IL Y A 140 ANS, CONLIE
Sur la colline de la Jaunelière, route de Conlie (près du Mans) à Sillé le Guillaume, ce monument marque le souvenir du camp de Conlie dans lequel, de novembre 1870 à janvier 1871 furent parqués, par roulement, de 25 mille à 50 mille Bretons, réunis pour participer à la défense de la France envahie par les Prussiens après la défaite de l'Empire à Sedan. Objets de la méfiance de Gambetta, sous les ordres de Kératry fidèle républicain, on craignit qu'ils ne fussent de nouveaux Chouans, comme leurs ancêtres cinquante six ans plus tôt. Beaucoup de malades par dysenterie, près de 150 morts dans des conditions pitoyables, les plus valides envoyés au combat avec des armes hors d'état de fonctionner ou avec des munitions inadéquates. Pas de baraquement à l'ouverture du camp, seulement quelques tentes. Kerfank (la ville de boue) sera le nom donné par les Bretons à ce camp.
Il reste de cette épopée, outre ce monument, un mot français: Baragouiner. Soldats avilis, en sabots, n'ayant pratiquement pas de paille pour se faire une couchette, pataugeant dans la boue - le champ avait été charrué avant qu'ils ne s'installent - ils réclamaient "ar guer" ce que leurs officiers pensaient "à la guerre" alors qu'ils demandaient le retour à la maison, ils demandaient du pain et du vin, "Bara, gwin" ce qui fit se demander à un officier "qu'est-ce qu'ils baragouinent?".
Le 26 janvier la défaite est consommée, les Bretons vont pouvoir rentrer chez eux, du moins pour les plus valides, car il y aura 3 mille malades qui reviendront dans un état pitoyable.. Les Prussiens détruiront le camp dont il ne reste rien. Certains parlent de camp de concentration, ce qui est peut-être excessif.
Sur le côté gauche de la route qui va de Conlie à Sillé le Guillaume fut érigé ce monument le 11 mai 1913. Qui aurait pu se douter que 15 mois plus tard allait commencer le conflit qui ferait nettement, pour les bretons en particulier, plus de victimes que ce camp puisque le conflit de 1914-1918 fera au moins 150 mille morts.
Ce qui n'est pas excessif est cette plaque apposée sur le mur de la mairie, hors de portée, car nous sommes proches de la forêt de Charnie et de ses exceptionnels Chouans sarthois.