ELISABETH-Philippine de FRANCE, 10 MAI 1794.
Madame Elisabeth a été tuée aujourd’hui, 10 mai 1794 il y a 220 ans, par la guillotine, sur la place de la révolution. Elle avait eu 30 ans le 3 mai.
Son tort ? Etre la sœur du Roi de France, Louis XVI.
Elle refusa d ‘émigrer avec ses frères, Provence (juin 1791) et Artois (16 juillet 1789) - futurs Louis XVIII et Charles X - afin de rester aux côtés de son frère et de sa belle-sœur, la Reine Marie-Antoinette.
En 1791, les sœurs du Roi, lui proposèrent de les accompagner dans les Etats du Vatican où elles allaient chercher refuge. Ce fut un nouveau refus.
Sa foi fut son soutien durant les épreuves endurées depuis la chute des Tuileries le 10 août 1792 et l’emprisonnement au Temple jusqu’à l’enfermement, le 9 mai 1794, à La Conciergerie et la parodie de procès.
Elle souffrit toutes les humiliations et soutint, de sa force morale et spirituelle, de sa Foi (qui n’était pas de la bigoterie), la Famille royale. Lorsque son Frère et sa belle-sœur furent morts, Madame Elisabeth entoura de son affection les enfants royaux, le jeune Louis XVII et sa sœur Marie-Thérèse Charlotte.
Elle fut accablée d’injures et d’obscénités et subit le tutoiement de l’interrogatoire sans se plaindre :
-Ton nom ?
-Elisabeth de France.
-Où étais-tu le 10 août ?
-Au château des Tuileries auprès du Roi mon frère.
-Qu’as-tu fait de tes diamants ?
-Je ne sais pas ; au reste toutes ces questions sont inutiles : vous voulez ma mort. J’ai fait à Dieu le sacrifice de ma vie et je suis prête à mourir, heureuse d’aller rejoindre mes respectables parents que j’ai tant aimés sur terre.
Et elle fut condamnée à la mort, exécutoire dans les 24 heures. Fouquier-Tinville lui refusa l’assistance d’un prêtre : « Bah ! Elle mourra bien sans l’aide d’un capucin ! »
L’accompagnent vers la guillotine :
-Le comte Louis-Marie Loménie de Brienne, ancien ministre,
-son neveu François Alexandre,
-autre neveu Pierre François évêque de Sens,
-Charles de Loménie de Brienne,
-Anne-Marie Charlotte leur cousine,
-Madame Françoise de Montmorin, veuve du ministre, et son jeune fils Calixte,
-Madame Anne de Lamoignon de Malesherbes,
-la marquise de Crussol,
-Baptiste Dubois domestique du comte d’Etigny (qui doit être flatté de mourir en si belle compagnie),
-le chanoine Louis Chambertrand de la cathédrale de Sens,
-la marquise des Acres de l’Aigle,
-Louis Bernardin de Sourdeval,
-Georges Folloppe officier municipal de Paris,
-Denise Buard,
-Louis Le Tellier,
-Charles de Champmillon,
-Théodore Hall négociant,
-Jean-Baptiste Lhoste,
-Antoine Mégret de Sérilly ancien trésorier général,
-Antoine Mégret d’Etigny ancien officier,
-Marie-Anne Catherine Rosset femme d’officier émigré,
-Elisabeth Catherine Lhermitte femme d’officier émigré,
-Eugénie Lochtenberg,
-Marie d’Aigneville.
Ce qui est admirable chez cette princesse : son abnégation devant la mort pour réconforter ses co-condamnés et les amener à la Paix.
Selon la volonté de Fouquier-Tinville, elle sera la dernière exécutée, condamnée à subir le bruit du mouton coulissant qui entraîne la mort. Elle le fera en priant. Chose admirable ils viendront tous s’incliner devant elle pour lui rendre hommage, les femmes faisant la révérence, les hommes pliant le genou.
L’Histoire dit qu’un suave parfum de rose se répandit lorsqu’elle eut la tête tranchée.
Les corps furent jetés dans une fosse commune du cimetière des Errancis (à peu près à l’endroit de l’actuel Parc Monceau).
Madame Elisabeth aurait mérité que sa cause soit introduite en Cour du Vatican pour la cause des saints.