RECHERCHE MORT OU VIF, Paris 3 avril 1793.
En ce mercredi 3 avril 1793 la Convention déclare le général Dumouriez (Charles-François du Perrier du Mouriez 1739-1823) traître à la patrie, le met hors la loi, autorise tout citoyen à lui courir sus, et promet une récompense de 330.000 Livres à ceux qui s'en saisiront et le ramèneront à Paris mort ou vif !
Le Far West avant l'heure !
Le général du Perrier du Mouriez, qui se fait démocratiquement appelé "Dumouriez" a joué avec des allumettes et a mis le feu ; il a été aux côtés des Girondins (même s'ils ne portaient pas encore ce nom) pour amoindrir l'autorité de Louis XVI, lui retirer sa Garde Constitutionnelle. Il est allé se battre aux frontières, a découvert la vie parisienne révolutionnaire avec le recul donné par l'éloignement. Finalement, après avoir cherché à marcher sur Paris pour libérer la Famille Royale de sa prison du Temple, ses troupes ne le suivant pas, il tourne casaque et avec ses officiers - accompagné (de force) de quatre commissaires de la République Camus, Bancal des Issarts, Lamarque, Quinette et du ministre de la Guerre Beurnonville (les sauvant de la Terreur) - passe aux Autrichiens. Ces cinq membres de la Convention étaient venus convaincre Dumouriez de venir s'expliquer devant elle de ses récents échecs sur le champ de bataille (Neerwinden) ; le général préféra changer d'air.
Autre décret, différent:
-Décret qui autorise une coupe de baliveaux dans la forêt de La Braconne (forêt ci-devant royale) pour les forges de Ruelle.
Ce simple décret, assez anodin, révèle un aspect méconnu de la révolution dont j'ai eu l'occasion de parler à La Roche-Bernard : la déclaration de guerre à l'Europe nécessite un effort particulier pour la logistique. Il faut des canons, des boulets, des fusils, des balles, des boutons donc des fonderies plus nombreuses que celles existant. Hors tout ce que Colbert avait intelligemment planifié dans la coupe des bois et le traitement des forêts va être annihilé par les Jacobins parisiens. Ce qui va se passer dans la forêt de La Braconne (en Charente, entre Angoulême et La Rochefoucauld) est ce qui ve sa passer dans la forêt de Vezin, de Paimpont, de Camors etc... Pour faire du charbon de bois afin d'alimenter les fonderies, n'importe quel bois va être utilisé, l'écorce pour tanner va aller au feu, le hêtre pour les sabots aussi, privant de tâche tous les travailleurs des bois ; ce qui va donner de la main d'oeuvre supplémentaire à la Chouannerie. En coupant les baliveaux, futur arbre de futaie au milieu d'un taillis, on va supprimer des bois de charpente ou de mâture. Tout ce que Colbert avait réalisé pour la gestion intelligente des forêts et leur exploitation savante, va être brisé par les précurseurs de nos énarques du XXIème siècle. Les forêts bretonnes, entr'autres, en gardent les stigmates. La révolution, catastrophe écologique !