POUR JEUDI, DANS LE PAYS DE SAINT MALO, MERCI SAINTE CLAIRE
Jeudi 5 juillet, Bertrand de La Buharaye, Président du Cercle Légitimiste Chateaubriand, avait donné rendez-vous pour la réunion de la Coordination des Chouanneries à Dinan, pour une découverte de l'Histoire. Le temps très incertain - même la météorologie à l'image du nouveau gouvernement faisait grise mine - ne laissait présager qu'un ciel bas, à hauteur des parapluies.
Mais Soeur Chantal et les soeurs Clarisses de Nantes avaient invoqué Sainte Claire, pour la quinzième fois sollicitée, et force fut de reconnaître aux sceptiques - eh ! oui, il y en a dans cette honorable coordination - que nous fûmes favorisés par de beaux ensoleillements, seulement le temps de notre réunion.
Départ prévu à 9 H de la gare ferroviaire dans trois autocars et une voiture (merci aux inscrits de la dernière seconde qui s'installent les premiers dans le car) les incorrigibles retardataires et bavards de trottoirs permirent enfin de quitter Dinan à 9 H 30.
Raccourci de la visite au Temple de Mars résumé à un simple demi-tour devant cette belle demeure du XVIIème dont les matériaux n'ont pas du coûter très cher avec le gisement que représentaient les ruines de ce temple romain exploité comme carrière de pierre dès le XI ème siècle. Dextérité du conducteur du car pour manœuvrer sur un espace à peine supérieur à la longueur de son véhicule. Beaucoup plus facile pour la voiture.
Arrêt au château de Monchoix à Pluduno où nous sommes accueillis par monsieur de Boishamon, arrière petit-fils de l'acheteur de cette maison aux descendants de l'oncle maternel de François-René de Chateaubriand qui l'a fait construire en 1759. Dans cette maison François-René vécut des moments heureux, avant que n'y parvienne l'infâme révolution, avec ses cousins et cousines ; il en parle dans "Les Mémoires d'Outre-tombe".Il est dommage que la pierre, de belle qualité, soit cachée par un enduit appliqué à la pelle (vue l'épaisseur !) au XIXème siècle.
Nous reprenons la route pour Saint-Lormel où nous attendent les propriétaires du manoir de "La Ville-Robert", très belle maison du XVIIIème occupant la place d'autres constructions depuis le XIIIème. C'est là que vécut dès 1805 Toussaint du Breil de Pontbriand, dont les descendants étaient avec nous par cette belle journée. C'est là qu'il reprit les armes, délaissées depuis 1800, lors des Cent Jours, avec son ami Boisguy. Il obtiendra des Prussiens dirigés par le général Wrangel la non-occupation du territoire breton.Comme Sol de Grisolles l'obtint pour son territoire du Morbihan.
Il termina ses jours en cette demeure et repose, au cimetière de Pluduno. On a pu noter le très grand intérêt porté aux propos de la maîtresse des lieux exposant l'Histoire de sa maison. Dans les années 1950, lors de travaux furent retrouvés des balles et barils de poudre dans les boiseries des communs ainsi que des fusils - rouillés - sous les frondaisons du jardin.
A La Pichardais en Créhen, nous sommes reçus par monsieur Bernard de Courville, descendant de la famille qui depuis le XVIème siècle habite ces lieux. Très belle restauration des bâtiments qui furent sauvagement traités par les Anglais en 1758 lors de la guerre de Sept Ans.. Les Bernard de Courville prirent part à la Bataille de Saint Cast contre ceux qui, après bien des vicissitudes, deviendront nos amis anglais. Sous la révolution, les propriétaires cachèrent des prêtres réfractaires au serment à la Constitution Civile du clergé.
