ASINUS ASINUM FRICAT
L’âne frotte l’âne: Cet adage introduit la notion de frictions pour le plaisir et s'applique à la dernière livraison de Mariâne associé au mensuel l'Histoire pour le numéro spécial hors-série de février- mars 2011 consacré aux guerres civiles en France ; lot habituel de redites, d'absurdités habituelles et mensongères, la couverture met côte à côte trois clichés : Henry de La Rochejacquelein, les communistes défilant en 1944 pour plus d’épuration et les jeunes bourgeois révoltés de mai 68. Un raccourci dans l’amalgame pour trois sortes d'événements totalement différents soulignés par ces images dont deux n’ont rien de commun avec le soulèvement (60 départements sur 83 entre 1791 -1790 pour le Languedoc- et 1794) d’un peuple qui ne voulait pas du bonheur contre sa volonté et qui reprit le combat entre 1795 et 1815.
DIX pages, dont le titre : « La France coupée en deux », qui mettent sur le même plan les affrontements entre Armagnacs et Bourguignons au XVè siècle, la Saint-Barthélemy qui sous ses faux aspects de guerre religieuse n'est qu'une guerre de prise de pouvoir (voir le rôle de l'amiral de Coligny), la Fronde, la Commune de Paris en 1870- 1871, Dreyfusards et anti-Dreyfusards, la tragédie de l'épuration 1944- 1945 en France, l’après Evian en 1962, mai 1968 etc…Et allez donc !
Guerre civile : guerre entre citoyens d'un même pays nous dit Le Petit Larousse. On peut donc sous-entendre qu'il s'agit de citoyens civils qui s’entre-tuent.
Or, c’est l'Etat Révolutionnaire qui organise, avec ses militaires et ses gendarmes, la répression du soulèvement d’un peuple pour sa dignité, son identité, ses libertés y compris la liberté religieuse ; le terme Guerre Civile est impropre. La rédaction qui nous concerne est signée Jean Clément Martin-non devenu parfois le prénom de l’équidé qui forme le titre de cet article. Manifestement l'auteur ne compulse plus que ses ouvrages et ceux de ses proches en idéologie (Aulard, Soboul, etc.) Soboul auquel nous devons cette belle phrase : la Terreur se justifie pas l'élimination d'éléments politiquement inassimilables (histoire de la révolution française 1993 ). Bravo !
Dans les pages de ce Blog, que ne connaît pas Jean-Clément Martin, la comparaison de la dette entre la France de 1789 et celle de 2010, éclaire sur la politique de Louis XVI. Ce qui est gênant dans les écrits de l'auteur, c'est la politique de l'amalgame. Oser parler des dépenses de la Cour (et les cours actuels ?) la superbe exposition à Versailles lui explique la façon dont les différents chercheurs et savants étaient subventionnés par le roi (Louis XV et Louis XVI) alors que la cour-rassemblée à Versailles-était le gouvernement. Et actuellement ?
Comment oser écrire que c'est la Constitution Civile du Clergé qui a déterminé le soulèvement alors que c'est tout simplement la chasse aux prêtres auxquels étaient attachées les personnes du peuple ; il manque à la culture du professeur émérite de Paris I Sorbonne (bravo pour les dégâts occasionnés auprès des étudiants) la connaissance de M. Émery, témoin actif et non passif de cette époque troublée, dont les adhérents du SCB ont fait la connaissance par les deux articles qui lui furent consacrés dans les deux Revues de 2010. Il manquerait une grande crédibilité à un auteur se penchant sur l'Eglise pendant la Révolution et ignorerait le témoignage du prêtre Saint-Sulpicien.
Ignorer aussi que la confiscation des biens du clergé, ou plutôt du vol des biens du clergé, vendu au profit de l'État constitutionnel et des bourgeois lèse, non seulement les bienfaiteurs qui sont à l'origine de ces biens, mais aussi tous ceux qui travaillent autour de ces biens : paysans, maçons, couvreurs, lesdits biens du clergé engendrant une richesse de travail, faisant du clergé régulier ou séculier, de véritables entreprises assurant le pain quotidien à toute une population. Les chiffres sont là, la Révolution au nom du droit des peuples, va faire naître toute une population de miséreux qui sera parmi les révoltés.
Lorsque dans son article, Jean Clément Martin parle de la poussée des paysans dans la contre-révolution par les nobles, les curés (sic) il profère un mensonge. Ce sont les paysans qui sont allés chercher les nobles-parce qu'ils connaissaient le métier des armes-et ont été accompagnés par leurs bons prêtres. De plus les nobles qui restaient n’étaient guère plus riches que leurs paysans. De plus, signataire des cahiers de doléances, le peuple n'a jamais remis en cause ni le Roi ni le Clergé.
Quant au nommé François le Brun qui signe un article : « les foutus curés qui ont fait la révolution » il vaut mieux le renvoyer à ses chères études pour lui éviter d'écrire de somptueuses bêtises.
L'article de Jean Clément Martin s'ouvre avec la mort de Bara, mystification de Barère et Robespierre, dont les lecteurs du Souvenir Chouan de Bretagne savent que penser et se poursuit avec le tableau des massacres de Machecoul sur lequel on voit le curé constitutionnel émasculé, Jean-Clément Martin oubliant de rectifier une légende ; les Chouans et Vendéens tuaient leurs adversaires, ils ne les souillaient pas. Par contre, il relativise de façon étonnante le nombre de victimes (160) par rapport à la version officielle ( 800) vue la grandiose désinformation autour de ce fait qui a eu lieu après les vrais massacres de Pornic (280 par les Bleus). On peut voir aussi le général Moulin tué à Cholet en1794 alors qu’en réalité il s’est suicidé.
On retrouve le Jean-Clément Martin négationniste, disculpant l’Etat révolutionnaire de la notion de Génocide, ignorant les lois du 1 août et 1 octobre 1793 (Carnot et Barère), mettant les Colonnes Infernales sous la seule responsabilité de Turreau et de quelques chefs qui abusent d’un Etat faible ( sic), assommant Carrier qui n’a fait qu’exécuter les ordres, oubliant de souligner qu’il fut rappelé à Paris en février 1794 à sa demande, et où il occupa la place de secrétaire de la Convention, avant d’être enfin jugé en novembre (le 27) et guillotiné en décembre ( le 16), pour des questions diverses et non à cause de ses crimes.
Et encore, lorsque évoquant la fin de Quiberon, il écrit que Hoche écrase les Emigrés et les Anglais, notre universitaire à la retraite démontre qu’il prend beaucoup de liberté avec la vérité, pas un Anglais n’ayant débarqué, les Emigrés s’y seraient opposés.
Paradoxalement, dans la dernière partie de l’article- exactement sous la forme d’une interview par le journaliste de l’Histoire (d’ou le titre de cette page) - Martin dit « les vengeances et des violences les plus archaïques ont été libérées et couvertes par des impératifs militaires et des mots d'ordre politique comme dans toute guerre civile. Nous en avons conservé une culture du conflit politique qui étonne toujours nos voisins. Ce sont aussi ces émotions qui nous ont empêchés pendant près de deux siècles (??) de porter des regards dépassionnés sur cet épisode.
Paradoxal Jean-Clément Martin ? Ou a-t-il des doutes sur ce qu’il a ânonné à ses étudiants ?