ABBE JULIEN MINIER, CONFESSEUR DE LA FOI, JANVIER 1794
Dans l'église de Limerzel, à gauche, est fixé au mur une peinture réalisée par un des paroissiens qui, en janvier 1994, ont voulu rendre hommage à un prêtre, vicaire, martyr de la révolution, l'abbé Julien François Minier. Né le 15 juillet 1761, fils de Judicaël Minier, marchand cloutier, et de Jeanne Guiot à Rochefort en terre.
Il est baptisé le même jour en l'église de Rochefort, Notre Dame de La Tronchaye, par le curé le chanoine Boger. Il faut remarquer que le père, le parrain (perruquier) et la marraine savent signer l'acte de baptême.
Après une bonne scolarité et des études à l'école Saint Yves de Vannes le jeune Julien François entre au séminaire de Vannes (actuel Foyer des jeunes travailleurs rue Victor Hugo) ; il est ordonné prêtre en l'église du Méné par Monseigneur Sébastien-Michel Amelot, évêque de Vannes le 25 septembre 1787.
Dans la foulée il est nommé, par son évêque, vicaire à Limerzel.
Lorsque ce qui deviendra la catastrophique révolution arrive elle s'attaque d'abord au clergé confisquant ses biens issus majoritairement de dons de fidèles et l'obligeant à prêter serment à la Constitution civile du clergé. De quoi se mêle un pouvoir politique, arrivé par un coup d’État, d'affaires religieuses au lieu d'affaires de gestion politique ? (voir les lois de 1880, 1901, 1905-1906).
Tous les prêtres de Limerzel refusent de prêter serment et préfèrent partir en émigration en Espagne ; lui reste pour le bien des âmes de ses ouailles. Il devient ainsi réfractaire aux lois, proscrit donc redevable de la peine de mort.
Il se cache dans des maisons amies et, parfois, dans le tronc d'un chêne lorsqu'il est dans une situation alarmante. Ce chêne existe toujours, entretenu par la municipalité ; il a donné son nom au lieu : Le Clos Minier. Nous y étions lors de notre Assemblée générale en juillet 2023.
Il exerce son activité sacerdotale bénéfique pour les catholiques privés de tout recours à la religion. Finalement l'abbé Julien Minier est pris alors qu'il s'est réfugié chez un ami à Coëtdaly (maintenant Coët Daly) en la paroisse de Pluherlin, Joseph Morice ; il est accompagné de son séminariste Jean Desgrées. Dans la nuit du 6 au 7 janvier 1794 les Bleus viennent frapper à la porte de la maison et se dirigent vers le grenier où se cachent les deux proscrits. Et c'est l'arrestation.
Puis c'est le départ pour Vannes et ensuite pour Lorient où ils arrivent le 9 janvier 1794. Le 10 a lieu le "jugement". Pour la seule cause de ne pas avoir prêté serment l'abbé Julien François Minier est condamné à la peine de mort dans les vingt quatre heures. Joseph Morice et Jean Desgrées sont condamnés à la déportation.
L'abbé Julien François Minier est guillotiné le 11 janvier à onze trente du matin place de La Montagne actuelle place Alsace-Lorraine. Son corps est jeté dans la fosse commune.
Une plaque a été apposée en 1994 dans l'église de Pluherlin pour rappeler la conduite héroïque de ce prêtre victime de la révolution. Une seule erreur : l'abbé Julien Minier né le 15 juillet 1761 avait 32 ans et demi et non 37.
Sur les 26 prêtres et religieux, Confesseurs de la Foi, victimes de la révolution dans le Morbihan, seul le Bienheureux Pierre-René Rogues a vu sa cause retenue en 1934 comme martyr de la Foi.
Dans son monumental ouvrage "Mille prêtres du Morbihan face à la révolution" (1999) d'où sont tirés les renseignements de cet article sur Julien Minier, le Père André Moisan précise: Le 27 novembre 1921, l'évêque de Vannes, Monseigneur Gouraud (originaire de Nantes) écrivait: "Nous nous laissons aller à l'espérance qu'un jour la Sainte Église procurera à nos prêtres de la Révolution l'honneur des autels." Une liste de vingt six martyrs a été proposée aux services du Vatican pour la cause des Saints; elle n' a pas abouti et n'a pas été reprise depuis. "Tous ces serviteurs de Dieu ont entrevu le martyre comme possible, soit en refusant nettement de s'assermenter s'ils étaient astreints au serment, soit s'ils étaient prêtres libres, en semblant ignorer cette formule, ainsi que les autres actes légaux qui leur paraissaient, dans la forme où on les leur présentait, contraires à la foi et à leur conscience. Ils se sont bien rendu compte, avant de périr, que le véritable motif de leur immolation, c'était leur fidélité au catholicisme romain et c'est cette pensée qui les a fait affronter leur supplice. La haine du catholicisme, excitée par des proclamations furibondes et des factums en style grandiloquents qui ne cessaient de représenter ses ministres comme autant de monstres et de scélérats fanatiques, explique seule une immolation à laquelle on ne peut refuser la qualification de martyre."