PHILIPPE d'ORLEANS, NEFASTE 6 NOVEMBRE 1793
Il y a des jours où, tout va mal
!
En avril 1793, Philippe d'Orléans, qui a répudié tous ses titres de la Maison d'Orléans et se fait dorénavant appeler Philippe-Egalité, n'a pu empêcher son fils (futur Louis-Philippe) de suivre le général Dumouriez, au delà des frontières de la France. En conséquence, l'ex prince est mis en arrestation par ses collègues députés de La Montagne, puisque père d'émigré !
Les Montagnards ont trouvé là l'excuse pour l'envoyer dans un autre monde, "ad patres".
Il est vrai qu'il faisait un peu "tache" le prince royal au milieu de ces carmagnolesques extrémistes pré-bolchéviques ! Il avait pourtant donné une caution à ces "égalisateurs" en votant la mort, sans sursis, de son propre cousin, le roi Louis XVI. Ce vote aurait dégoûté Robespierre, c'est dire l'infâmie !
Mais non, il n'était pas fréquentable.
Ramené de Marseille où il avait été envoyé en prison, ramené à la Conciergerie le 2 novembre (le jour des morts - triste présage-) il passe en jugement le 6 novembre, à 14 H est condamné à mort. Il avait interrompu la lecture de son acte d'accusation dans lequel on lui reprochait d'avoir été un soutien de Brissot et d'avoir voulu placer le Duc d'York sur le trône de France: " Mais ceci a l'air d'une plaisanterie !"
Il est vrai qu'il aurait pu être accusé de choses vraisemblables, tels que le stockage des blés pour créer une famine artificielle, l'agiotage ou ses liens certains avec les banques anglaises. Une chose est sûre, l'argent lui brûlant les doigts, il dilapida une bonne partie de la fortune des Orléans et l'on cite les noms de Merlin de Douai et de l'incontournable prévaricateur Barère de Vieuzac pour s'être chargés de récupérer le reste.
Dans un ultime réflexe spirituel, il est prince de France, Philippe demande un confesseur ; il lui sera accordé de recevoir l'abbé Lothringer, prêtre constitutionnel, mais resté fidèle à l'Eglise pour la sauvegarde des âmes. Ce prêtre est d'ailleurs en relation avec Monsieur Emery, supérieur Général de Saint Sulpice. Il avait prêté le serment, le regrettait et attendait d'avoir l'occasion de le réfuter. L'important pour lui étant de pouvoir assister ceux qui le lui demanderaient. Après une confession générale, le prince reçut l'absolution. Personne ne sut jamais ce qui fut dit.
Il s'écria alors:" Oui je meurs innocent de ce dont on m'accuse ; que Dieu leur pardonne comme je leur pardonne moi-même! J'ai mérité la mort pour l'expiation de mes péchés, j'ai contribué à la mort d'un innocent et voilà ma mort..mais Il est trop bon pour ne pas me pardonner. Dieu nous joindra tous deux avec Saint Louis".
Philippe d'Orléans n'est pas seul pour cette ultime expédition. Il est accompagné par Coustard de Massi, ancien député de Loire-Inférieure qui a participé à la défense de Nantes le 29 juin, évitant à cette ville sa prise par les Insurgés. Pauvre Coustard de Massi, révolutionnaire et bien mal récompensé pour avoir appartenu au club des Girondins. On joint, par principe d'égalité Antoine Brousse serrurier, Pierre Gondier courtier de change, accapareur de quelques croûtes de pain, ivrogne et athée mais aussi un ci-devant noble, Monsieur de La Roque, 70 ans, ancien subdélégué de Mortagne au Perche. Lorsque le bourreau voulut lui couper les cheveux, ce noble enleva sa perruque, montrant son crâne chauve: "Voici qui dispense de cette formalité essentielle". Puis reconnaissant le duc d'Orléans il lui dit: "Je ne regrette plus la vie puisque celui qui a perdu mon pays reçoit la peine de ses crimes ; mais je suis, je vous l'avoue Monseigneur, bien humilié d'être obligé de mourir sur le même échafaud que vous !"
Philippe d'Orléans détourna la tête et ne répondit pas.
Il y a des jours, vraiment, où tout va mal !!!
Vers 17 H, le prince d'Orléans montait courageusement pour affronter le rasoir national auquel il avait, par son vote et sa conduite antérieure, mené son propre cousin.
Le matin, à midi, c'est Jean-Louis Lepage, couvreur et contre-révolutionnaire qui avait subi les effets de la justice expéditive de l'époque.
Huit jours auparavant, ce sont trois charrettes de 20 Girondins qui ont roulé vers la place de la Liberté, suivies par une autre, plus petite, sur laquelle est déposé le corps de Dufriche-Valazé qui s'est suicidé à l'audience ; mais il faut que la justice passe !
Parmi ces vingt, quatre ont refusé les secours de la religion. Gensonné qui avait fait une "enquête" dans les Deux-Sèvres sur la Révolution, avait reçu l'absolution de l'abbé Lambert, adjoint de l'abbé Lothringer qui, lui, termina le travail de Monsieur Emery pour le retour dans le droit chemin de Fauchet ancien évêque du Calvados lequel à son tour aidera les autres condamnés et assurera à ses confrères apostats l'ultime retour dans l'Eglise.