LA NOYADE EN MASSE, UN PROTOTYPE D'EXTERMINATION MASSIF
Procédé expéditif, économique, sans frais de sépultures, les noyades en masse trouvent leur origine sous la Révolution en 1793, que ce soit à Nantes, aux Ponts de Cé, à Lyon. Si certains comme Jean-Clément Martin soliloquent sur cette manière de tuer ou ses causes politiques comme Bruno Hervé, nous nous bornons à constater un FAIT. Il n'y a eu aucune interrogation psychologique sur cette manière de mise à mort particulièrement cruelle, le sujet qui y est condamné a largement le temps de sentir venir la mort. Les exécutés sont des innocents qu'ils soient prêtres - ne s'étant battus, sans arme, que pour leur sacerdoce -, des femmes ou des enfants naturellement innocents, des combattants qui ne se sont battus que selon les principes de la guerre ; on ne peut en dire autant pour les combattants Bleus.
On imagine aisément la souffrance de ces personnes.
Dimanche 20 novembre, le rassemblement s'est effectué devant l'église Notre-Dame de Bon-Port à Nantes, après la messe de 10 H 30 célébrée par le Père Eon, vicaire général du Diocèse, qui a signalé, avant l'office, notre commémoration. Cette église a été choisie car elle s'élève à l'emplacement d'un hôpital (le Sanitat) qui servit de prison pour les futurs noyés. D'autre part c'est en cette église qu'eurent lieu différentes commémorations des exactions de la Révolution.
Après avoir rejoint le 2 rue Lamoricière (Louis Juchault de Lamoricière, général natif de Saint Philbert de Grandlieu, fut un brillant zouve pontifical ; son mausolée dans la cathédrale de Nantes fut offert par le pape Pie IX) devant l'entrée de l'ancien entrepôt des cafés pour y entendre l'historique de cette énorme prison de Nantes qui contint, par vagues, des milliers de prisonniers, pas seulement vendéens. Limiter la répression à cette seule valeureuse population risquerait de laisser penser à certains que seuls les Vendéens furent victimes de la Révolution par leur entêtement à refuser les" bienfaits"
imposés par le jacobinisme parisien. L'occasion fut donnée de rappeler aux participants que 60 départements sur 83 se soulevèrent et qu'un certain processus terroriste était en train de se mettre en place avant l'arrivée de Carrier - voir La Revue du Souvenir Chouan de Bretagne à paraître en décembre - ce qui ne saurait donner la moindre excuse à ce taré qui trouva dans ce poste de représentant en mission un pouvoir à la dimension de son ambition haineuse renforcée par un alcoolisme notoire.
Il fait partie des valeurs de la République.
Les Noyades, les fusillades, le typhus, la malnutrition permirent de vider ce camp de concentration. Les fameux Droits de l'homme et du Citoyen ne furent pas exactement respectés en ce lieu où furent entassés vieillards, femmes et enfants, sur de la paille hachée, l'eau - contenue dans un baquet dans lequel, de temps en temps, était versée une fiole d'acide sulfurique - s'ajoutait à 25 grammes de pain et quelques grammes de riz. Désaffecté en mars 1794, les derniers prisonniers sont évacués sur des voiliers, à proximité des flots !
Détruit par un incendie au XIXème siècle, en 1839 ; il ne reste de ce lieu d'horreur que le bâtiment actuellement visible, la mémoire de ce qu'il fut, et cet escalier, par lequel descendaient les victimes, situé dans ce qui était la partie administrative du camp.
De ce lieu s'organisa une procession afin d'apposer une plaque qui fut clouée sur une bitte d'amarrage afin de rappeler notre passage et sa raison.
Durant le trajet, de l'entrepôt jusqu'au pont Anne de Bretagne, une charmante jeune vendéenne en costume tint la gerbe destinée à être jetée en Loire sur laquelle un bandeau mentionnait: "Hommage aux victimes des Noyades, 1793-1794".
Après quelques questions - réponses, chacun retourna à sa voiture afin de se diriger vers l'église Sainte Croix, à proximité de la place du Bouffay. Cette église contruite au XVIIème siècle a pris la place d'une église du XIIème.
Deux éléments de cette église sont importants pour nous qui rappelons un épisode tragique, entr'autres, de la Révolution à Nantes, ignoré par le plus grand nombre. Si ces FAITS étaient connus et reconnus nous aurions dû être des milliers pour sauvegarder la mémoire, avec à notre tête le député-Maire de Nantes si attaché à la véracité de l'Histoire. Nous devons rappeler ses propos:
"Il faut interpeller les consciences d'aujourd'hui ; nous sommes concernés par notre Histoire et de cette Histoire nous faisons un point d'appui pour mobiliser les consciences".
