OCTOBRE 1794, LES NUAGES S'ACCUMULENT SUR CARRIER.
Dans l'article mis sur le Blog le 9 octobre nous avons pu lire L'adresse aux Français proclamée du haut de la tribune par Cambacérès, toute honte bue ! Les poursuites contre les 94 Nantais (partis 132) ayant été abandonnées par absence totale de preuves contre eux.
Après l'Acte d'accusation décrété par la Convention le 8 octobre s'est ouvert, le 16 à 9 heures du matin, le procès du Comité révolutionnaire nantais ; selon la décision des Représentant en mission Bô et Bourbotte le 23 juillet d'envoyer ledit Comité devant le Tribunal révolutionnaire. D'accusateur à Nantes le Comité se retrouve sur les bancs d'infamie à Paris. Peut-être un lettré, s'il y en a chez ces brutes, a pu se répéter le vieux dicton romain "O Tempora, O mores" !
Jean-Jacques Goullin, 37 ans, qui en arrivant à Paris le 28 juillet, apprenant la disparition prématurée de leur protecteur Robespierre, s'était écrié "Nous sommes fichus" ; lui l'organisateur de la première noyade, prévaricateur, assassin, voleur, va réagir vivement le 22 octobre : "Citoyens juges et jurés, depuis assez , les haines les humiliations et les murmures grondent sur nos têtes ; depuis assez longtemps les soupçons horribles, accrédités par quelques faits, nous livrent journellement à mille morts et l'auteur de nos angoisses jouit encore de sa liberté ! L'homme qui électrisa nos têtes, guida nos mouvements, despotisa nos opinions, dirigea nos démarches contemple paisiblement nos alarmes et notre désespoir. Non, la justice réclame celui qui, nous montrant le gouffre où nous nous jetâmes aveuglément à sa voix, est assez lâche pour nous abandonner sur le bord ! Il importe à notre cause que Carrier paraisse au Tribunal ; les juges, le peuple enfin, doivent apprendre que nous ne fûmes que les instruments passifs et de ses ordres et de ses fureurs. Il a tout ordonné, tout commandé !"
Dans la foulée le Conventionnel Raffron déclare : "Heureusement le temps n'est plus où l'on venait à cette tribune pour vous présenter de telles atrocités comme des formes acerbes et où Barère a eu l'impudeur d'associer les cruautés féroces de Joseph Le Bon aux immortels lauriers que nos braves défenseurs ont remportés à la bataille de Fleurus".
Cela commence à sentir le roussi pour Carrier.
Nous aurons l'occasion de revenir sur ce procès étrange ; Ils ont trouvé, avec Carrier qui n'est qu'un fonctionnaire, la tête pour porter le chapeau des crimes ! Pour le moment il est toujours secrétaire de la Convention ; ce qui est étrange pour un individu qui aurait été rappelé pour se faire sanctionner alors qu'il est revenu, ovationné, à la Convention (rappelé à sa demande, à ne pas oublier!) parce qu'il était fatigué. Carrier était une crapule mais pas la pire !