La Ville ès Comte en Trégon.Nous sommes reçus par le propriétaire de ces lieux qu'il entretient dans la mémoire de son Histoire.En 1758 ce manoir appartient à Joseph-Gabriel de La Motte qui lutte farouchement contre les Anglais lors de leur débarquement sur les rives de l'Arguenon, fleuve côtier, à Saint Briac. Pendant qu'il a le dos tourné, nos futurs amis viennent incendier sa propriété. Il reconstruit, vend en 1785. Il est aux côtés d'Armand Tuffin, marquis de la Rouërie lors de la création de l'Association Bretonne (l'actuelle appellation n'a rien à voir) ; pour cela il sera guillotiné en 1793.
Madame de Blanchardière nous reçoit en sa demeure du château du Val qui dans quelques heures recevra Albert II de Monaco. Belle demeure des XVIème-XVIIème cette demeure, contrairement à celles visitées auparavant, n'a pas d'épisode Chouan. Anglais, Oui ! Ils ont débarqué en horde, depuis l'Arguenon dont nous avons parlé plus haut. Les amitiés habituelles, "trucideries", viols, incendies, les banalités de nos futurs amis. Faut-il rappeler que dans la Presqu’ile de Quiberon, à la même époque, ils rasèrent les chapelles, brûlèrent les villages et déportèrent le bétail. Ils revinrent moins de quarante ans plus tard mais là nous ne disons rien, c'était pour aider les Émigrés en 1795. Sacrés Anglais !
Cette visite est l'occasion pour Sainte Claire de montrer que ce n'est pas l'homme qui tient les écluses célestes. La seule averse mais qui tourne très vite ; quelques parapluies sortent, la majorité de l'assemblée est adepte de Kersauzon qui dit que chez les Bretons la pluie ne tombe que sur.....
Nous eûmes le temps de faire le tour de la propriété et d'admirer ce superbe pigeonnier du XVème. A peine le temps de se plaindre de cette averse que déjà le soleil brillait et les autocars prirent la route d'un endroit où se restaurer, avec grand plaisir d'étancher la soif. C'est vrai que le déjeuner fut un peu long mais qui n'a jamais participé à ce genre de balade ne peut comprendre le plaisir de se retrouver. Ce n'est pas du temps perdu mais du temps passé ; mais cela aggrava le retard.
A l'heure où les anglais prennent le thé nous sommes repartis vers notre ultime destination, La Ville Bague, passant sur cette erreur et horreur écologique (comme on dit maintenant) du barrage de la Rance qui a détruit tout cet environnement enchanteur ayant inspiré Roger Vercel et ses pêcheurs Terre Neuvas. Mais ce barrage est une réussite technique, comme on nous le serine, alors la majorité (qui a fait la démocratie mais pas la vérité) dit que c'est une réussite technique.
La Ville Bague à Saint Coulomb. Malouinière comme on appelle ce genre de construction dont les armateurs avaient fait leur résidence loin des quais bruyants de Saint Malo. Achetée, à l'état de ruine par Jacques Chauveau, restaurée à grands frais après qu'elle ait été dépouillée par les frères Lesieur (on peut être dans les huiles sans être une huile sur le plan intellectuel) cette demeure est le témoin d'un art de vivre des armateurs mais aussi des corsaires au repos.
Là se terminait notre périple, Bertrand de La Buharaye et son fidèle et efficace trésorier-secrétaire Alain du Plessis servirent les rafraichissements et petits fours bien appréciés après une si belle et ensoleillée journée dans des endroits superbes. Quelques petites gouttes d'eau qui n'empêchèrent pas de faire le tour de la propriété et de ses jardins.
Enfin ce fut la montée dans les autocars et la voiture. Et là, Sainte Claire, à bout de force, lâcha les cordons des écluses qu'elle retenait depuis le matin et ce fut, de Dinard à Dinan un vrai déluge ainsi que sur les autres routes.
Alors si nous remercions le Cercle Légitimiste Chateaubriand pour cette belle journée, remercions aussi Sainte Claire et ses chères Clarisses qui ont assuré la réussite de cette journée.