Il a fallu décevoir un adhérent du Souvenir Chouan de Bretagne qui pensait que Jean-Marc Ayrault pensait à l'Histoire de la ville qu'il dirige depuis de longues années.
Non cette phrase, qui aurait pu être superbe de courage concernant une Histoire vraie, ne s'adressait qu'à son électorat à propos de l'inauguration, toujours repoussée, du Mémorial de l'esclavage. Mémorial qui aurait dû être construit sur les rivages d'Afrique, en tellement d'endroits où des Noirs vendaient leurs frères et où les HUIT millions d'€ que coûtent ce bâtiment n'auraient pas été suffisants.
L'église Sainte-Croix de Nantes est surmontée d'un beffroi qui était autrefois sur la tour du Bouffay, La prison de Nantes, dont la cloche de 8 tonnes a été entendue par les différents condamnés, qu'ils soient victimes de la colère du Régent, Philippe d'Orléans (déjà !) en 1718 - Pontcallec, Montlouis, Talhouët, du Couëdic décapités sur la place du Bouffay, comme cela fut rappelé, le 10 janvier 1720- ou de la Révolution.
L'autre lieu de réflexion est un meuble, la chaire d'où s'exprima Carrier le soir du 16 novembre 1793, le soir de la première Noyade, et de laquelle Minée, évêque constitutionnel, rejeta son épiscopat, remis ses lettres de prêtrise, et abjura sa foi. Damné !
Lecture fut faite, pas du haut de la chaire bien sûr, des propos tenus par les deux individus.
Sur les QUATRE-VINGT SEIZE prêtres noyés cette nuit là, seuls SEIZE étaient originaires du territoire pouvant être appelé Vendée Militaire. Les autres sont du Nord de la Loire, d'Ancenis à Redon, de Guérande à Rennes ; le détail en sera donné dans La Revue du Souvenir Chouan de Bretagne de décembre.
Après le repas pris au restaurant chinois Chinatown, ou une retard important nous fut imposé par la direction ne reprenant pas les accords convenus, il nous fut possible d'accéder aux caves de ce restaurant qui sont une partie des caves du Bouffay. Emotion dans ce lieu qui, bien que restauré avec goût, est un endroit marqué par l'Histoire. Il est possible d'imaginer les regards qui se sont portés là où se portent les nôtres, les pierres que nous touchons éffleurées une dernière fois il y a 218 ans.
Enfin, puisque tout a une fin, nous sommes allé à proximité de l'ancienne chapelle des Carmes, rue des Carmes, où a été faite l'évocation du lieu de sépulture des Ducs de Bretagne, en particulier François II et Marguerite de Foix son épouse. Sauvé in extremis par Crucy en 1792 le tombeau fut démonté, caché près du jardin des Plantes, exhumé en 1815, laissé à l'air pour que le marbre retrouve sa blancheur et installé enfin dans la cathédrale où il est possible de l'admirer à l'heure actuelle.
Les restes des différents personnages inhumés en cette chapelle ducale, le Saint Denis des Ducs de Bretagne, outre ceux de François II et de Marguerite de Foix, ceux de Jean V et ceux de Gilles de Retz furent exhumés mis en tas sur la place voisine où nous étions, et brûlés.
A l'occasion de cette visite concluant notre belle journée ensoleillée, il fut rappelé que, contrairement à la légende, Gilles de Retz qui, malgré ses forfaits, resta fort pieux, ayant demandé si l'excommunication qui le frappait serait levée s'il reconnaissait ses fautes, dans l'affirmative reconnut ses forfaits, ne fut pas soumis aux diverses punitions de l'époque, fut condamné à la pendaison par le tribunal présidé par l'évêque Jehan de Malestroit.
La sentence fut exécutée sur l'île où se trouve maintenant l'hôpital de l'Hôtel-Dieu et son corps décroché du gibet avant que dêtre atteint par les flammes. Il fut alors inhumé dans la chapelle des Carmes.
Ce que l'Eglise, par son absolution, avait accordé à Gilles de Retz, lui fut refusé par les iconoclastes révolutionnaires qui, suivant en cela les consignes de Barère de Vieuzac en août 1793, au mépris de tout respect pour les morts, exhumèrent son corps et le mirent sur le bûcher.
Ainsi prit fin cette belle journée, d'une douceur automnale, chacun ayant conscience d'avoir accompli ce devoir de Mémoire auquel nous sommes attachés, même si nous étions moins nombreux que ceux qui furent les victimes de ce premier assassinat.