25 JUIN 1804

Publié le par culture

"NOUS VOULIONS UN ROI ET NOUS AVONS FAIT UN EMPEREUR"

Cette phrase fait partie des dernières de la vie terrestre de Georges Cadoudal, exécuté ce matin place de Grève, actuelle Place de l'Hôtel de Ville de Paris, dans la partie opposée à la mairie, en bord de Seine à l'époque ; cela était plus simple pour évacuer le sang versé par la guillotine, et ce matin il a coulé dru car en VINGT SEPT minutes, douze personnes ont  eu leur vie tranchée, un peu plus de SOIXANTE litres de sang versés au pied du nouvel empereur, comme un hommage à l'Imperator vainqueur, ceint de ses lauriers, qui a eu la main lourde.

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Un peintre anonyme a eu le temps d'esquisser les traits qui donneront ce tableau émouvant par l'intensité d'un regard qui est déjà ailleurs, tableau qui est déposé au Musée de La Chouannerie à Plouharnel, dans le Morbihan, Plouharnel où Georges est passé lors du dramatique Débarquement de Quiberon, défaite à laquelle les anglais ne sont pas totalement étrangers. Mais l'heure n'est plus au regret ; Georges et ses 11 compagnons sont spirituellement prêts pour le dernier voyage.

Alors qu'attend-t-on ?

Napoléon, empereur tout neuf depuis le vote du Sénat le 18 mai précédent, cherche à tout prix à épargner Georges, en envoyant Réal  - qui  a remplacé Fouché - à La Conciergerie, pour l'inciter à demander sa grâce qui lui serait accordée. Devant le refus que cette grâce soit aussi  accordée à ses compagnons, Cadoudal refuse: " Ce bougre là ! Il n'est pas content de me couper la tête, il voudrait encore me déshonorer ! " fut sa réponse. Si l'on se fit aux mémoires du bourreau Sanson - témoignage que réfutent certains tout  en acceptant ses témoignages sur d'autres condamnés (!) - Georges  aurait été exécuté le dernier, la place de premier lui étant refusée au dernier moment par le grand juge.Photo-037.jpg

Le 20 juin 1814, Joseph Cadoudal frère de Georges, Sol de Grisolles son ancien lieutenant, et Charles d'Hozier récupèrent (contre espèces sonnantes et trébuchantes d'après Billard de Veaux) le squelette fil de ferré du général Chouan auprès du médecin général Dominique Larrey, le vrai héros des champs de bataille du sanguinaire Napoléon, réparant les dégâts humains causés par le despote. Alors que les restes de ses compagnons avaient été jetés dans une fosse commune inconnue, le fait que son squelette ait été protégé semble corroborer le récit du bourreau Sanson écrivant que Georges fut supplicié le dernier et que l'on dut attendre un linceul pour l'enlever de la guillotine.

Après qu'il eut été débarrassé des chairs, il servit de pièce anatomique pour les cours du  docteur Larrey à l'Hôtel Dieu, place Notre Dame, à quelques pas de la place de Grève. Il sera inhumé dans la crypte de l'église Saint Paul-Saint Louis à l'issue d'une messe solennelle de Requiem le 25 juin 1804 (une autre cérémonie sera célébrée dans cette même église en 1954 et le 27 juin 2004, à la demande du Souvenir Chouan de Bretagne).

En 1823 une souscription permet de commencer la construction du mausolée de Kerléano, achevé en 1830 mais qui voit aussi l'arrivée du roi anti-Chouans, Louis-Philippe 1er. Arrivés dans l'intervalle à Auray, les ossements de Georges seront cachés dans la chapelle de l'hôpital d'Auray. Ils seront enfin inhumés en 1852, sous Napoléon III.

Le moulage de son crâne est visible dans une vitrine du musée de l'Ecole de Médecine à Rochefort  en Charente maritime. Ce moulage est accompagné de la mention:"Cadoudal, Machine Infernale". Ce qui est faux.

En 1992, un descendant co-latéral (car Georges n'a pas de descendance directe) ira dans la crypte accompagné d'un journaliste, pour constater la présence d'un squelette fil de ferré dans une caisse sans couvercle correspondant à la description de Georges et constatera surtout que le crâne ne correspond pas au squelette. Décédé en 1999, cet honnête homme est poursuivi par la vindicte d'un responsable d'association qui l'accuse de viol et de profanation de sépulture!

Où est le vrai crâne de Georges ? Quelqu'un doit le savoir. Les enquêtes auprès du Musée de l'Ecole de Médecine de Paris et les demandes faites à sa très efficace conservatrice, n'ont rien donné.

Ce même jour ont été exécutés: Jean Le Lan de Kervignac (56), Jean Mérille du Mans (72), Victor Deville de Rouen (76), Pierre Cadudal de Brec'h (56), Michel Roger de Toul (54), Louis Picot de Josselin (56), Coster Saint-Victor d'Epinal (88), Louis Ducorps de Saint Priat (28), Guillaume Le Mercier de Bignan (56), Louis-Gabriel Burban de Questembert (56), Aimé-Augustin Joyaut du Grand Fougeray (35).

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