16 DECEMBRE 1794, CARRIER A SUBI SON CHÂTIMENT.
Ce portrait réalisé par Vivant-Denon au cours du procès de Jean-Baptiste Carrier peut-être sujet à caution par son côté caricatural et scabreux. Nous sommes très éloignés des portraits habituels du Représentant en mission. Il faut rappeler que Vivant, baron Denon, avait émigré en 1789 au commencement de la révolution. Il revient en 1793 afin d'éviter la confiscation de ses biens ; grâce à son ami conventionnel régicide le peintre Jacques-Louis David il obtient d'être radié de la liste des émigrés et se fait appeler Vivant-Denon. Or David fait partie de la Convention thermidorienne, nouvelle figure de l'ancienne Convention terroriste qui essaie de faire oublier son passé terroriste (il ne faut pas oublier que les 2/3 de la nouvelle assemblée sont constitués d'ancien conventionnels qui veulent faire oublier leurs crimes). Nous pouvons penser que ce portrait est à charge.
Ce qui ne change rien aux crimes commis par le Représentant en mission, dûment mandaté, mais qui faisait des rapports réguliers à la Convention et au Comité de Salut public parfaitement au courant de ses activités ; ce ne sont pas des initiatives privées d'un fou (comme je le pensais lorsque je me suis intéressé aux Noyades de Nantes il y a trente ans, mea culpa) mais d'un fonctionnaire zélé, comme l'aura été Fouquier-Tinville. Qui pensait être dans les lignes de pensée de la Convention et d'un individu abject et théoricien des décrets et lois des 1er août et 1er octobre 1793, l'ignoble Bertrand Barère mort dans son lit en janvier 1841.
Il ne s'agit pas d'excuser ce triste individu mais il a vu se dresser contre lui lors de son procès d'anciens collègues Montagnards qui avaient besoin de se refaire une virginité. Fouché (le bourreau de Lyon) financera Gracchus Babeuf pour écrire un pamphlet contre Carrier peu lu en 1794 mais exploité au XIXème siècle pour défendre la révolution et la république.
Certains restent encore ancrés sur l'idée qu'il a été exécuté pour ses crimes ; cela est totalement faux. Sur l'initiative du député Louis il sera accusé d'avoir utilisé sa fonction dans des buts contre-révolutionnaires. Il faut lire son procès.
Il y a 230 ans Carrier a subi son châtiment. Il est monté sur l'échafaud dressé sur la place de Grève, actuelle place de l'Hôtel de ville de Paris à 17 H. Avec lui Pinard et Moreau-Grandmaison alors qu'ils auraient dus être une vingtaine qui ne seront jamais jugés.
Procès équitable ? Non procès partial pour laver la Convention thermidorienne des crimes de ses membres ! Et malgré tout on continue à trépigner Carrier, Carrier, Carrier !
Barère mourra dans son lit, de même Carnot, de même Maignet, Turreau etc.