le Mans les 12 et 13 décembre ; toujours ils combattent héroïquement. Il aura l'idée de créer un uniforme, l'uniforme des Chouans de Fougères.
"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années" !
Nous lui rendrons hommage lors de notre Assemblée générale, le samedi 1 juillet, dans le Pays de Fougères en mettant le maximum de nos pas dans les siens.