LE VANDALISME REVOLUTIONNAIRE A SAINT DENIS EN 1793.
Vol, spoliation, profanation : les "Valeurs" de la république.
Le 12 novembre 1793 à l’assemblée de la Convention :
« Une nombreuse délégation de la commune de Franciade, ci-devant Saint Denis, est introduite. Parmi les dons qu’elle fait on remarque une grande croix de vermeil, la tête de Saint Denis et plusieurs bustes de saints également de vermeil et garnis de pierres précieuses. Les pétitionnaires sont accueillis avec leur offrande avec les plus vifs applaudissements.
L’orateur : Citoyens représentants ; nos prêtres ne sont pas ce qu’un vain peuple pense ; notre crédulité fait toute leur science. Tel est le langage que tenait autrefois un auteur (Œdipe, Voltaire, note SCB) dont les écrits ont préparé notre révolution ; les habitants de Franciade viennent vous prouver qu’il n’est étranger ni à leur esprit ni à leur cœur.
Un miracle, dit-on, fit voyager la tête du saint, que nous vous apportons, de Montmartre à Saint Denis. Un autre miracle plus grand plus authentique, le miracle de la révolution, le miracle de de la régénération des opinions vous ramène cette tête à Paris. Le peuple, dit la légende, baisait la tête du saint à chaque pause et nous n’avons pas été tentés de baiser cette relique puante. Son voyage ne sera pas noté dans les martyrologes mais dans les annales de la raison et sera doublement utile à l’espèce humaine ; ce crâne, et les guenilles sacrées qui l’accompagnent, vont enfin cesser d’être le ridicule objet de la vénération du peuple et l’aliment de la superstition, du mensonge et du fanatisme. L’or et l’argent qui les enveloppent vont contribuer à affermir l’empire de la raison et de la liberté. Les trésors amassés depuis des siècles par l’orgueil des rois et la stupide crédulité des dévots trompés, et le charlatanisme des prêtres trompeurs, semblent avoir été réservés par la Providence pour cette glorieuse époque. […] Vous jadis les instruments du fanatisme, saints, saintes, bienheureux de toute espèce montrez-vous enfin patriotes ; levez-vous en masse, marchez au secours de la patrie, partez pour la monnaie ; et puissions-nous, par votre secours, obtenir dans cette vie le bonheur que vous nous promettiez pour une autre.
Nous vous apportons, Citoyens, toutes les pourritures dorées qui existaient à Franciade ; nous en avons rempli des charriots. Il ne reste à Franciade qu’un autel d’or que nous n’avons pas pu transporter à cause du précieux du travail. Nous vous prions de donner ordre à la Commission des monuments de nous en débarrasser sans délai pour que le faste catholique n’offense plus nos yeux républicains.
On ne pouvait mieux faire escorter les restes des bienheureux que par le maire de notre commune (Philippe Joseph Pollard, 33 ans, natif de Douai, AD 93 note SCB) qui, le premier de tous les prêtres du district, a sacrifié à la philosophie les erreurs sacerdotales, en se déprêtrisant et en se mariant (le 9 novembre 1793 AD 93 note SCB) ». Applaudissements de l'assemblée. Source : Le Moniteur universel 14 novembre 1793.
Heureusement la Commission des monuments a pu sauver quelques objets, une centaine sur près de cinq cents. Comme l’écrit Louis Réau le vandalisme révolutionnaire est le pire que la France ait connu de toute son Histoire. Combien de précieuses pièces d'orfèvrerie, de bijoux d'art, de reliquaires dont de très anciens, de monuments ont disparu par la folie de quelques tarés ! Il faut rappeler que, outre les tombeaux royaux qu'elle contenait et qui furent profanés, la basilique de Saint Denis était aussi l'endroit où étaient déposés les trésors de la couronne dont les couronnes et sceptres.