LIBERTE DE LA PRESSE
"Je pense que l’on a voulu écarter la question (de la liberté de la presse) plutôt que de l’approfondir et que, dès qu’il y aura une loi contre ceux qui calomnieraient le gouvernement, les tribunaux et les fonctionnaires publics, la liberté de la presse ne sera plus que le droit de flagorner et de flatter les hommes en place.
Je ne suis pas peu surpris de voir que l’on veut la restreindre au droit d’émettre son opinion sur des vérités purement philosophiques et de pas laisser le pouvoir de parler sur la politique sans l’assurance que l’on ne sera pas regardé comme contre-révolutionnaire pour avoir parlé contre le gouvernement.
La liberté de la presse est, selon moi, le droit de s’exprimer sur ce qui ne nuit pas à l’ordre social ; or, exprimer sa pensée sur un gouvernement, sur les administrations et sur les fonctionnaires publics ce n’est pas troubler l’ordre social ; c’est au contraire éviter les abus et prévenir les malheurs.
Je déclare que le Peuple a le pouvoir de se réserver le droit de juger ceux qu’il a nommés pour le gouverner".
Dubois-Crancé
A la tribune de la Convention le samedi 23 août 1794
Le Moniteur Universel, 26 août 1794
Edmond, Louis Dubois de Crancé, dit Dubois-Crancé, 1747 – 1814, est député Montagnard des Ardennes, régicide. Montagnard il peut être considéré comme l'ancêtre des membres du NFP (nouveau front populaire) qui démontrent régulièrement leur attachement à la liberté de presse et d'expression. Selon leur point de vue, évidemment.