Notre Blog n'existait pas le 18 février ; il ne nous a donc pas été possible de rendre hommage au comte Louis de Frotté, fusillé avec ses six compagnons à Verneuil sur Avre, dans l'Eure, le 18 février 1800. Cette ville est située à 70 km d'Alençon et à 110 de Paris.
Louis de Frotté est un grand de la Chouannerie ; mais il fut auparavant un militaire ayant servi le Roi dès 1781 jusqu'à 1792, avant de rejoindre les armées du duc de Brunswick, étant à ses côtés lors de l'affaire de Valmy où eurent lieu les traficotages maintenant avérés pour laisser la victoire aux armées révolutionnaires. Il émigre en Italie, puis en Allemagne avant de rejoindre les émigrés en Angleterre. Revenu en France dans sa Normandie chérie, il a eu sous ses ordres jusqu'à onze mille hommes qu'il entraînait ou faisait entraîner tous les jours, marche, tir, initiation au combat et à l'embuscade, leur apprenant à tout savoir d'une guerre ordinaire ou de guérilla. Il refusa les accords de La Mabilais (comme Cadoudal) et se lança dans la Chouannerie à grande échelle, soulevant toute la Basse Normandie. Mais il fut bientôt confronté à Hoche qui avec ses bataillons convertissait à la paix, de gré ou de force, les régions soulevées de la Loire à la Bretagne, et s'était débarrassé de l'affaire de Quiberon, les Anglais n'ayant pas joué franc jeu (voir La Revue du SCB à paraître en juin). Après des alternances de victoires et de défaites il montrera à Buonaparte tout son mépris ; celui-ci en fera son ennemi personnel. L'Agence Royaliste de Paris, qui comptait d'anciens conventionnels dans ses rangs, était pour une monarchie constitutionnelle dont le roi Louis XVIII aurait eu pour premier ministre Buonaparte. Et ceux qui enrayaient ces plans fumeux étaient condamnés. Lâché par tous, Frotté fit savoir au général Hédouville qui commandait la pacification (Louis Lazare Hoche étant décédé en Allemagne en 1797) qu'il se soumettait, comme tous les autres chefs Chouans. Le général Guidal lui fit remettre un sauf-conduit pour lui et ses six officiers. Arrivés à Alençon le 15 février, on les fit patienter. Et le 18 février à minuit, le sauf-conduit étant épuisé, les sept hommes furent arrêtés, jugés comme rebelles, sans avocat, par une cour militaire et condamnés à mort. Leur dernier soir ils demandèrent une bouteille de vin. Ils trinquèrent avec un fort "Vive le Roi" puis ayant vidé leurs verres ils les jetèrent, ainsi que la bouteille, contre un mur pour que personne ne les récupère. Ils furent fusillés contre le mur du cimetière de Verneuil au matin, et abandonnés là. Ils furent inhumés sommairement plus tard.
Le 19 février 2000, nous étions près de mille dans l'église paroissiale de La Madeleine pour entendre la messe de Requiem célébrée selon le rite Tridentin. Le maire était présent, accompagné de son conseil municipal.
Une anecdote intéressante: C'est l'adjoint communiste à la culture qui avait soutenu les organisateurs de la commémoration, contre le maire UDF qui n'en voulait pas. A ma question étonnée, cet élu me répondit :" Louis de Frotté s'est levé pour défendre le peuple opprimé par la bourgeoisie parisienne et contre la dictature."
Etonnant non ?