Il est toujours intéressant d'entendre, souvent dans la bouche de nos politiques actuels, la fameuse référence à l'abolition des
privilèges, lequel rappel devrait être écrit "la bolission des privilleiges" tant il évoque de la part de ces individus, que l'on préfère imaginer illettrés plutôt que cyniques, une
méconnaissance de leur propre condition et des évènements qui se révélèrent, dans leur majorité, à l'origine de la destruction de la société, de style certes patriarcales, avec son cortège
funèbre de malheurs, assassinats, destructions, exactions.
La journée du 4 Août vit l'abolition des privilèges, de tous les privilèges, à l'initiative du Club
Breton créé par les députés à la Constituante :
Le Chapelier, avocat, Rennes
Baco de la Chapelle, procureur du roi, tiers-état, Nantes
Blin, médecin, tiers-état, Nantes
Corroler du Moustoir, procureur
du roi, tiers-état, Hennebont
Defermont des Chapelières, procureur au parlement, tiers-état, Rennes
Expilly, recteur de Saint-Martin de Morlaix, clergé,
Saint-Pol-de-Léon
Gérard,
laboureur à Montgermont, tiers-état, Rennes
Glezen, avocat au parlement, tiers-état, Rennes
Lanjuinais, avocat
au parlement, tiers-état, Rennes
Le Breton, prieur de l’abbaye
Saint-Sauveur de Redon,
Le Déan, commissaire des États de Bretagne, tiers-état, Quimper
Le Deist de Botidoux, écuyer, tiers-état, Ploërmel
Le Floc'h laboureur,
tiers-état, Hennebont
Le Gendre, avocat en parlement, tiers-état,
Brest
Le Goazre de Kervélégan, sénéchal,
tiers-état, Quimper
Palasne de Champeaux, sénéchal royal, tiers-état,
Saint-Brieuc
Perret de Tregadoret, avocat, tiers-état, Ploërmel
Poulain de Corbion, tiers-état, Saint-Brieuc
Prudhomme de Kérangon, à Saint-Pol-de-Léon, tiers-état,
Lesneven
Symon, recteur de la Boussac, clergé,
Dol.
Lors de la conclusion de la Constituante on doit à l'un deux
(Michel Gérard) cette réaction:
" Ô ! la bonne constitution que la Constitution Française, elle assure
la paix, la tranquillité, notre bonheur et celui de nos enfants !"
Ils vérifieront rapidement tout cela dans peu de temps.
D'autres députés venant d'autres départements se joignirent à eux, comme Barnave.
Il faut rappeler que la Convocation des Etats Généraux est de décision royale. Le 9 juillet de cette année,
comme nous l'avons déjà évoqué sur ce Blog, ces députés s'auto-proclamèrent en Assemblée Nationale Constituante, sans aucune légitimité, outrepassant les pouvoirs délégués par le
peuple.
On rappellera la dispariton du droit coutumier, des droits féodaux - qui avaient en réalité disparu depuis
des siècles - lesquels étaient devenus des droits seigneuriaux qui, à part le gibier et les colombiers, le droit de chasse, le banc armorié à l'église, étaient assez limités et ne
concernaient que des civilités.
Il est bon de rappeler que le droit seigneurial dit droit de cuissage est une
création de Jules soutenu par l'autre Jules (Michelet et Ferry). Il est une filouterie issue du droit de Cullage qui est un droit de regard du seigneur sur le mariage d'un de ses sujets dans une
autre seigneurie.
Parmi les autres abolitions, celle de la dîme, représentant le prélèvement d' 1/10ème des revenus au profit
du clergé qui assure en échange la couverture sociale, soins médicaux, hospitalisation,
enseignement , aide aux pauvres.
Actuellement ces prélèvements représentent près de 70% des prélèvements et plus selon les choix de chacun.
L'Eglise doit se contenter des quêtes et autres cotisations volontaires. L'autre catastrophe à venir sera la nationalisation des biens du Clergé qui sera traitée ultérieurement.
Pour la Bretagne, l'Abolition des Privilèges est une catastrophe ; elle sonne la fin des
libertés bretonnes assurées en particulier par l'Edit de 1532.
Est-ce que certains députés bretons auraient abusé du Chouchen?
Toujours est-il que lors de ces fameuses journée et nuit du 4 août, sous la présidence du Rennais Le
Chapelier, parmi les Privilèges de la Noblesse et du Clergé disparaissent, sur l'autel de la Révolution, les libertés provinciales et celles du Duché de Bretagne...
Les députés bretons, innocemment ou manipulés, ont fait passer par la même trappe des droits
aussi dissemblables que le droit de colombier, la corvée, la dîme et les dispositions juridiques gérant les relations entre le Duché de Bretagne et le Royaume de France, gérant les
relations entre le gouvernement de la province bretonne et ses administrés depuis le grand Traité de 1532 !
...Ce qui n'est pas la même chose.
Or, pour prononcer l'abolition de ce principe, les députés réunis à Versailles étaient incompétents,
seule aurait été légale la réunion du Parlement Breton et des délégués des Etats.
Refusant de signer le compte-rendu Le Chapelier et ses collègues essaient de minimiser leur imprudence se
réfugiant derrière la réunion du Parlement et des Etats seuls compétents pour abroger le Traité de 1532.
Hélas, c'est trop tard, le réveil va leur laisser un drôle de goût ; les Etats de Bretagne ne se réuniront plus
jamais, le Parlement de Bretagne est supprimé le 3 novembre 1789 : La Révolution et le 4 Août ont abattu les libertés bretonnes, ce que n'avait jamais tenté la monarchie royaliste.
Les politiciens bretons actuels ne sont pas opposés à ce que les noms de ces députés soient honorés alors
qu'ils sont responsables des malheurs qui vont s'abattre sur la Bretagne ; on peut donc voir leur nom donné à des rues ou des établissements.
Le Chapelier, Expilly, Barnave moururent d'un accident de la circulation. Circulation sanguine, bien sûr,
interrompue à hauteur des carotides par un objet très coupant en forme de triangle.
Le Floc'h, Poulain de Corbion eurent une rencontre avec des Chouans qui se
termina mal.
La Bretagne pâtit encore de ce Quatre Août.