REMINISCERE : 22-23 OCTOBRE 1793.
Après la défaite subie à Cholet le 17 octobre 1793, l'Armée Catholique et royale se replie sur Saint Florent le Vieil ; en effet un cri a retenti "A la Loire !". Il semblerait que le Conseil de l'Armée, sur les conseils de Philippe de La Trémoïlle, prince de Talmont, avait décidé de passer le fleuve et d'aller chercher de l'aide auprès des révoltés du nord Loire. Les généraux successifs, Charles Melchior Artus de Bonchamps et Maurice d'Elbée sont hors de combat et incapables physiquement de mener l'armée, troupe immense composée de combattants ; de très nombreux non-combattants (anciens, femmes et enfants) alourdissent la marche de cette grande foule (elle est estimée à 80.000 personnes).
Imaginons la surface que représente cette foule ; si l'on compte à peu près un mètre carré par personne cela représenterait 8 hectares, soit 8 à 10 terrains de football, de personnes se déplaçant ! Énorme cette masse en mouvement qui ne peut échapper à la surveillance des Bleus !
Il n'y a pas eu que Saint Florent comme lieu de traversée ; de là sont partis le plus grand nombre, M. de Bonchamps (qui mourra le 18 octobre a La Meilleraie village sur la Loire de la commune de Varades) et Louis-Marie de Lescure grièvement blessé au côté droit de la tête. Le cliché, supra, est un tableau d'une collection privée qui illustre sa traversée du fleuve. D'autres lieux de traversée sont signalés tels que Ingrandes.
Le regroupement se fait à 20 Km au nord, à Candé, où tous se retrouvent le 19 au soir. L'hôpital accueille les blessés les plus gravement atteints.
Une trentaine de blessés, qui sont installés dans cet hôpital, y seront massacrés par les Bleus lorsqu'ils reprendront la ville après le départ de l'Armée catholique le 21 octobre.
Puis c'est la montée vers Château-Gontier, à 40 kilomètres ; ils ont, sans aucun doute, emprunté ce chemin creux qui est l'ancien chemin de Candé à Château-Gontier.
Château-Gontier est la ville de Pierre Mercier (dit La Vendée) ; on peut penser qu'il y a aussi Georges Cadoudal qui, tous les deux, faisaient partie des Compagnies Bretonnes de Bonchamps et qui, sous les ordres du remarquable René Palierne de La Haudussais (28 ans), ont sécurisé la rive droite de La Loire pour favoriser la traversée du fleuve.
De Château-Gontier la foule immense de l'Armée Catholique et Royale part sur Laval qu'elle atteint après un périple de 30 kilomètres le 23 octobre. 90 kilomètres ont été parcourus en quatre-cinq jours. Cette foule harassée va pouvoir se reposer et reprendre des forces les Bleus étant tenus à distance par les combattants royalistes qui ont infligé déjà, et infligeront encore, quelques cuisantes défaites aux républicains, en particulier à La Croix Bataille et lors de la tentative du général Léchelle. Les dictats de Esnue-Lavallée sont sans effet sur les troupes qui ont tendance à fuir les combats. Il faudra attendre le redoutable et cruel Jean-Baptiste Volcler, prêtre renégat née à Désertines le 15 octobre 1765 (et non 1760) qui rendra son âme au diable le 20 juillet 1813 à Abbeville (Somme) âgé de 48 ans et demi.
Louis-Marie de Lescure est installé dans l'hôtel de Monfrand ce qui lui permet de se remettre, provisoirement, de sa blessure et de la fatigue d'avoir été brinquebalé depuis Saint Florent.