LES DOMINICAINS D'ARCUEIL ou 1793 BIS, ou CRIMES COMMUNISTES.....SUITE.......
Le collège Albert-Legrand d'Arcueil est dirigé par les Dominicains, avant que celui-ci ne devienne une ambulance pour soigner les blessés causés par l'offensive des soldats des Versaillais. Cet établissement d'Arcueil se trouve sur la ligne de front. Il est neutre et protégé par un emblème de la Croix Rouge. En vertu de ce titre de neutralité le Supérieur des Dominicains a refusé l'installation d'une pièce d'artillerie dans le parc du collège.
Les Fédérés, les troupes de la Commune, dirigés par le colonel Sérizier (ancien corroyeur !), occupent une grande bâtisse voisine, la maison Laplace. Le 17 mai un incendie se déclare dans cette bâtisse Poste de commandement des Fédérés ; il est rapidement maîtrisé. Aussitôt les Dominicains sont accusés d'avoir voulu faire des signaux aux Versaillais et le 19 ils sont arrêtés. Les religieuses dominicaines et les femmes de service sont envoyées en prison à La Conciergerie.
Les Fédérés dirigent sur la prison de Bicêtre 26 personnes, Pères dominicains, du personnel enseignant, des élèves.
Le 25 mai, il y a 140 ans aujourd'hui, les Fédérés évacuent leurs prisonniers de Bicêtre vers Paris pour bien les placer sous la "protection" des Communards. Par la Porte de Choisy, boulevard Masséna, le cortège arrive rue du Château des Rentiers. La foule, menaçante, composée des descendantes des "tricoteuses " et autres mégères (on imagine aisément la scène) entoure le cortège, des cris fusent:"A mort, à mort les calotins, à bas les Dominicains. A la lanterne, les Jésuites !!
On se dirige vers la mairie du XIIIè arrondissement ; on fait asseoir les prisonniers dans la cour de la mairie. Les membres de la municipalité sont embarassés et ne savent que faire de ces prisonniers. Sérizier obtient un ordre d'écrou, les prisonniers arrivent à la prison (la chapelle de Bréa), il leur est enfin donné à manger.
Vers 16 H ils sont interpellés dans leur geôle:"Allons, soutanes, levez-vous; on va vous conduire à la barricade: il y a là-bas de l'ouvrage pour vous." Le Père Captier et le Père Cotraut demandent de quoi il retourne " On va vous donner des fusils, et vous vous battrez avec nous". Le Père Cotraut refuse "nous sommes religieux, nous ne prendrons pas les armes. Mais nous sommes disposés à aller chercher vos morts, et à soigner vos blessés sous les balles"
Traqués, les Versaillais se rapprochent, la situation se détériore pour les Fédérés dont le colonel Sérizier et son adjoint Boin qui se "dopent" à l'alcool.
Enfin l'adjoint de Sérizier entre:"Allons les calotins, sortez tous, le colonel vous demande ". "Avancez! Sortez un par un, vous êtes libres".
Les prisonniers aperçoivent le peloton d'exécution. Le Pére Cotrault lève le bras "Mon Dieu, est-ce possible ?".Sérizier ordonne le feu. Le Père Captier se tourne vers ses compagnons "Allons, mes Amis, pour le Bon Dieu", et il s'élance.
Parcequ'il bougeait encore, un dominicain reçut trente et un coups de fusil, Sérizier criant:"Tirez mais tirez donc, ce gueux là grouille encore !"
Tous les prisonniers sont tirés comme des lapins.Les 13 victimes: 5 Pères Dominicains et 8 laïcs ( 1 professeur, 1 commis d'économat - 22 ans, 2 surveillants, 1 infirmier, 3 domestiques).
C'était le 25 mai 1871, jour du combat de la Butte-aux-Cailles .
Des neuf bourreaux, seuls Sérizier et Boin seront fusillés.