GEOHISTOIRE CLEMENTO-MARTINIENNE ou...
Comment continuer à écrire l'Histoire de façon très conformiste et Historiquement correcte, comme dirait Jean Sévillia: le Groupe de Presse Prisma (Voici, Gala, VSD, Prima, Télé-Loisirs etc...) édite des revues sensées enseigner l'Histoire.
Dans le numéro de septembre-octobre 2012 "ça m'intéresse, L'Histoire" consacrait sa "Une" aux secrets de l'Inquisition avec les mêmes poncifs éculés digne de l'école des Jules, sans tenir compte des travaux récents des historiens de cette période, à part un "encadré" de Didier Le Fur faisant une bonne mise au point mais reléguée à la fin de l'article. Cela laisse supposer que, occupant l'ensemble du chapitre (agrémenté de nombreuses illustrations, anti-curés selon leur langage, du XIX ème siècle) celui-ci dirait la vérité, occultant le principe de base que l'Inquisition ne s'occupait pas du peuple dans sa totalité mais de ceux qui étaient suspectés d'hérésie ou de fausse conversion.
Dans GEOHISTOIRE d'octobre-novembre, on ressort de nouveau les mêmes sottises des Jules (Michelet-Ferry) assaisonnées à la sauce jaurésienne, avec un soupçon d'anti-calottinisme et un saupoudrage des vertus héroïques des combattants révolutionnaires.
"L'Historien" de service est l'incontournable Jean-Clément Martin.
Dès l'éditorial le ton est donné sous la signature d'Eric Meyer, rédacteur en chef. Extraits: "La conquête des libertés, en 1789, s'est faite dans la douleur, et les conquérants ont utilisé envers leurs ennemis les mêmes méthodes qu'ils dénonçaient (sous-entendu celles de l'ancien régime!!!).../...La funeste guillotine fut même introduite à l'époque pour - techniquement-"adoucir" la peine des condamnés (le rédacteur en chef semble ignorer qu'en avril 1792 -date de l'inauguration de la machine- il n'est pas question d'exécutions en masse !!!).../...Ce même historien (Jean-Clément Martin) nous invite à aller au delà de ces chiffres (des victimes de la Révolution) et à dépasser le constat caricatural qui apparaît souvent lorsqu'on examine la saga de 1789. Non il n'y a pas eu une révolution idéale (1789) et une révolution sanglante (1793) avec un lien inéluctable de l'une à l'autre. Ce fut là, entre autres, dit-il (J-C.M) le credo des royalistes, repris au XXème siècle par ceux qui voyaient dans 1789 l'amorce des totalitarismes communiste et nazi. Son travail (de J-C.M), comme d'autres articles dans ce numéro, nous invitent à comprendre, dans les détails, quelle fut la mécanique de la violence à l'oeuvre, qui transforma un mouvement de libération en une machine à broyer. Pourquoi des idées généreuses, fraternelles - la démocratie, la liberté d'expression, le respect de l'homme - durent, pour être conquises, être bafouées. Pourquoi des hommes et des femmes, animés d'un idéal noble, furent entraînés dans une spirale de violence qu'ils finirent par ne plus contrôler. Pourquoi enfin, pour reprendre les termes de Robespierre, contre la tyrannie il fallut user du despotisme de la liberté. !!!!!!!
Une fatale spirale de Violence? par Jean-Clément Martin. Extraits:"Le fait qu'une révolution soit violente n'étonne personne.../...dès les années 1810, les noyades de Nantes, les fusillades de Lyon étaient devenues des thèmes employés par les romantiques, passionnés par les têtes coupées et les martyres. Ces exemples montrent bien les deux versants du régime de terreur: d'une part des évènements atroces et bien réels, d'autre part leur résonance fantasmée.../... les chiffres (des victimes) donnent le vertige mais ils sont trompeurs. D'abord parce que le bilan humain de la Révolution n'a jamais été établi définitivement. La tâche est difficile tant les sources sont absentes ou délicates à vérifier. Mais surtout, les victimes de la période ne sont pas toutes imputables directement à la Révolution. Venfeances personnelles et exactions perpétrées en utilisant la liberté donnée sont responsables de beaucoup de morts, sans compter celles liées à des jugements en règle, des décisions publiques ou des affrontements guerriers organisés.../... La Révolution ne fut pas un bloc mais composée de séquences diverses voire opposées.../... Un point cependant peut-être tiré au clair: du strict point de vue de la loi, il n'y eut pas de système de terreur, de régime de terreur, ni même de terreur à l'ordre du jour (quid du décret du 5 septembre présenté par Barère ???). Et puis:"Dans ce climat, à partir de juillet 1793, un certain nombre de sans-culottes réclamèrent que l'on mette la terreur à l'ordre du jour contre tous les ennemis intérieurs et extérieurs.../...ce qui revenait à imiter ce que la monarchie avait fait avant. Dans son histoire, celle-ci s'était bien souvent affranchie des cadres légaux sans que personne ne parle alors de système de terreur.../... Le 5 septembre, les députés rejetèrent, à la quasi unanimité, la mise à l'ordre du jour de la terreur, refusant, précisément d'adopter les pratiques de l'Ancien Régime.
Enfin il fallait oser: "Ces années là les risques pesant sur la Révolution demeuraient considérables et le gouvernement ne disposait pas de forces armées placées sous ses ordres-ce qui n'adviendrait pas avant l'été 1795. Il s'appuya donc plusieurs fois sur la "terrorisation" des adversaires, l'exemple le plus connu ayant lieu à Paris en septembre 1792. Pendant près de huit jours, des tribunaux improvisés envoyèrent à la mort près de 1200 personnes désignées comme contre-révolutionnaires sans que les Conventionnels ne s'interposent. Cette liberté d'exécuter fut également l'apanage, pendant la guerre de Vendée, des soldats et des militaires sans-culottes, employés par les représentants en mission ou les généraux". Là, ou Martin déraille ou, à trop écrire, il ne sait plus ce qu'il écrit. En effet, les Massacres de Septembre eurent lieu du 2 au 9 septembre, l'Assemblée législative gouvernant officiellement mais le pouvoir exécutif étant entre les mains de la Commune Insurrectionnelle de Paris. La Convention n'apparaît que le 21 septembre ! Il n'y a pas eu de passage devant les tribunaux des malheureuses victimes. Quand à ce qui concerne la Vendée les lois du 1 août et 1 octobre 1793 sont claires: les massacres, ainsi que sur l'ensemble du territoire français, n'eurent pas lieu par le fait d'initiatives privées.
Enfin pour terminer ce long article l'audace, non de Danton, mais de Jean-Clément Martin: "N'est-il pas temps de sortir de ces polémiques pour revenir à ce qui donne sa valeur au travail de l'historien, à savoir l'attention précise aux sources et la récusation des manipulations". Si le sujet n'était aussi grave, ce serait à éclater de rire !
Quant à l'autre signataire d'articles, Cyril Guinet, il vaudrait mieux qu'il retourne à sa presse de fouteballe plutôt que de vouloir écrire, sur cette période, avec un rouleau à peinture !