1er février 1793, Rabault-Saint-Etienne
préside la Convention:
Décret qui déclare
que la France est en état de guerre avec le roi d'Angleterre et le Stathouder des
Provinces-Unies.
La Convention nationale après avoir entendu le rapport de
son comité de défense générale sur la conduite du gouvernement anglais envers la France,
-considérant que le roi d'Angleterre n'a
cessé, principalement depuis la révolution du 10 août 1792, de donner à la nation française des preuves de sa malveillance et de son attachement à la coalition des têtes couronnées,
-qu'à cette époque il a ordonné à son ambassadeur à Paris de se retirer parce qu'il ne voulait pas reconnaître le conseil
exécutif provisoire créé par l'assemblée législative,
-que le cabinet de Saint-James a arrêté, à la même époque, sa correspondance avec l'ambassadeur de France à Londres, sous
prétexte de la suspension du ci-devant roi des Français,
-que depuis l'ouverture de la Conventionnationale, il n'a pas voulu reprendre sa correspondance accoutumée, ni reconnaître les pouvoirs de cette convention,
-qu'il a refusé de reconnaître l'ambassadeur de la république française quoique muni de lettres de créances en son
nom,
-qu'il a cherché à empêcher les différents achats de grain, armes et autres
marchandises, commandés en Angleterre, soit par des citoyens français soit par des agents de la république française,
-qu'il a fait arrêter plusieurs bateaux et vaisseaux chargés de grain pour la France, tandis que, selon le traité de 1786, l'exportation
continuait pour d'autres pays étrangers,
-que pour empêcher encore plus efficacement les opérations commerciales de la
république en Angleterre, il a fait prohiber par un acte du Parlement la circulation des assignats,
-qu'en violation de l'article 4 du traité de 1786, il a fait rendre par le même Parlement, dans le cours du mois de janvier
dernier, un acte qui assujettit tous les citoyens français, allant ou résidant en Angleterre, aux formes les plus inquisitoriales, les plus vexatoires et les plus dangereuses pour leur
sûreté,
-que dans le même temps, et contre la teneur de l'article premier du traité de paix de 1783, il a accordé une protection
ouverte, des secours en argent aux émigrés, même aux chefs des rebelles qui ont déjà combattu contre la France et
qu'il entretient avec eux une correspondance journalière évidemment dirigée contre la révolution française,
-qu'il accueille pareillement les chefs des rebelles des colonies françaises occidentales,
-que dans le même esprit, sans qu'aucune provocation y ait donné lieu, et lorsque toutes les puissances maritimes sont en
paix avec l'Angleterre, le cabinet de Saint-James a ordonné un armement considérable par mer, et une augmentation de ses forces terrestres,
-que cet armement a été ordonné au moment où le ministère anglais persécutait avec acharnement ceux qui soutenaient en
Angleterre les principes de la révolution française et employait tous les moyens possibles soit au Parlement soit en dehors pour couvrir d'ignominie la République française, pour attirer sur elle l’exécration de la nation anglaise et de l'Europe entière,
-que le but de cet armement destiné contre la France n'a même pas été caché dans le Parlement d'Angleterre,
-que quoique le conseil exécutif provisoire de la France ait employé tous les moyens pour conserver la paix et la fraternité avec la nation anglaise, n'ait répondu aux calomnies et aux
violations des traités que par les réclamations fondées sur les principes de la justice et exprimées avec la dignité d'hommes libres, le ministère anglais a persévéré dans son système de
malveillance et d'hostilité, continué les armements, et envoyé une escadre dans l'Escaut pour y troubler les opérations de la Franceen Belgique,
-qu’à la nouvelle de l'exécution de Louis il a porté l’outrage envers la république française en ordonnant à son ambassadeur
de quitter sous huit jours le territoire de la Grande-Bretagne,
-que le roi d'Angleterre a manifesté son attachement à la cause de ce traître (il s’agit de Louis XVI –note SCB
- !), et son dessein de le soutenir par différentes résolutions prises au moment de sa mort, soit pour nommer les généraux de son armée de terres, soit pour demander au parlement
d’Angleterre une addition énorme des forces terrestres et maritimes, et ordonné l'équipement de chaloupes canonnières,
-que sa coalition secrète avec les ennemis de la France, notamment avec l’Empereur et la Prusse, vient d'être
confirmée par un traité passé avec le premier dans le mois de janvier dernier,
-qu'il a entraîné dans la même coalition le Stathouder des Provinces-Unies ; que ce prince, dont le dévouement servile
aux ordres du cabinet de Saint-James et de Berlin n'est que trop notoire, a, dans le cours de la révolution française et malgré la neutralité dont il protestait, traité avec mépris les agents de
la France, accueilli les émigrés, vexé les patriotes français, contrarié leurs opérations, relâché, malgré les usages
reçus et malgré la demande du ministre français, les fabricateur de faux assignats,
-que dans les derniers temps, pour concourir aux desseins hostiles de la cour de Londres, il a ordonné un armement par mer,
nommé un amiral, ordonné à des vaisseaux hollandais de joindre l'escadre anglaise, ouvert un emprunt pour subvenir aux frais de guerre, empêcher les exportations pour la France tandis qu'il favorisait les approvisionnements des magasins prussiens et autrichiens.
Considérant que toutes ces circonstances ne laissent plus à la république française d'espoir d'obtenir, par la voie des négociations amicales, les redressements de ses griefs, et que tous les actes de la
Cour britannique et du Stathouder sont les actes d'hostilité équivalents à une déclaration de guerre, la
Convention nationale décrète :
-Article 1er: La Convention nationale déclare au nom de la nation française, qu'attendu tous ces actes d'hostilités et d'agression, la
république française est en guerre avec le roi d'Angleterre et le stathouder des Provinces-Unies,
-Article 2: La Convention nationale charge
le conseil exécutif provisoire de déployer les forces qui lui paraîtront nécessaires pour repousser leur agression* et pour soutenir
l'indépendance, la dignité et les intérêts de la république,
-Article 3 : La Convention nationale
autorise le conseil exécutif provisoire à disposer des forces navales de la république ainsi que le salut de
l'État lui paraîtra l'exiger ; elle révoque toutes les dispositions particulières prises à cet égard.
*Note SCB: Remarquez la dialectique: c'est la république qui déclare la guerre mais c'est elle qui parle
de l'agression de ceux auxquels elle déclare la guerre. Comme on culpabilisera ceux qui se sont soulevés contre la révolution. La Revue de juin fera l'analyse du fanatisme dans le langage
révolutionnaire, fanatisme et inversion du sens que l'on retrouve chez les léninistes-staliniens.
Le système politique dit républicain, qui a abattu l'ancienne politique royaliste et la Paix du pays, lance,
au nom des Droits de l'Homme un combat contre l'Europe entière qui durera 23 ans, saignera la France, fera des millions de victimes, pour dispenser les valeurs du bonheur, de la Liberté, Egalité,
Fraternité...ou la mort !
Voilà ce qui s'annonce en ce 1er février 1793: folie, fureur crimes et dévastations !