DECEMBRE 1793, BARERE DEPLORE DE VAILLANTS SOLDATS NU-PIEDS.
Dans le Moniteur Universel, en date du 22 décembre 1793, Barère, de la tribune de la Convention, déplore:
Nos troupes sont aux trousses de Charette et l'anéantiront entièrement. Quoique manquant de souliers nos soldats n'en sont pas moins ardents ; mais vous ne devez pas souffrir que les vaillants défenseurs de la patrie aillent ainsi nu-pieds dans la rigueur de l'hiver. Les marches forcées qu'ils font (en) occasionnent une grande consommation. Notre collègue Laplanche dans une lettre où il dit que la colonne infernale, c'est le nom que porte la colonne du Nord, a juré de ne se reposer que lorsque tous les brigands auront été exterminés, nous annonce que l'armée a un besoin extrême de souliers.
Quelques mesures ont été prises pour lui en procurer.
A Rennes, où le patriotisme est froid, les représentants du peuple ont requis les citoyens d'apporter leurs souliers pour chausser les défenseurs de la liberté. Cette mesure a été exécutée et les citoyens de Rennes portent maintenant des sabots.
C'est Paris qui a donné l'exemple de pareils dons civiques. Dans toutes les Sections il y a des dépôts de souliers, de chemises etc. mais il faut rassembler dans un même endroit tous ces objets ; la Commission des subsistances doit enfin exercer le droit de préhension qui lui a été déléguée. Voici le décret que je suis chargé de vous présenter à ce sujet.
La Convention nationale décrète après avoir entendu le rapport du Comité de salut public :
Article 1er. Chaque comité révolutionnaire de Paris fera remettre dans le jour au ministre de la guerre les dons civiques qui ont été faits et qui se trouveront en dépôt dans les diverses sections
II Le ministre de la guerre indiquera le dépôt général, donnera les récépissés et fera partir sur le champ les souliers compris dans les dons civiques pour les armées de la république.
III La Commission des subsistances et des approvisionnements de la république exercera dans le jour le droit de préhension, en conséquence elle fera rassembler tous les souliers existants actuellement dans les différents dépôts, magasins, ateliers et boutiques.
IV Elle les fera passer sur le champ et les enverra dans les 24 heures aux armées de la république. Elle nommera des commissaires pour éviter la dilapidation et faire certifier le Comité de Salut public de la réception et de la distribution desdits souliers dans les armées.
V Les sociétés populaires et les diverses sections des Communes sont invitées à diriger la générosité des citoyens vers les dons civiques de souliers.
La générosité dont il est question était un peu forcée depuis la loi des suspects du 17 septembre 1793 car un manque de générosité envers les armées pouvait très rapidement vous faire suspecter de contre-révolutionnaire !
On ne trouve nulle part que Barère et les députés allèrent en sabots. On trouvera dans l'appartement de Barère à Paris, lors de son arrestation le 22 mars 1795 des dizaines de paires de chaussures. Il semble que le décret qu'il avait fait prononcer ne le concernait pas.